Au camp, j’ai appris comment la peur peut transformer les hommes.
Depuis longtemps, je fuis la foule car tout vient d'elle... la guerre... et les kazerskwirs qu'elle a ouverts dans le cerveau des hommes. On peut se rassurer en disant que la faute incombe à ceux qui l'exhortent. C'est faux. La foule est un corps solide, énorme, tricoté de milliers d'autres corps conscients.
Il n'y a pas de foule heureuse ni paisible.
Ne vous excusez pas, je sais que raconter peut être un remède sûr.
Emélia dansait dans mes bras sous les arbres nus de janvier. (…) L'air était froid et nos joues rosées. C'était l'instant vertigineux qui précède le premier baiser, tout était comme suspendu à la mélodie qui virevoltait dans la lumière dorée du feu de joie.
Je n’ai pas l’esprit de vengeance. Je serai toujours le chien Brodeck qui préfère la poussière à la morsure.
Une fois les quelques taches sur le mur nettoyées, ne restera de l'Anderer que son souvenir...
...et les hommes d'ici se flattent d'avoir la mémoire courte.
Je porte en moi et pour toujours les ferments de la défiance et de l’intranquillité.
C’est là la grande victoire du camp sur le prisonnier… S’il en réchappe, le prisonnier ne pourra plus jamais regarder ses semblables sans y voir le désir de traquer, de torturer, de tuer. Chaque matin, dès que je sors du sommeil, c’est la peur qui m’assaille. Je suis devenu une proie perpétuelle.
J’avais brièvement vu l’homme derrière l’homme… comme un paysage aux reliefs harmonieux, caché au bout d’un chemin aride et pierreux.
- C'est incroyable... Ses traits sont plus précis que des mots !
- Si tu regardes bien, c'est pareil pour tous, portraits ou paysages... Pas vraiment fidèles, mais absolument vrais.