Rose Morte est un roman qui évolue sur fond d'intrigues politiques, religieuses et familiales dans un contexte historique de la France du XVIe siècle, époque que je n'ai que très rarement vu dans un roman (bon en fait, carrément jamais..!). L'ancrage du roman dans ce contexte particulier, entre conflits religieux et découverte du Nouveau Monde est très fort, c'est pourquoi on retrouve quelques notes de bas de page (pas plus d'un quinzaine, brèves et simples, pas gênantes pour la lecture), nous permettant à la fois de mieux comprendre les enjeux et surtout - et c'est important - de favoriser l'immersion.
J'ai justement beaucoup apprécié de me retrouver plongée dans cette époque si particulière, très bien retranscrite par la plume de Céline, qui s'adapte parfaitement à l'époque décrite. La première partie du roman s'articule autour de Rose et de sa famille et nous présente tour à tour les différents protagonistes ainsi qu'un contexte très complexe. J'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir cette époque que je ne connais que depuis les livres d'histoire (et encore, c'est limite, vu comme je n'aimais pas ça !), les personnages de Céline sont riches et crédibles, on s'attache d'ailleurs assez vite aux principaux protagonistes. J'avais l'impression que leurs personnalités se complétaient bien, permettant une très bonne dynamique de groupe qui fait avancer le récit de façon naturelle et toujours agréable.
Parmi les autres personnages, on retrouve certains portraits qu'on peut s'attendre à trouver dans ce type de romans comme l'héroïne aux pensées avant-gardistes, la marâtre grenouille de bénitier qui déteste sa fille ou le père très protecteur. Cependant ces personnages ne tombent jamais dans le cliché ou dans l'exagération. Leur façon d'être est justifiée, par leur passé ou par l'époque même où ils vivent et sont ainsi très bien intégré au roman et restent très crédible tout au long de l'histoire. Loin de paraître fades, les personnages secondaires du roman sont tous intéressants à leur façon. A leur façon j'ai eu le sentiment qu'ils étaient une part importante de l'histoire, même si certains ne sont pas présents longtemps ou ne sont que mentionner. Ils étoffent l'histoire, la rendent encore plus profonde et intelligente.
Une fois les bases soigneusement posées, la deuxième partie du roman s'amorce au cours d'un bal qui étoffera encore l'intrigue et nous fera connaître un nouveau personnage tout en mystère, Artus de Janlys. Rose tombe immédiatement sous son charme, et c'est à ce moment là que j'ai su que j'allais aimer ce livre jusqu'au bout. J'avais un peu peur de l'effet ‘coup de foudre' sur l'héroïne, qui tombe immédiatement éperdument amoureuse de l'autre personnage… Ici, bien que l'idée reste la même, Rose semble plus éprouver une sorte de fascination pour Artus qu'un véritable coup de foudre. Bien évidemment, on se doute que ce premier regard va se transformer en autre chose, mais Céline a su traiter l'élément romantique - intrinsèque au thème des vampires - avec finesse, et nous instille même une part de doute quant à l'origine exacte de cette fascination. C'est même une romance difficile qui s'amorce, très dure pour Rose qui souffre mais s'accroche, perdue au milieu d'un monde surnaturel dont elle ne soupçonnait pas l'existence. On est loin de la bit-lit classique, ici, mais bien plus proche du côté bestial des vampires (même si le mot n'est jamais prononcé dans le livre, puisqu'au XVIe siècle, comme Céline l'explique, le terme n'existait pas. Immersion, vous dis-je !).
L'intrigue est très dense et semée d'éléments qu'on ne comprends pas toujours. Bien que certaines réponses finissent par arriver, une grande part de mystère persiste, notamment au sujet du monde que Rose découvre peu à peu. Bien que le roman porte le petit badge “bit-lit” sur la couverture (enfin, sur l'édition poche chez Bragelonne - Milady) et que les relations entre Rose et Artus soient un élément très important, l'action et les intrigues sont très présentes, dans un monde ou chaque geste peut avoir son importance et où un mauvais mot peut vous tuer… Rose Morte fait également une grande part à la symbolique, que ce soit le surnom d'Eileen, Rose, les couleurs choisies dans les vêtements ou les yeux des personnages, certains détails ne sont pas laissés au hasard, sans toujours nous expliquer pourquoi… J'attends le second tome avec impatience, espérant en découvrir plus sur ce monde qui, dans ce premier tome, se dévoile juste assez pour nous faire saliver. En attendant, je travaille mes hypothèses !
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