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3,8

sur 1920 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Lu en langue originale (anglais). Son caractère fascinant sur plusieurs aspects se révèle quand on découvre qu'il a été écrit en... 1928 ! Je connaissais D H Lawrence grâce à un bref cours d'une prof d'anglais extatique, qui m'a bien fait retenir le propos visiblement central de cet auteur : le sexe est à la racine de la société, surtout en ce qui concerne les relations sexuelles entre un homme et une femme. Trois thèmes intéressants, tous directement reliés au caractère étonnamment avant-gardiste de Lawrence :
- la description de tout ce qui a trait au sexe, avec des études presque sociologiques sur les relations entre ses contemporains
- le témoignage historique que constitue sa description d'une Angleterre qui change et, d'après lui, se perd dans la grisaille industrielle
- l'intérêt pour la vie intérieure d'une femme complexe, intellectuelle et libre mais étouffée par sa vie isolée. Son potentiel se gâche mais l'analyse de ses sentiments est fine, assume leur caractère contradictoire, et en profite pour critiquer de manière éclairés quelques couches de la société anglaise et de la condition humaine a travers ses échanges avec les personnages masculins.

J'ai lu ce livre avec un étonnement vorace, agréablement surprise par l'absence de misogynie dans ce portait de femme, à qui il manque cependant certains aspects cruciaux de son mariage. Connie, je l'ai admirée, respectée et plainte, et je n'ai jamais autant désiré avoir une conversation avec un personnage fictif qu'avec elle.
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Les romans à l'eau de Rose de sont pas mon fort d'habitude, mais, paradoxalement, j'ai beaucoup apprécié celui-là. Sous fond d'un contexte historique anglais assez particulier, j'ai beaucoup aimé la psychologie et la finesse des personnage, mais aussi l'Univers créé par D.H Lawrence, dont c'était ma première lecture. Véritablement, ce livre m'a plu sans vraiment pouvoir expliqué qu'est ce qu'il avait de plus, par rapport à tous les autres que j'avais traîner précédemment. Comme quoi, tout peut arriver.
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Vaguement découragée par le titre et la couverture qui avait l'air de promettre une histoire d'amour à l'eau-de-rose, j'ai été agréablement surprise par une trame qui ne se contente pas de parler des sentiments de deux personnages mais les fait intervenir sur de nombreux sujets passionants : la politique, la guerre des sexes, la lutte des classes, la déshumanisation du travail en usine, la cupidité du monde capitaliste, la destruction de la nature par la pollution, le destin de l'homme, ...

Par ailleurs, les passages érotiques sont très agréables et allègent une atmosphère autrement trop étouffante. Les descriptions bucoliques, lors des promenades dans les bois du domaine, sont également des bouffées d'air frais, bien accueillies par la citadine que je suis.

Je le recommande chaudement ! C'est un classique mais il mérite plus que notre vague hochement de tête de lettré blasé, il mérite son retour en grâce!
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Deux mondes s'opposent celui des mineurs des Midland, l'industrialisation, ces ouvriers qui se tournent vers le bolchevisme. et le milieu aristocrates des Chatterley, la lutte des classes. L'importance de la nature en particulier de la forêt, lieu d'espace, où Constance se sent bien car il est le lieu de liberté en opposition à l'étouffante ambiance qui règne dans la propriété de Wragby. le corps de Constance est rongé par un cancer et besoin vital de se sentir libre. La forêt de Sherwood (la forêt de Robin des Bois) est un lieu sauvage, c'est dans cette forêt que Constance rencontre pour la première fois Mellors, homme qui parle patois, c'est dans la forêt qu'il trouve refuge dans une cabane. Au début de sa rencontre avec Mellors, il est question de la clé pour avoir accès à la cabane dans les bois. Cette clé symbolise à mon sens un accès à un changement, à un échappatoire car elle étouffe à Wragby. le personnage de Constance fait penser à celui du conte la Belle au bois dormant, elle se réveille au contact de son amant qui n'est pas issu de la même classe sociale qu'elle. Constance est indifférente au regard que l'on peut porter sur elle et sa relation avec Mellors. Elle ne voit pas où est le mal ! Elle n'est pas comme son mari, cela ne la choque pas d'avoir une relation sexuelle avec un homme qui n'est pas du même rang sociale qu'elle. Elle s'émerveille sur l'Angleterre comme une petit fille. D.H Lawrence décrit très bien ce choc de la fin d'un monde, la confrontation de la vieille Angleterre aristocrate rurale à l'essor industriel des villes ouvrières, ainsi que le pouvoir de l'argent, la différence entre les hommes et les femmes, un grand roman d' une grande richesse et c'est passionnant ! C'est une raison pour laquelle c'est un incontournable.
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Premier livre lu dans le cadre du défi de Grominou , j'avais envie de découvrir ce roman au parfum de scandale quand il parut, en 1929.

La première constatation, c'est que les passages incriminés sont bien soft au regard de ce que l'on est capable de lire aujourd'hui. Les scènes « érotiques » (et encore, je ne sais même pas si le terme est adéquat…) offrent en fait une certaine pudeur : ce n'est pas cru, ce n'est pas vulgaire, c'est tout au plus presque scientifique dans la dissection de ce qu'est l'acte d'amour. Bref, pas de quoi fouetter un chat aujourd'hui, ou retrouve le livre dans l'Enfer de la Vaticane… ^^

Je ne peux pas dire que ce livre m'ait totalement emballée. J'y ai trouvé quelques longueurs et une force d'inertie assez conséquente, en dehors des passages relatifs à l'histoire entre Constance Chatterley et le garde-chasse. Parce qu'avant d'être un récit des sentiments, L'amant de Lady Chatterley est surtout un récit de la mutation : D.H. Lawrence brosse en effet un tableau de la société anglaise post première guerre mondiale, et ce changement important se reflète sur ses personnages, comme le miroir brisé des illusions perdues suite à la guerre.

Ici, c'est l'Angleterre des Midlands, l'Angleterre de l'industrialisation exponentielle et des bassins houillers. L'Angleterre des luttes des classes, de l'opposition entre les castes, du déni de l'évolution et de l'opportunisme en matière de profits et de gains. C'est le choc de la fin d'un monde : DH Lawrence décrit la confrontation de la vieille Angleterre aristocratique et rurale à l'essor industriel des villes ouvrières, futures villes tentaculaires.

Le livre donne évidemment aussi prétexte à des points de vue sur la sexualité. Il y est par exemple question du sexe comme d'une conversation et une communication du corps, qui poursuit ou qui amorce la conversation des esprits. C'est tout à fait intéressant, surtout si l'on se réfère au moment où cela a été écrit ! Mais dans la relation entre Constance et Oliver Mellors, le garde-chasse, tout est assez déconcertant. Leur première fois par exemple m'a laissée perplexe. La jeune femme y est décrite comme une poupée molle, passive mais consentante. Bien sûr, l'histoire est un éveil des sens à la sensualité et à l'érotisme, mais tout de même, certaines scènes m'ont mise à l'aise en raison de l'attitude de Constance. Ses sentiments à l'égard du garde-chasse sont extrêmement ambivalents, oscillant entre la répulsion et l'attirance pulsionnelle. Aucun d'eux finalement n'arrive vraiment à être en accord avec l'Autre. D'autant que Constance, dont DH Lawrence emprunte souvent le point de vue, intellectualise complètement l'acte d'amour, et quand elle parvient à ne pas le faire, comme la fois où ils font l'amour dans les bois, à même le sol, après une rencontre imprévue, la jeune femme est animalisée, poussant des cris rauques de bêtes qu'elle ne reconnaît pas provenir d'elle-même… C'est donc une relation très torturée et tourmentée, intérieurement, mais aussi en raison des convenances et des aléas extérieurs. Et Mellors renforce encore ce clivage en parlant volontairement patois en présence de la jeune aristocrate, bien qu'il parle en réalité un anglais plus que correct et distingué.

Le cottage du garde et la relation qu'ils entretiennent tous les deux peut-être vus comme un refuge, une bulle qui les sépare de Tavershall et de la nouvelle ère industrielle, mais aussi de Wragby et du corsetage social. Et l'opinion du garde, qui se dégage de certaines conversations entre les deux amants, souligne la vanité de la quête d'argent, de la prostitution à la déesse-chienne de la renommée et de l'avancement, et prône presque un retour aux valeurs rousseauistes d'une nature protectrice et bienveillante, ainsi que d'une humanité simple, naïve et pleinement satisfaisante.

Finalement, j'irais presque jusqu'à dire que L'amant de Lady Chatterley vaut beaucoup plus pour son tableau d'une époque et des mentalités que par la relation entre Constance et Mellors. Leur liaison n'est qu'un reflet aux préoccupations grandissantes de cette Angleterre en mutation.

Et le mari de Constance est l'emblème le plus fort et le plus détestable de ce changement. Très vite, il devient antipathique et le dégoût qu'en ressent Constance se communique au lecteur. Mais l'avenir envisagé par les deux amants ne connaît pas d'aboutissement certain. Ce point d'interrogation final reflète l'incapacité de l'auteur lui-même de voir ce que l'Angleterre va devenir au sortir de cette première guerre mondiale et aux montées nouvelles de la société… Ou son désenchantement ?

Je ne livre ici que mes impressions premières, au sortir de cette première lecture, mais je pense qu'on peut en faire une étude très intéressante et fouillée.

Lien : http://fabulabovarya.canalbl..
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Un roman de 1928 longtemps interdit pour obscénité (jusqu'en 1960 en Angleterre) qui pourtant ne contient pas la moindre complaisance, mais cherche simplement à décrire au mieux les effets sur l'âme d'une passion charnelle ardente. le roman dresse le tableau d'une Angleterre avilie par l'industrialisation qui abrutit les masses, détruit le paysage, corrompt les élites. Lady Chatterley elle-même ne trouve plus aucun sens à sa vie. le garde-chasse de son mari incarne un homme en marge de ce monde frelaté. Il est indifférent à l'argent, au prestige, aux apparences. Il n'attache de prix qu'à la relation la plus naturelle et la plus fondamentale pour la nature humaine : l'union de l'homme et de la femme, par le corps et par l'esprit. le plus étonnant, c'est que ce roman ne se termine pas, comme tant d'autres sur ce thème, par la mort quasi obligée des deux amants. Il s'achève sur la perspective d'une vie commune pour les deux amants où selon l'Écriture « ils ne formeront plus qu'une seule chair. »
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David Lawrence, dans cet ouvrage, ne fait pas dans la dentelle ; il professe haut et fort ses convictions sur la société anglaise de son époque et sur ses conceptions de la sexualité, ce qui lui vaudra la saisie de ce livre et une interdiction de publication qui va durer bien après sa mort, pendant des décennies. Ce n'est qu'en 1960, que ce livre sera autorisé en Angleterre.
C'est sans complaisance et avec un parti prit délibéré que l'auteur décrit le caractère et les relations de Clifford avec le milieu des industriels du charbon dont il fait partie. Il en est de même de la description du comportement des mineurs. C'est ainsi, également, et avec des mots parfois crus, qu'il montre les relations intimes de Constance et du garde chasse.
Clifford Chatterley est revenu de la grande guerre très diminué ; blessé, toute la partie inférieure de son corps est paralysée. Il retrouve son épouse Constance dans son domaine de Wragby dans la région minière des Midlands. Constance s'ennuie et déprime dans la compagnie de cet homme et de ses relations, aussi va-t-elle faire des promenades régulières dans le parc du domaine et dans le bois. C'est lors d'une de ses promenade qu'elle va rencontrer le garde chasse, Mellors, près d'une cabane où il élève des faisans et des poules. L'homme l'intimidait et la troublait. Alors qu'elle était prise par une forte émotion lui tirant les larmes en tenant des petits poussins dans le creux de ses mains, l'homme tenta de la réconforter, la caressa et finalement l'entraîna dans sa cabane où les caresses se poursuivirent et qu'il la dévêtit et la pénétra. Les relations des deux amants se poursuivirent, Constance venant régulièrement voir Mellors. Bien sûr, pour les amants, la situation va se compliquer et les obliger à se séparer le temps que chacun obtienne un divorce de leurs conjoints respectifs.
Une lecture indispensable, à mon avis.
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Un étonnant roman, très connu mais peu souvent lu. Les pages décrivant la découverte du plaisir sexuel sont magnifiques. Rares sont les romans, qui plus est écrits par des hommes, décrivant le plaisir féminin de manière aussi puissante et poétique. Ce livre, censuré à sa parution, n'a évidemment rien de pornographique. Il est d'ailleurs plutôt une description désabusée sur les mutations de la société anglaise dans l'entre-deux guerres. Un très beau portrait de femme.
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Bien loin d'anticiper la rentrée littéraire, un classique de la littérature anglaise paru en 1928, censuré pendant plus de trente ans en Angleterre et aux États-Unis, L'amant de Lady Chatterley est un livre sulfureux mais qui a sans doute autant choqué par sa dimension sociale que par ses passages érotiques qui hormis la question de l'adultère ne décrivent qu'une sexualité épanouie.
Constance Reid épouse Clifford Chatterley en 1917 et devient Lady. Malheureusement son mari revient de la guerre hémiplégique. La suite est bien connue, elle entame une relation avec le garde-chasse du domaine de son mari. Je n'en dévoile pas plus sur la suite de leur relation.
Lawrence condamne un intellectualisme de classe stérile et assommant pour célébrer une sensualité joyeuse et décomplexée. Mais de façon tout à fait moderne, Oliver Mellors fustige une société industrielle en devenir qui anesthésie les facultés vitales de tous les êtres humains en les rendant dépendant de l'argent. Voilà un propos étonnamment moderne qui résonne particulièrement aujourd'hui, il me semble.
Je suis très contente d'avoir lu ce classique de la littérature britannique. le couple formé par Connie et Mellors est très attachant, leur rapport à la nature inspirant. L'unique bémol étant pour moi le discours de Mellors sur ses ex-compagnes, mais personne n'est parfait !
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C'est drôle comme notre perception de ce qui est, ou n'est pas, sulfureux, change avec les siècles ! Et ce roman, mon dieu, qu'il en a fait du bruit...

Je me souviens encore de ce cours de philosophie à l'université qui l'a cité comme une référence pour la notion de désir. Avec le recul (et ne l'ayant pas lu à l'époque), je comprends toute la substance de cette oeuvre.

Mais, dois-je l'avouer, ce n'est pas un coup de coeur pour moi. Première lecture de 2023, j'en garde un souvenir mitigé. L'érotisme est là, certes, mais cela n'en fait pas pour autant un idéal amoureux. Lawrence a réussi un coup de maître : dépeindre la déchéance de l'ère industrielle, de ce qu'elle a de plus hideuse, délétère et détraquée. Clifford en est l'incarnation : écrivain si mauvais que c'en devient ridiculement drôle, sans aucune humanité malgré son handicap qui pourrait laisser croire à de l'auto-compassion. Que nenni ! Il s'oublie, dans les voluptés de son corps et dans ses limites, pour s'associer à la machine.

Face à lui, notre chère Lady Chatterley, dépérit. On pourrait même dire qu'elle décatit, telle une fleur qui flétri de ne pas être arrosée. Permettez-moi de poursuivre la métaphore douteuse, ce n'est que le garde-chasse, Mellors, qui étanchera sa soif. Les deux forment un drôle de couple, pas vraiment glamour, pas franchement idéal. Aucun passage ne m'a donné envie d'être à leur place mais j'ai compatis de leur solitude, de leur misère et de leur désir profond de jouir d'une liberté sans pareil.

L'auteur a réussi son tableau de l'Angleterre détruite par la guerre. Mais si ce roman peut être cru, il n'est aucunement une fable, ni une ode à la sexualité. Il est le témoin de ceux qui s'efforcent de vivre et de ne pas oublier qu'ils sont fait de chair.
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