Citations sur Musique absolue : Une répétition avec Carlos Kleiber (16)
« On est tiré vers le bas par le poids des mots. La musique est une interrogation majeure. Ecrire, c’est trouver son rythme. Et ça prend des années ! Un grand écrivain a toujours une musique particulière. »
« Je n’ai pas la religion du silence. Il est toujours intéressant d’écouter la musique avec du bruit autour, y compris des oeuvres difficiles, de la confronter à d’autres bruits. Ce n’est pas absurde car la musique n’est pas un bruit au-dessus des autres, mais des sons parmi d’autres, qui séduisent davantage. Dans le livre, je dis qu’il faut écouter Bach en passant l’aspirateur. »
A Berlin, un soir, les gardiens retrouvèrent Carlos enfermé dans les archives de la Philarmonie, il avait oublié de les avertir de sa présence. Pardonnez moi messieurs, je travaillais et maintenant je cherche la sortie.
Haydn a raison, toutes les puissances créatrices sont plus fortes que la mort. Arrêtez de regarder votre histoire à travers les mêmes lunettes. Vos verres sont dépolis
Les actualités en continu tuent le travail artistique. elles tuent les artistes, surtout : elles les font céder au découragement. Vous allumez votre radio : une catastrophe nucléaire, un tsunami, une famine, un effondrement des bourses. A quoi bon écrire? A quoi bon jouer de la musique? Tout devient dérisoire.
Il avait le sens du silence.
Vous manquez de perspicacité parce que vous vous obstinez à chercher une cohérence.
Pour torpiller le succès des autres, les jaloux ont une imagination débordante.
Un livre prenant, étonnant, qui place le lecteur face à de nombreuses questions dont celle de cette citation extraite du roman :
« Vous voulez que je vous dise ce qu'il y a ? Vous êtes des orgueilleux ! Vous vous prenez pour des types formidables. Vous connaissez mal votre métier. Vous faites la moitié de votre travail. Vous trouvez que vous avez encore trop à faire. Si vous en faisiez dix fois plus, ce serait encore insuffisant.........
Je vous le dis tout net, votre possible ne vaut pas grand chose. Vous ne pouvez pas faire mieux ? Je le sais bien et je ne dis rien. »
(Extrait de « Musique absolue » p. 25-26)
Ce passage est une citation de « Le nègre du narcisse » de Joseph Conrad. Ces propos sont ceux que tient un capitaine à ses matelots alors que leur navire est pris dans une terrible tempête.
Dans « Musique absolue » le violoniste autrichien rapporte à son interlocuteur qu'une fois au moins l'attitude de Carlos Kleiber au cours d'une répétition aurait pu se traduire de cette manière.
Carlos dévorait la musique. Deux ou trois ans après son passage à Stuttgart, un soir de septembre, nous marchions ensemble dans une rue de Cologne, pas très loin de la cathédrale, il me dit : « Vous allez me prendre pour un cinglé, Nikolaus, mais la musique, je la mange, elle a un goût, un goût amer. »