Ric-Rac

— Tu peux m’expliquer pourquoi ton troquet s’appelle café de la mairie et pas café de la poste ?
— Germain ! Dix ans que tu me poses la même question !!! J’en sais rien je te dis ! Tu veux pas changer de disque ?
— Dix ans que j’ai pas de réponse ! Dix ans que tu te fous du monde ! On respecte pas les clients dans ce rade !
— T’es au courant que c’est plus trop à la mode le cumul des mandats ?
— Quoi !?
— Maintenant, c’est interdit d’être à la fois grossier et alcoolo. Va falloir choisir…
— T’es bien qu’un jean-foutre !
— Ok, t’as choisi l’abstinence. Tu préfères rester grossier et je respecte cette décision, Germain…
— Minable !
— Je te sers ton premier diabolo ? C’est offert par la maison.

Même si vu de l'extérieur, ça paraît difficile à croire, moi je sais qu'il est pas foldingue, mon père... Un foldingue, ça se balade à moitié à poil en appelant à voter Dupont-Aignan, ça passe des castings pour rater une mayo dans "Top Chef", ça achète et ça porte des bijoux de pied (bagues et bracelets).

Soubirou est un fléau. Le jour de sa mort, à la télé, il y aura une soirée spéciale pour collecter des fonds afin que plus jamais un casse-noyaux de cette trempe ne revienne polluer la planète.

Le confort, faudrait jamais avoir connu...Quand tu commences à péter dans la soie, le polyester, rien qu'en souvenir, ça irrite.

Ils s'étaient rencontrés à la fin des années 90, dans un stage de méditation organisé par une communauté du Larzac. 'Tolérance'. 'Liberté'. 'Partage'. D'après ce que j'ai compris, à cette époque, les idéaux des années 70 tentaient un solide come-back. Mon oncle m'avait avoué que « le moteur de tout ça, c'était surtout une furieuse envie d'envoyer valser son slibard en fumant du shit ».
Il dit comme il pense, mon oncle.
(p. 77-78)

Quand on a tendance à trop ouvrir son beignet, et qu'on s'adresse à mon père, on met jamais très longtemps à découvrir qu'il est très très susceptible.
(p. 21)

Il a les yeux exorbités comme s'il avait été violé par un lémurien (p62).

Revenons à Leopold [pharmacien]. Entre quarante et cinquante ans. Assez grand. Assez bien mis. Assez élégant mais assez cool. Les cheveux poivre et sel, la peau super bien hydratée et, dans la paupière un peu lasse, au moment de parler diarrhées et vergetures, ce petit air de se dire : « Mais putain, pourquoi j’ai raté médecine ? »

– Bonjour Leopold
– Bonjour, Jacques-Yves.
– Je te présente Jeanyf, mon neveu.
– Bonjour Jean-Yves.

«Jacques-Yves » ? « Jean-Yves » ? Ça fait toujours bizarre quand les gens prononcent mal nos prénoms.

-T'es au courant que c'est plus très à la mode le cumul des mandats ?
-Quoi !?
-Maintenant, c'est interdit d'être à la fois grossier ET alcoolo. Va falloir choisir...

Si un jour, quelqu'un écrivait la biographie de Soubirou ça donnerait un mélange improbable entre une biographie de Sarah Bernhardt et La Bible pour les nuls (p117).