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Henry-Luc Planchat (Traducteur)
EAN : 9782253072430
219 pages
Le Livre de Poche (18/09/2002)
3.81/5   158 notes
Résumé :
Lorsque George Orr dort, il rêve, comme tout le monde. Mais lorsqu'il se réveille, au contraire de tout le monde, il découvre que ses rêves ont changé l'univers.

Et parce qu'il lui arrive aussi de faire des cauchemars, le monde réel se trouve ravagé par des guerres nucléaires et envahi par des extraterrestres. George Orr doit-il se débarrasser d'un aussi terrifiant pouvoir? Ou bien doit-il l'utiliser dans l'intention redoutable d'améliorer le monde ?<... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
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"Confucius et toi, vous n'êtes que des rêves ; et moi qui dis que vous êtes des rêves, je suis moi-même un rêve. C'est un paradoxe. Un sage pourra l'expliquer demain, mais ce demain ne viendra pas avant dix mille générations." Tchouang-tseu, II.

Ce livre est un incroyable roman à tiroirs: on ne sait jamais lequel on va ouvrir, ni ce qu'on va trouver à l'intérieur. Paru en 1971, il n'en demeure pas moins très actuel, bien que se déroulant dans un futur antérieur. La mise en place est assez lente - ou c'est moi qui aie eu du mal à me projeter dedans, je ne sais pas trop -, et agrémentée d'explications scientifiques sur le sommeil. Puis ça s'emballe - ou s'enlise, question de point de vue ! - Onirisme quand tu nous tiens... Les rêves de George Orr nous plongent dans des univers aux réalités multiples. Pourtant, ce n'est pas tant les univers et les conséquences qui sont mis en avant que les comportements humains. La passivité de George fait face à l'exaltation du docteur Haber. Et pendant ce temps, le monde n'en finit pas de changer...

L'aspect SF du livre n'est qu'un paravent pour aborder diverses réflexions sur l'être humain: valeurs éthiques, expérimentations scientifiques, rôle du psychiatre, pollution, différences (halala, l'un de ces mondes m'a littéralement fait frémir!)... Mais les deux axes de réflexions omniprésents sont vraisemblablement ceux du pouvoir, et de la frontière parfois ténue du bien et du mal, ou pour l'exprimer autrement: le bien de tous, ou les meilleures intentions du monde, peuvent-ils tout justifier?

Bref, dans ce livre, rêve et réalité cohabitent pour notre plus grand plaisir et notre plus grand désarroi. Nous avançons par à-coups en nous enfonçant dans une terre meuble et c'est paradoxalement addictif. On se demande bien comment tout cela va finir...
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Excellent récit aux forts accents Dickiens.
Ursula le Guin nous livre ici une véritable fable avec comme morale principale : "le mieux est l'ennemi du bien" ou comment il est toujours dangereux de placer trop de pouvoirs entre les mains d'un seul homme.

Comme je l'ai lu dans une autre critique, j'ai régulièrement pensé au film L'Effet Papillon au cours de ma lecture. En partant d'une bonne intention, on veut arranger le monde, le rendre plus beau, et finalement on veut tendre vers une perfection, mais rien n'est plus risqué. Car au final, c'est l'expression "la fin justifie les moyens" qui va prévaloir, quand bien même ces moyens sont absolument atroces. Combien de sacrifices seront utiles pour parvenir au bonheur universel imaginé par un seul homme, un bonheur universel finalement complètement imposé. de plus, il n'y aura aucune justification à apporter puisque personne ne se rappellera des modifications réalisées "manuellement".

L'auteure fait donc, par le biais de la science-fiction, un parallèle captivant sur les régimes autoritaires, totalitaires, communistes.
Et au milieu de tout cas, nous avons un petit héros qui possède cet immense pouvoir mais qui n'a rien demandé et ne demande rien d'autre qu'une vie ordinaire, normale, banale, et connaitre un bonheur simple comme le commun des mortels. Il va se laisser emmener, et il va subir encore et encore.
Mais heureusement qu'il y a de l'amour dans ce bas monde....
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De l'autre côté du rêve est un roman complètement atypique dans la bibliographie de l'auteur .

C'est un texte qui possède des accents clairement oniriques , avec la thématique ancienne en SF , des réalités alternatives fluctuantes .
Donc une atmosphère vaguement Dickienne ou encore digne de Steinberg , pour s'en tenir à la SF francophone.

On est loin dans ce texte des space opera dont peuvent avoir l'habitude les amateurs de SF et les afficionados de l'auteur .
En même temps c'est un roman qui pourra séduire un public plus large d'amateurs de littérature générale.

Le texte possède une forte charge éthique , il aborde des questions comme le pouvoir , la délinquance , la pollution , le racisme, le statut de thérapeute.
Un homme rêve tous les jours , un jour il se rend compte que ses rêves change la réalité de manière tangible .
Il entame un processus de soin , et cette involontaire faculté sera détournée par son thérapeute pour modifier le monde qui est assez proche du nôtre au départ .

L'auteur des rêves s'efforce de se « soigner » et au fil des pages de ce roman assez court , il s'efforce de se libérer de l'emprise de plus en plus orientée de son thérapeute.
C'est donc aussi très fortement un roman sur la thématique de l'emprise .

Ce roman accorde une grande importance à la caractérisation et aux affects des personnages , par ailleurs les descriptions des réalités alternatives sont assez minimales mais elles sont fulgurantes pour ce qui est de leur impact .
Les transitions de réalités sont bien amenées , car elles sont fortement en rapport avec le vécu déboussolé du personnage principal .

Moi je dirais que les thèmes fondamentaux du roman sont principalement : l'emprise et le pouvoir .

Un roman assez atypique du point de vue de la SF contemporaine mais qui est un texte de SF parfaitement accessible à ceux qui s'en tiennent au Main Stream .
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Première fois que je n'aime pas un Ursula le Guin, qui est quelque chose comme mon autrice préférée. Il faut dire que ce roman est un peu un ovni dans sa bibliographie.

J'ai lu assez d'essais de le Guin pour savoir qu'elle adhère à une lecture New Age de Carl Jung très typique de la côte ouest américaine. Je savais aussi qu'elle s'était intéressée à diverses spiritualités et philosophies indo-orientales. (Ou du moins les versions californiennes à la mode dans les années 60.)

Cela ne m'a jamais gêné dans ses autres romans, mais ici, c'est autre chose. C'est un roman très onirique dont l'essentiel se déroule sur le divan du psy.

George Orr, donc, fait des rêves effectifs. Cela signifie qu'il a la possibilité (qu'il ne contrôle pas) de modifier le réel en rêvant. Il se retrouve chez le psy dans le but d'arrêter cela. Au lieu de quoi, le psy décide d'hypnotiser Orr, jour après jour, pour lui faire rêver un monde meilleur.

Le Guin prend ici à contrepied les usages de la SF de l'époque. le psy est le héros américain standard : sûr de lui, avec une boussole morale infaillible, un instinct d'acier. Orr est tout le contraire. C'est un personnage caricaturalement passif, qui refuse d'agir, et qui fait même de l'inaction son principe moral par excellence. Mais c'est lui, le héros. Il incarne cette idée du moine bouddhiste, coupé du monde, sans envie ni ambition. (Chaque chapitre s'ouvre sur une citation de philosophie chinoise.)

Pour défendre cette thèse, que l'inaction est préférable à l'action, Le Guin doit s'assurer que chaque avancement social donne un résultat quoi soit pire que le statu quo.

On y voit donc un homosexuel s'adonner à la pédophilie aussitôt que son homosexualité est acceptée. On y voit les Noirs sud-africains s'adonner au génocide des Blancs aussitôt que l'apartheid est aboli.

On y voit la plupart des problèmes sociaux se résoudre dès que la majorité de la population meurt, et que la nourriture et autres ressources se font donc moins rares. Ouioui, Le Guin nous dit que Malthus (et Thanos) avaient raison.

Le racisme cesse d'exister quand Orr rêve que tous les humains ont toujours eu la même couleur de peau. (Donc tout d'un coup, on n'a jamais eu d'esclavage, apprend-on. Mais l'histoire des USA ou de l'Europe demeure magiquement inchangée. Wtf?)

Bref, ce livre est un incontournable... si vous pensez que les cristaux magiques et la pensée positive sont les clés du progrès humain — et que de toute façon, on habite déjà le Meilleur des Mondes Possibles(tm).
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L'Autre côté du rêve (1971) est un des romans indépendants de l'auteure. J'ai vraiment beaucoup aimé ce livre qui pourrait se résumer par une citation de Luigi Pirandello : « Si l'on pouvait prévoir tout le mal qui peut naître du bien que nous croyons faire! » (Six personnages en quête d'auteur).

Georges Orr a un don. La réalité est modifiée par ses rêves, elle est constamment remplacée et remodelée, un peu comme dans le film L'Effet papillon (Eric Bress & J. Mackye Gruber, 2004) avec un soupçon de Fréquence interdite (Gregory Hoblit, 2000) ^_^ Comme Evan Treborn et John Sullivan (héros des deux films) George a la mémoire des réalités multiples.

George consulte le docteur William Haber, un psy, qui va s'avérer être un homme bien plus dangereux que George pour l'Humanité. En effet, Haber va se servir de lui pour « améliorer » le monde selon son point de vue (bien entendu).

Il y a des passages franchement amusants genre Heather lui demande de rêver que les extra-terrestres ne soient plus sur la lune et donc… ils débarquent !



Une belle découverte que je vous invite à lire.

Challenge Anderson / Le Guin
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Citations et extraits (59) Voir plus Ajouter une citation
Portée par les courants, poussée par les vagues, entraînée irrésistiblement par toute la force de l’océan, la méduse dérive dans les fonds marins. (...) Suspendue, balancée, palpitante, la plus vulnérable et la plus insubstantielle des créatures, elle a pour la défendre la violence et la puissance de tout l’océan, auquel elle a confié son être, son devenir et sa volonté.
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- Vous parlez comme s'il y avait une sorte d'imperatif moral universel.
Haber regarda Orr avec un sourire cordial, en se frottant la barbe.
-Mais en fait, ajouta-t-il, n'est-ce pas la raison d'être de l'homme sur la terre: faire des choses, les changer, les diriger, rendre le monde meilleur ?
- Non !
- Alors quelle est sa raison d'être ?
- Je ne sais pas. Les choses n'ont pas de but, comme si l'univers était une énorme machine dont chaque partie a une fonction utile. Quelle est la fonction d'une galaxie ? Je ne sais pas si notre vie a un but, et je ne vois pas ce que ça change. Ce qui est important, c'est que nous en faisons partie. Comme un fil dans un vêtement ou un brin d'herbe dans un pré. Cela existe, et nous existons. Et nous sommes comme le vent qui souffle sur l'herbe.
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La caractéristique du désir de puissance est, justement, la croissance. L'achèvement est son annulation. Pour demeurer, le désir de puissance doit grandir avec chaque réussite, ne faisant de cette réussite qu'une marche vers la suivante. Plus le pouvoir grandit, plus l'appétit augmente.
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Suspendue, balancée, palpitante, la plus vulnérable et la plus insubstantielle des créatures, elle a pour la défendre la violence et la puissance de tout l'océan, auquel elle a confié son être, son devenir et sa volonté.
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Il avait grandi dans un pays dirigé par des politiciens qui envoyaient des bombardiers tuer des bébés afin que le monde fût moins dangereux pour les enfants qui y grandiraient plus tard.
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Videos de Ursula K. Le Guin (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ursula K. Le Guin
De "La Main Gauche de la Nuit", au "Nom du monde est forêt" en passant par "Les Dépossédés", l'autrice américaine de science-fiction Ursula le Guin, disparue en 2018, a tissé une toile narrative complexe d'une grande beauté littéraire et d'une actualité thématique brûlante.
Réflexion sur le genre et féminisme, écologie, inégalités sociales, ce sont autant de préoccupations qui se dessinent subtilement dans l'oeuvre monde de cette touche-à-tout
En compagnie de ses invités, Catherine Dufour, écrivaine de science-fiction et Jérôme Vincent, directeur éditorial des éditions ActuSF, Antoine Beauchamp vous propose de découvrir cette immense autrice qui fut un temps pressentie pour le prix Nobel de littérature.
Photo de la vignette : Dan Tuffs/Getty Images
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