Pourquoi ce nœud de peur sans cause, comme un poing crispé sur rien ?
L'amour, c'est être là et pas ailleurs. C'est le contraire du cinéma.
L'amour commence comme il finira, il finit comme il a commencé.
Vous vous rappelez la phrase du pasteur Saraband, le dernier Bergman ? "Pour qu'un couple marche, il faut deux choses : une franche camaraderie et un solide érotisme." Il n'y a vraiment que les protestants pour oser un prosaïsme pareil, cette sortie de l'amour, et les psychanalystes, peut-être, pour tenter ce dégagement, ce désengagement, sympathie et sensation, appétit et détachement, quoi d'autre, quoi de possible ? Rien.
J'en ai assez de ne plus avoir de corps, d'être séparée de tous les corps. L'écriture sépare, elle ne relie à rien qu'à la quête infinie d'un savoir impossible. Ecrire, c'est passer à côté. Même dans la course du temps, on se passe le relais sans se toucher. Alors, qu'on ne me parle pas de la sublimation : je déteste ce mot - quand Jacques l'emploie, j'ai envie de mordre. Où est le sublime ? On s'élève au-dessus de ce qu'on n'a pas réussi à toucher, à atteindre, à pénétrer, on s'en détourne pour effacer l'échec de l'amour, c'est tout. Mais le corps prostré préfère galoper, vous pouvez me croire. e la main qui écrit préfère la caresse.
rentrer dans le silence comme dans un moulin sans paroles
Pourtant moi, vous savez ce que je voudrais ? C'est voir, non pas ces deux images, mais le passage de l'une à l'autre, comment s'opere le passage, le saut de page, repérer le tournant, la sortie de route, voir comment ça tourne, ça tourne rond, ça tourne vinaigre, qu'est-ce qui se passe entre les deux, qu'est-ce qui passe, comment ça se passe quand ça passe?
Vous trouvez ça normal vous que l'amour passe ? Qu'il ne fasse que passer?
(....)