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Citations sur Saint François d'Assise (63)

Saint François d'Assise
Les laïcs
L'action franciscaine s'inscrit à la fois dans un mouvement religieux de promotion des laïcs à l'intérieur du christianisme et un mouvement général de « laïcisation » de la société dont Georges de Lagarde* s'est fait l'historien au niveau des idées et des théories.
p. 180
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* G. DE LAGARDE, « La Naissance de l'esprit laïque au déclin du Moyen Âge »
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Le travail
Le travail s'est surtout posé à saint François et aux frères du point de vue des moyens de subsistance : travail manuel ou mendicité ?
François avait évoqué le problème dans la Regula non bullata, au chapitre vil. Il avait accepté la continuation du travail des frères qui en avaient un au moment d'entrer dans l'ordre et, de nouveau, on voit la quasi-absence de frontière entre les laïcs et les frères à ce moment-là. François avait même accepté la propriété des instruments de travail (...) pour les frères-artisans. Il en avait exclu les métiers déshonnêtes, dont le nombre s'amenuisait d'ailleurs à cette époque, et avait cité les autorités bibliques qui constituaient les principaux arguments des partisans de la valorisation du travail : le Psaume 127, 2 — « Tu mangeras le fruit de ton travail et tu seras heureux » — et saint Paul — « Celui qui ne veut pas travailler ne mangera pas » (Qui non vult operari non manducet) (2 Thess., in, 10), « Que chacun reste dans le métier et le service auxquels il a été appelé ».
p. 175
Frère Gilles, pour ne pas manger son pain sans travailler (otiose), allait chercher de l'eau à une source, la portait dans une cruche sur son épaule et allait la donner en ville en échange de pain.
p. 176
Non seulement les Franciscains s'éloignèrent eux-mêmes de la pratique du travail manuel et de l'idéologie du travail, mais ils furent aussi moins attentifs à l'intégration du travail des laïcs dans le nouveau système de valeurs spirituelles et religieuses qu'ils ne l'étaient à propos du maniement de l'argent. C'est un échec de leur apostolat à l'égard des laïcs.
p. 177
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Comme Noonan l'a noté, alors qu'on distingue au XIIIe siècle pour l'usage de l'argent entre usus facti et usus juris (« usage de fait » et « usage de droit »), les Franciscains considéreront que le donateur peut toujours reprendre son argent avant usage. La méfiance, au moins sur le plan théorique, persistera.
Pourtant l'adaptation se fera. Non seulement à l'intérieur de l'Ordre l'usage de l'argent, réglementé, excluant la propriété individuelle, ne sera plus maudit, mais, surtout, la justification de sa bonne acquisition et de son bon usage sera un aspect essentiel de l'apostolat des Franciscains en milieu laïque. Plus encore que les Dominicains, les Franciscains intégreront l'argent et les hommes d'argent dans le système chrétien, réconcilieront le marchand-banquier avec l'Église et le christianisme.
(...)
les Franciscains, au premier rang des ordres Mendiants, font la part de Dieu et la part du Diable, la part du bon et du mauvais chrétien dans la possession et le maniement de l'argent.
p. 174
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MODÈLES LIÉS À L'ÉVOLUTION
DE L'ÉCONOMIE
Le début du XIIIe siècle voit un grand tournant dans l'économie occidentale. Deux phénomènes majeurs s'inscrivent aussi bien dans le cadre des idéologies et des mentalités que dans celui des réalités économiques : la diffusion massive de l'économie monétaire, de l'argent, la mutation du travail avec la division du travail urbain, l'extension du travail salarié, la valorisation du travail, les discussions sur le travail manuel en milieu monastique et universitaire.
p. 173
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L'apostolat des Franciscains, surtout au début, n'attend pas que les laïcs viennent à eux, mais ils vont aux laïcs dans le lieu par excellence de leur demeure : la maison1. Ainsi se trouve reconnu et renforcé un phénomène de grande importance du point de vue social et culturel : la constitution de la famille nucléaire dans un lieu spécifique de résidence, la récupération de la maison comme centre de dévotion individuelle et familiale (images pieuses, coins réservés à la prière) et, donc, de sanctification de la vie quotidienne par la conversation « à domicile » avec les religieux.
p. 167
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Bien que le franciscanisme — et le mouvement religieux plus vaste auquel il faut le rattacher — ait profondément marqué de son empreinte le monde du bas Moyen Âge et qu'il continue d'être aujourd'hui présent et agissant dans la culture occidentale, sa solution sociale a été un échec.
p. 156
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Car il peut y avoir une mauvaise obéissance, l'obéissance qui se déclenche automatiquement sans examiner la valeur du contenu qu'elle accepte. Même à l'intérieur de son ordre, ou plutôt surtout là, François met en garde ses frères contre cette fausse obéissance qui se met au service du crime ou du péché 1 et prône, en revanche, « la vraie et sainte obéissance », vera et sancta obedientia. Il devra d'ailleurs, dans la Règle révisée qu'on lui impose, considérablement édulcorer cette recommandation. Il ne faisait pourtant qu'appliquer à la discipline la casuistique qui s'élaborait de son temps à l'égard de notions et de pratiques jusqu'alors condamnées ou louées en soi, et à l'intérieur desquelles on s'efforçait de définir un domaine licite et un domaine illicite, un secteur juste et un secteur injuste : ainsi de la guerre, du profit, du jeu, de l'oisiveté, du travail, etc.
p. 151
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François, s'il a songé à lancer ses frères dans la lutte poli-tique, n'a voulu leur faire jouer qu'un rôle d'apaiseurs1. Bien qu'il ait prononcé parfois des slogans subversifs, appuyés d'ailleurs sur l'autorité scripturaire (tel le « Ego fur esse nolo2 » qui évoque le fameux « La propriété, c'est le vol »), il n'a, en fait, jamais songé à l'emploi de la force ni même du pouvoir politique dont on a vu qu'il était pour lui une forme éminemment suspecte de puissance.
p. 150
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Mais François aurait désiré que, pour atteindre vraiment son but, le modèle qu'il proposait transcendât la division-opposition clercs-laïcs. En accueillant parmi ses frères les uns et les autres, il espérait créer une société, un modèle original ni tout à fait laïc ni, surtout, tout à fait ecclésiastique. On ne le lui permit pas.
p. 148
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Le but de François est de remplacer ces antagonismes par une société fondée sur les rapports familiaux, où les seules inégalités reposeront sur l'âge et le sexe — inégalités naturelles, donc divines. D'où la méfiance ou l'hostilité à l'égard de tous ceux qui s'élèvent au-dessus des autres par des artifices sociaux. Les ennemis de saint François, ce sont ceux dont les désignations comportent des préfixes marquant la supériorité : magis- (magnus, magister, magnatus), prae- (prae-latus, prior), super- (superior)i . Ceux qu'il faut exalter en compensation, ce sont les dépréciés de la société : minores, subditi. Le mal social par excellence, c'est la puissance. La meilleure définition de l'homme abusif, c'est potens.
p. 147
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