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Citations sur La femme qui n'aimait plus les hommes (67)

L’imaginer, lui, l’intellectuel bedonnant, mais toujours impeccablement mis, en train de zigzaguer dans son survêtement informe entre d’autres coureurs matinaux et des mamans à poussette, en soufflant comme un bœuf et en se tenant les côtes dans les allées du jardin du Luxembourg, tenait tout simplement du film comique. Gabriel lui prit tout d’un coup la main et la serra silencieusement.
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Jamais son mari n’avait fait la moindre tentative d’une quelconque activité sportive depuis qu’elle le connaissait, à la notable exception de deux ou trois brasses quotidiennes, pendant les vacances, dans la somptueuse piscine qu’il avait fait construire en contrebas du jardin de leur maison de Gordes. À condition que l’eau ne soit pas trop froide.
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En réalité, pour que l’enfant n’ait rien d’autre à faire de son mercredi que d’être à l’entière disposition de l’homme. Leur vie s’était en quelque sorte ritualisée. Maman quittait la maison le mardi soir pour aller travailler à Paris. Jeanne refusait le goûter que Romain lui proposait – plutôt crever de faim et de soif – elle se dépêchait de monter dans sa chambre pour sortir ses cahiers et ses livres de son cartable et l’homme patientait, assis dans l’ancien fauteuil de papa au salon, le plus souvent devant la télévision allumée.
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Des dizaines et des dizaines de fois entre ses treize et dix-sept ans, elle avait répété son pauvre rituel. S’enfermer dans la salle de bains. Remonter sa jupe ou baisser son jean. Choisir un espace de peau encore intact. Et. Se blesser. Se mutiler. Et puis. Recommencer. Nourrir un vampire insatiable. Jeanne s’était ensuite offert, bien longtemps après, pour ses trente ans, des séances de laser afin d’atténuer les cicatrices de ses coupures et, depuis, elle seule devinait encore les très légères lignes blanchâtres et symétriques qui apparaissaient lorsqu’elle s’exposait au soleil.
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Souvenirs, reliques, parmi des dizaines d’autres empaquetés avec autant de soin ce jour-là. Beaucoup avaient fini à la poubelle au fil des mois et des déménagements, mais pas les précieuses lames de rasoir. Non. Comme un fumeur repenti qui garderait un paquet de cigarettes de sa marque préférée tout au fond d’une commode, pour se rassurer, Jeanne les avait pieusement conservées.
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La jeune femme sentit la submersion approcher et bientôt recouvrir toute autre forme de pensée et de raisonnement. Elle se recroquevilla sur le côté et serra les poings. Non. Elle s’était promis de ne jamais recommencer. Pourquoi ce matin ? Pourquoi maintenant, après toutes ces années ? Déjà hier soir, avec les somnifères, ce même vertige. Elle aurait dû jeter les lames depuis longtemps.
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Chaque jour était pourtant pour elle une bataille toujours recommencée contre cette saloperie qui l’anéantissait de l’intérieur et chaque soir, une comptabilité sèche de ses minables défaites. Elle chassa une ombre invisible d’un large mouvement du bras et s’allongea dans l’espoir de se calmer et de se raisonner.
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Jeanne se sentit encore un peu plus éjectée de leur semblant d’histoire et de son simulacre de vie. Car Jeanne ne vivait pas. Non. Elle ne faisait que ressasser sa haine. De son enfance. De la raclure. Parfois, oui, une fenêtre s’ouvrait en elle et elle écrivait des histoires qui emmenaient les enfants dans un monde merveilleux. Mais cela ne faisait pas une vie.
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Elle aurait tant aimé qu’on la laisse en paix maintenant. Seule. Avec sa souillure. Mais malheureusement, l’institutrice s’était serrée contre elle dans le bus du retour et l’avait regardée avec des yeux ronds, sitôt qu’ils s’étaient mis en route pour l’école. Puis la fâcheuse lui avait pris la main. Et l’avait serrée. Fortement. À un point tel que Jeanne n’arrivait pas à se détacher de cette insupportable étreinte. « C’est bien que tu te sois intéressée comme ça à l’hymne que nous avons écouté Jeanne. Tu as trouvé ça beau, émouvant, ça t’a touchée ? »
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Non. Elle ne serait pas entendue. Jamais. Impure, salie, souillée. Les mots étaient retombés sur elle en pluie fine. Et s’étaient gravés sur sa peau. Impure, salie, souillée, voilà ce qu’elle était. Sur sa peau. Et jusqu’au plus profond d’elle. Et aucune prière ne la laverait jamais de ces marques, aucun chant n’effacerait jamais la saleté en elle et sur sa bouche. Non.
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