Après avoir lu plusieurs ouvrages des cycles de
Terremer (fantasy) et de l'Ekumen (SF), je découvre une autre facette de l'oeuvre d'Ursula le Guin avec ce roman indépendant «
L'autre côté du rêve».
Cette fois-ci, le contexte est le domaine du rêve.
Nous suivons George Orr, un homme désemparé par le don particulier qu'il possède : ses rêves influencent et transforment la réalité. Angoissé par la crainte de mettre en danger le monde réel, il cherche à tout prix un moyen de ne plus dormir pour ne plus rêver, quitte à entrer dans l'illégalité. Mais découvert par les autorités, il est contraint d'accepter le suivi thérapeutique prescrit par le psychiatre Haber, spécialiste justement du domaine du rêve. Dubitatif au départ sur les révélations de son patient, Haber décide d'étudier et d'exploiter ce don quand il est témoin de certains... «changements». Commence alors une réaction en chaîne de bouleversements dans le quotidien de nos protagonistes, et pas que le leur...
J'adore cette auteure, elle ne cesse de me surprendre.
Cette fois-ci, elle nous plonge en quelques chapitres dans un univers à la fois familier, car on est sur Terre dans la seconde moitié du 20ème siècle, et surprenant, car la succession des évènements prennent une tournure inattendue. Et oui ! Avec les rêves, il faut s'attendre à tout !
L'écriture de l'auteure est toujours aussi agréable et subtile pour nous décrire ces univers ainsi que les ressentis et réflexions de nos personnages Orr et Haber.
A travers eux, l'auteure nous montre toute la complexité de la relation entre un psychiatre et son patient. En effet, quels sont les garants pour que l'influence du premier n'aille pas jusqu'à la manipulation et l'exploitation du second ? Quelles sont alors les possibilités du patient pour ne pas être sous l'emprise de son psychiatre ? Que vaut sa parole et ses doutes face au professionnel ?...
On parle donc ici d'emprise, donc de pouvoir et aussi du désir de puissance. Sous prétexte la conviction d'agir pour le bien de tous, nos actes en sont-ils légitimes pour autant ? Notre point de vue est-il suffisant pour agir au nom des autres ? On observe ici une situation où l'escalade dans ce désir de puissance conduit à des conséquences assez incroyables. Heureusement que l'on est dans une fiction...
Une lecture passionnante, je la recommande, et que j'ai eu le plaisir de partager avec Siabelle et Crazynath. Merci à elles pour le partage.
Lu dans le cadre du challenge «Une année avec...
Ursula le Guin et
Poul Anderson (2017)»