Pour [ ses élèves ], la marquise de Merteuil était une sorte de " cougar" et Valmont un " bogosse trop cool". Durant un mois, ils avaient avancé dans le texte à la manière des séries télé - il leur avait découpé des extraits : saison 1, saison 2... Les Liaisons Dangereuses, le titre, déjà, leur avait bien plu . Ça sonnait moderne, un brin sexe et subversif, tout ce qu'il fallait pour éveiller la curiosité. A leur façon, ils avaient bien suivi la pensée de l 'auteur du XVIII° siècle. Madame Bovary n'était pour la plupart des garçons qu'une histoire "super relou" avec une " meuf qui se prend grave la tête".
L'idée d'une histoire avec elle nous a traversé l'esprit. Peut- être aurait- elle été d'accord - c'est même probable - mais rien ne s'est produit. Pour une raison inconnue, nous n'avons pas cédé à l'exquis vertige qui accompagne les quelques centimètres que l'on doit faire vers le visage de l'autre lors du premier baiser. Nous sommes passés à côté, nous sommes passés si près qu'il en reste quelque chose.
Combien de choses se sent-on obligé de faire par principe, par convenance, par éducation, qui nous pèsent et ne changent rien au cours des événements ?
Il n'y a guère que le sublime qui puisse nous aider
dans l'ordinaire de la vie. alain Fournier
William avait à trois reprises consommé des champignons hallucinogènes. La dernière fois remontait à quatre ans et il avait passé la nuit allongé dans sa baignoire à parler à sa pomme de douche qui lui répondait. Ils avaient eu un échange philosophique d'une rare intensité, abordant des thèmes universels comme la mort, la vie dans l'au-delà, la pluralité des mondes habités et l'existence de Dieu. La pomme de douche avait apporté des réponses très précises sur ces sujets. Le lendemain matin, force avait été de constater que les capacités intellectuelles de sa robinetterie avaient sévèrement diminué et se limitaient désormais à eau chaude / eau froide, en douche classique ou en massage.
S'il y avait bien une chose qui définissait la parenthèse adolescente, c'était les fous rires.
Une transgression. Un homme ne fouille pas dans le sac d'une femme - même les peuplades les plus reculées devaient elles aussi obéir à cette règle ancestrale. Les maris en pagne n'avaient sûrement pas le droit d'aller chercher une flèche empoisonnée ou une racine à grignoter dans le sac en peau tannée de leur épouse.
J'ai toujours aimé les hommes dont les yeux passent de la mélancolie à la complicité en quelques secondes.
En fait, il me faudrait une amie comme moi, je suis sûre que je serais ma meilleure amie.
Jamais Laurent n'aurait imaginé qu'un sac de femme puisse contenir autant de coins et recoins. C'était encore plus complexe que la dissection d'un poulpe sur une table de cuisine.