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J'avais brièvement vu l'homme derrière l'homme ... comme un paysage aux reliefs harmonieux, caché au bout d'un chemin aride et pierreux.
Au camp, j'ai appris comment la peur peut transformer les hommes.
J'en ai vu hurler, frapper leur tête contre la pierre, se jeter sur des ronciers de barbelés ...
J'en ai vu certains prier, et d'autres renier le nom de Dieu, le couvrir de sanies, d'injures ...
J'ai même vu un homme mourir de peur ...
Alors qu'un matin il venait d'être désigné comme le prochain pendu au petit jeu des gardes, il est resté complètement immobile ...
Son visage n'a trahi aucune émotion, aucun trouble, aucune pensée ...
Quand le garde a levé son bâton pour le faire avancer, l'homme est tombé d'un coup, mort.
Les mots de Schloss tourbillonnaient sans fin à mes oreilles, et faisaient bourdonner mon esprit.
J'avais brièvement vu l'homme derrière l'homme ... comme un paysage aux reliefs harmonieux, caché au bout d'un chemin aride et pierreux.
Je ne pouvais cependant m'empêcher de douter de sa sincérité.
C'est là la grande victoire du camp sur le prisonnier.
S'il en réchappe, le prisonnier ne pourra plus jamais regarder ses semblables sans y voir le désir de traquer, de torturer, de tuer.
Chaque matin, dès que je sors du sommeil, c'est la peur qui m'assaille. Je suis devenu une proie perpétuelle.
Au début, le village a accueilli l'Anderer comme un monarque. Il y avait d'ailleurs de la magie dans tout ça, tous les gens d'ici ne sont pas d'un naturel ouvert.
C'est une drôle d'expression,quand on y réfléchit, "Trouver la mort "...Je pense aujourd'hui que si Diodème à trouvé la mort, C'est parce qu'il la cherchait.
« Je porte en moi et pour toujours les ferments de la défiance et de "l’intranquillité" ... » p. 16
Au camp, j’ai appris comment la peur peut transformer les hommes.
Les sentiers sont comme les hommes, ils meurent aussi.
C'est incroyable... ses traits sont plus précis que des mots !
Une pensée reconnaissante pour Cabu, qui m'a fait découvrir la voie du dessin. Sa présence bienveillante est derrière chacun de mes traits.
Manu Larcenet