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Citations sur Ce qui n'a pas de prix (16)

6. Deux cit. d'Élisée Reclus, Du Sentiment de la nature dans les sociétés modernes et autres textes, 1866 :
a) « La question de savoir ce qui dans l’œuvre de l'homme sert à embellir ou bien contribue à dégrader la nature extérieure peut sembler futile à des esprits soi-disant positifs : elle n'en a pas moins une importance de premier ordre. »
b) « Une harmonie secrète s'établit entre la terre et les peuples qu'elle nourrit, et quand les sociétés imprudentes se permettent de porter la main sur ce qui fait la beauté de leur domaine, elles finissent toujours par s'en repentir. Là où le sol s'est enlaidi, là où toute poésie a disparu du langage, les imaginations s'éteignent, les esprits s'appauvrissent, la routine et la servilité s'emparent des âmes et les disposent à la torpeur et à la mort. » (pp. 121-122)
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5. « Qu'il s'agisse des industries du luxe ou de l'art contemporain, le message est le même : l'important est d'en être, autrement dit de ne jamais risquer d'être exclu ou expulsé de ce monde où tout a un prix. Convergence essentielle qui explique pourquoi "l'art des vainqueurs" est de plus en plus financé, promu et propagé par les détenteurs des industries du luxe.
En dépend en effet l'issue de la guerre entre ce monde où tout a un prix et celui, chaque jour plus fragile, dont aucune valeur n'est à extraire. C'est une guerre féroce, où la moindre manifestation de ce qui n'a pas de prix doit être immédiatement neutralisée, sinon détournée, pervertie, voire annihilée. » (p. 96)
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2. « […] Si l'immense mérite de Wolfgang Ullrich est d'avoir établi comment l'art dans lequel se reconnaissent ces vainqueurs est d'abord celui de se soumettre au pouvoir de l'argent pour tout lui soumettre, il importe aussi de prendre la mesure de ce qui en résulte. À savoir que c'est en investissant le domaine sensible, et en y investissant des sommes énormes, que cette violence de l'argent est en train de s'attaquer à ce qui, depuis toujours, a donné aux hommes leurs plus folles raisons de vivre. » (p. 44)
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1. « […] Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la laideur a eu la voie libre.
D'autant qu'au cours des vingt dernières années, cet enlaidissement semble avoir été accompagné sinon devancé par une production artistique (arts plastiques et arts du spectacle confondus) dont les innombrables formes subventionnées ou sponsorisées à grands frais auront abouti, sous le prétexte de plus en plus fumeux de subversion, à substituer à toute représentation l'envers et l'avers d'un avilissement continu. Et cela, tandis que cette fausse conscience était étayée par la fabrication parallèle d'une beauté contrefaite par l'esthétique de la marchandisation, dans laquelle certains auront reconnu la marque d'un "capitalisme artiste". » (p. 11)
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4. « La dépossession que l'art contemporain a initiée concernant l'existence collective, la mode la poursuit parallèlement concernant l'existence individuelle. Car même si la mode a depuis toujours influé sur les attitudes et les comportements, le cynisme de la prédation aujourd'hui à l’œuvre consiste à en faire le plus redoutable véhicule de l'esthétisation comme facteur d'enlaidissement.
C'est précisément sur ce principe que prospère depuis des années ce que j'appellerai la "beauté d'aéroport", qui règne sur toutes les zones franches du monde. Elle est au luxe, dont elle serait l'expression internationale, ce que sont depuis longtemps aux arts traditionnels des pays lointains les objets fabriqués en série, qui constituent ce que l'on a nommé "l'art d'aéroport". Il est remarquable que le mépris qui aura toujours été de rigueur pour cette pacotille d'inspiration populaire ne se soit jamais exercé sur les sacs, montres, bijoux, foulards... portant le logo de quelques couturiers et parfumeurs prestigieux comme d'une dizaine de marques mondialement reconnues.
[…]
On ne sera pas surpris qu'il n'y ait que les fondations et les musées d'art contemporain pour exhiber pareille monotonie. Ainsi, d'une métropole à l'autre, sont exposés les mêmes artistes, tout comme d'un aéroport à l'autre on retrouve les mêmes boutiques offrant les mêmes produits. Et le parallèle pourrait être poursuivi jusque dans l'absence de toute critique à l'égard de ce qui est proposé dans un lieu comme dans l'autre. » (pp. 92-93)
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3. « Loi du genre si naturellement admise que presque personne n'a trouvé à redire à ce phénomène, au cours duquel "le discours sur l’œuvre s'est incorporé à l’œuvre elle-même", de sorte qu' "émettre des doutes sur elle, la contester, la commenter conduit à une aporie du jugement, inéluctable comme échec et mat". Inutile d'être pour ou contre, quelle que soit votre réaction, "elle est incluse dans le travail de l'artiste, elle est son objet même".
[…] Faut-il même dire que ces modes d'emploi bannissent tout le surprenant, le risqué voire le bouleversant, qu'on pouvait attendre de la rencontre avec une œuvre ? En réalité, obligé d'en passer par là, à moins de se sentir exclu de ce qu'il est venu contempler, nul ne se rend compte à quel exercice de soumission il consent à se livrer. Au point de se demander qui a seulement pris conscience que, sous prétexte de nous éclairer sur l’œuvre exposée, voilà des années que l'on nous fait participer à des protocoles de perception manipulée par tétanisation critique. » (pp. 50-51)
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