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Savage Dragon tome 7 sur 12
EAN : 9781887279598
176 pages
Image Comics (19/08/1997)
5/5   1 notes
Résumé :
Reprinting the one of the most controversial comics ever... plus a few of the runners up! Starting with Rapture's proposal to Dragon and ending with the birth of their illegitimate love child-this one has it all!
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à Gang war (épisodes 22 à 26). Il contient les épisodes 27 à 33, initialement parus en 1996, écrits, dessinés et encrés par Erik Larsen, mis en couleurs par le studio IHOC. Ces épisodes bénéficient d'une introduction de 2 pages écrites par Jim Steranko.

Alors que Savage Dragon vient d'emménager chez elle, Sharona Jackson (Rapture) lui fait sa demande en mariage, ce qui provoque chez Dragon des visions de petits Dragons et de petites Rapture courant partout autour de lui. Il prend le temps de réfléchir avant de lui donner sa réponse. Ces visions sont encore aggravées par l'intrusion de The Maxx (un personnage créé par Sam Kieth). Par la suite les agissements de The Fiend (entité malveillante possédant Bonnie Harris) vont projeter Savage Dragon dans les Enfers où il va croiser Spawn (un personnage créé par Todd McFarlane), le Diable et même Dieu. En parallèle, Peter Klaptin raconte les origines de Star, et le lien qui l'unit à Chris Robinson.

C'est déjà une reconnaissance significative que Jim Steranko adoube Erik Larsen par le biais d'une introduction, mais en plus celle-ci propose une vision pénétrante de ces épisodes. Steranko insiste en particulier sur le caractère imprévisible de l'intrigue, sur la capacité de Larsen à surprendre son lecteur. Il y a bien sûr cette rencontre avec le Diable, puis avec Dieu qui vaut son pesant de cacahouètes. Erik Larsen ne change rien et ne fait pas dans la dentelle. Ses dessins sont plus grands que nature, toujours dans la lignée de ceux de Jack Kirby (la capacité d'abstraction en moins), pour une grande baston, avec des coups de poings bien sentis. À l'époque (1996), quelques créateurs plus ambitieux que d'autres avaient mis en scène la rencontre de leur personnage avec Dieu, ou tout du moins l'entité omnipotente de leur réalité (Animal Man avait rencontré Grant Morrison, Cerebus avait rencontré Dave Sim). Larsen ne se dégonfle pas, Savage Dragon rencontre Dieu et lui pose les questions difficiles (Quelle religion a raison ? Que devient l'âme quand on meurt ?). Les réponses ne permettront pas au lecteur d'atteindre un nouveau palier de spiritualité, mais elles sont moins débiles que prévues, tout en gardant leur pouvoir comique.

Erik Larsen s'empare ainsi d'un modèle de scénario éprouvé dans lequel le personnage principal grimpe les échelons du pouvoir jusqu'à s'approcher du pouvoir ultime (ici un dieu). Il sait faire en sorte que Savage Dragon ne perde rien de sa personnalité dans cette aventure peu commune. Il continue également à manier la parodie avec une dextérité inattendue. À l'évidence, le lecteur ne peut pas prendre au sérieux ce Dieu blanc, à la longue barbe, vêtu d'une ample tunique, s'exprimant d'une voix tonitruante (caractères de hauteur supérieure et police gothique), encore moins ce diable rouge et agressif. Larsen se moque donc ouvertement des conventions propres aux personnages sataniques des comics de superhéros, tous dérivés d'une imagerie naïve et abêtie de la tradition chrétienne, en prenant au pied de la lettre ces stéréotypes dégénérés, réduits à ce qu'ils ont de plus générique. Malgré le recours auxdits stéréotypes, il sait insuffler un humour ravageur, et faire apparaître les convictions spirituelles très pragmatiques de Savage Dragon (peut-être celles de Larsen).

Dans les tomes précédents Larsen semblait parfois s'approcher des limites de son concept : un superhéros sans déguisement, pragmatique, qui tape plus fort que tous ses opposants jusqu'à gagner, parodiant avec respect les conventions du genre superhéros. Par comparaison, il montre ici que la personnalité des protagonistes s'est assez étoffée pour porter la narration. Dès le premier tome, Larsen avait insisté sur le fait que Dragon n'a aucune intention de porter un costume moulant aux couleurs voyantes. Il s'agit d'un individu pragmatique, sans ambition intellectuelle ou philosophique, avec une approche prosaïque de la vie. Sa rencontre avec Dieu s'inscrit dans ce registre, pour un effet à la foi comique et plein de bon sens. Larsen n'a pas l'envie ni la prétention de rivaliser avec Grant Morrison en termes de métacommentaires (mais les comics de Larsen sont plus drôles que ceux de Morrison).

Ces épisodes bénéficient donc de l'investissement affectif du lecteur dans le personnage que Larsen a bâti à coup de petites touches discrètes au fil des précédents épisodes. En particulier la demande faite par Sharona Jackson relève bien d'un dispositif de sitcom, mais elle est nourrie par la personnalité de Sharona et Savage. Ces 2 tourtereaux ne débitent pas des réparties génériques au kilomètre, leur situation est vraiment particulière et déterminée par ce qu'ils sont et les spécificités de leur relation. En tant que dessinateur, Larsen s'en donne à coeur joie pour combiner provocation et effet comique. Il y a cette pleine page dans laquelle Sharona est allongée sur le dos, les jambes bien écartées, une ribambelle de marmots s'élançant vers le lecteur, soit à l'image du Dragon (pour les garçons), soit à l'image de Sharona (pour les filles). Dans un autre dessin pleine page, il y a également une belle utilisation du cordon ombilical. Larsen n'a rien perdu non plus de sa capacité à créer des visuels dérangeants ou horrifiques (Savage Dragon perdant ses bras, ça fait très mal, ou Dragon affublé de 2 bras rachitiques, assez choquant).

De scène en scène, le lecteur peut à nouveau constater la symbiose parfaite entre Erik Larsen scénariste, et Erik Larsen dessinateur. le combat entre le Diable et Dieu à grands coups de poing dans la tête est tordant par sa démesure, son premier degré, sa cohérence avec le mode d'affrontement de Savage Dragon, sans une once d'intellectualisme ou de prétention, avec un niveau de divertissement exceptionnel. Les manifestations visuelles des atermoiements de Dragon (accepter la proposition de Sharona ou non) présentent une vitalité humoristique remarquable, à commencer par l'impression qu'a Dragon que toutes les femmes veulent de lui, pressentant qu'il sera bientôt casé. Larsen s'amuse également à établir une référence visuelle avec le premier épisode de la série, quand Savage Dragon se retrouve nu au milieu de décombres en flamme.

En termes d'humour, il serait impardonnable de ne pas évoquer l'inénarrable Kill-Cat (Alan Williamson), bellâtre confiant dans la certitude inébranlable que Jill August (Dart, une femme au caractère bien trempé) est sous son charme irrésistible, même si elle ne le montre pas. Dart l'a envoyé à l'hôpital pour avoir agressé Justin Farrell, son amant qui se trouve dans le lit d'hôpital à côté de celui de Kill-Cat. Elle fait irruption dans la chambre, Kill-Cat étant convaincu qu'elle vient prendre de ses nouvelles. Elle tire le rideau de séparation entre les 2 lits et fait l'amour avec Justice, ce que Kill-Cat n'a aucune chance d'ignorer. Larsen réalise un découpage impeccable, avec un rythme enlevé, pour une chute sans pitié contre l'incapacité de Kill-Cat à assimiler la réalité du mépris de Dart.

À nouveau, Larsen remplit ces 7 épisodes jusqu'à la gueule de personnages, de péripéties, d'interactions, de trouvailles... Dans le lot, il n'y a que les "origines secrètes" de Star dont le rythme de narration semble un peu artificiel, séquence découpée en plusieurs parties intercalées dans l'intrigue principale. Toutefois cette origine secrète joue à nouveau avec les attentes du lecteur (une variation inventive sur Peter Parker, avec un sosie de Mary Jane) pour déboucher sur une histoire étonnamment noire.

Avec ce septième tome des aventures de Savage Dragon, Erik Larsen prouve qu'il est capable de dépasser le principe de base de la série (aventures et parodie de superhéros) et de faire vivre ses personnages au point qu'ils semblent dotés d'une vie autonome, sans rien perdre en horreur, en humour, en divertissement. Une très grande réussite. Erik Larsen continue à donner vie à Savage Dragon dans Terminated (épisodes 34 à 42 + 1/2).
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