L'état de nature ne connaît ni morale, ni justice, ni libre arbitre, ni raison, ni valeurs, ni échéances.
Dans mon insondable méconnaissance de la nature, je ne pouvais imaginer l'agonie qu'inflige le froid.
Ça tord en dedans, ça pique, ça déchire, ça brûle, ça lacère.
Chaque bout de viande devient une plaie. Ça tient l'esprit en laisse, engourdi.
Les sens déclinent sournoisement jusqu'à vous disperser, vous exclure du monde.
Le froid, ça change l'homme dépouillé en fantôme.
Avec une perception accrue et un étonnement bourgeois, je réalisai que, sûrement, le froid pouvait me tuer.
Paradoxalement, j'en conçus une certaine joie ...
Si je risquais de mourir et que cette même éventualité m'effrayait un peu, ça voulait dire que j'existais encore.
L'expérience de la liberté est difficile et dangereuse. Elle impose de s'oublier et de s'affranchir de la société des hommes.
Rares sont ceux qui résistent à la révolution intime qui résulte de ce sacrifice.
Cet été-là, je suis devenu une bête, ni plus ni moins. Ailleurs, on m'aurait enfermé pour ça. La forêt m'a protégé ...
Je te connais parce que je connais les hommes. Si je ne demande rien, c’est pour ne pas avoir à écouter des mensonges.
Mon été à la Pagnol se termina à la Zola.
Depuis toujours, pour ne pas ajouter l’odeur à l’outrage visuel, j’ai mis un point d’honneur à être rigoureusement propre. Deux douches par jour, hygiène buccale impeccable, savons parfumés, crèmes, déodorants. Comme vous sans doute. La vérité, c’est que, comme vous, je sentais l’employé du mois… Vous savez, ce relent putassier industriel qu’on trouve partout. Le métro, les administrations, les ascenseurs… L’odeur uniforme de la majorité
Un été à la Pagnol, éclatant chaud et intense.
Débarrassé de la proximité superflue de mes semblables , je devins ce qui m'entourait (...) l'été pris fin brusquement, mon été à la Pagnol se termina à la Zola.
Si je ne demande rien, c’est pour ne pas avoir à écouter des mensonges...
- Cependant, de cette vie dégueulasse surnage une intrigante évidence. Si aujourd'hui encore, je suis capable de désir et d'extase, c'est que je dois être invincible.
A croire que l'angoisse naît du confort.