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EAN : 9782365122894
160 pages
Editions du Croquant (12/01/2021)
4/5   1 notes
Résumé :
En 2020, les paysans français auront subi d'importantes pertes de revenu en raison des conséquences cumulées de la pandémie du coronavirus et de la sécheresse estivale. Le coronavirus a perturbé les marchés et fait chuter les prix dans de nombreuses filières. La sécheresse a réduit les rendements céréaliers, tandis que les prix restent anormalement bas du fait de stocks conséquents dans les pays exportateurs. Le manque d'herbe et de fourrage pour l'hiver renchérit d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
D'abord paysan, puis ouvrier, puis journaliste, aujourd'hui retraité, Gérard le Puill s'interroge sur ce que nous devons faire afin de rendre le monde vivable pour les générations actuelles et futures.

Il écrit dans un style clair, sans emphase, s'appuyant sur des années d'observation de l'évolution des politiques agricoles nationale et européenne. Alors que le réchauffement climatique impacte déjà la production agricole, alors que la population mondiale est en croissance vertigineuse, le fil rouge de ce livre est l'exploration pédagogique et documentée des solutions politiques et techniques qui pourraient concilier une production agricole suffisante et une juste rémunération des agriculteurs, tout en préservant la biodiversité et en diminuant les émissions de gaz à effet de serre.

Ses réflexions et ses propositions abordent la politique et les institutions qui nous gouvernent, les décisions ou les non-décisions ainsi que l'analyse de leurs conséquences.
L'auteur critique la théorie des avantages comparatifs de Ricardo (abondamment reprise par un certain nombre de décideurs ou d'économistes pour défendre la vertu de la mise en concurrence de tous et de tout) en montrant qu'elle entraîne une tendance à la baisse des revenus des paysans tout en les soumettant directement aux aléas des prix fixés par le marché. La mise en pratique de cette théorie provoque de surcroît une augmentation de l'émission de carbone par la mondialisation et donc la logistique qu'elle induit.
Égratignant au passage les « écologistes de salon », le livre défend une vision presque utilitariste de la nature, dont le bon emploi permettrait de répondre aux contraintes démographique, climatique et écologique.

Bien sûr on peut regretter les quelques attaques de l'auteur envers des personnalités (Pierre Moscovici par exemple), qui sans être forcément infondées, n'en sont pas moins hors-sujet et n'apportent rien aux exposés. On peut également ne pas partager tout à fait sa vision de la nature qui pour lui est d'abord un moyen à exploiter plutôt qu'un espace sauvage qui devait vivre à part des humains. On peut enfin ne pas être d'accord lorsqu'il explique que l'usage des pesticides près des agglomérations ne devrait pas faire l'objet d'interdictions municipales comme certaines l'ont fait (avant d'être déboutées).

Mais à chaque fois qu'il avance une idée ou qu'il défend une opinion, Gérard le Puill argumente sans passion, montre d'autres facettes du sujet, cherche à s'extraire de la polémique ou des idées préconçues en revenant sur le terrain du débat.
À ce jeu, il fait souvent mouche et j'ai beaucoup appris en lisant ce livre.
Les arcanes de la commission ou du parlement européen, les traités multiples, les règles et les lois foisonnantes qu'il évoque mettent indirectement en lumière la difficulté d'infléchir quoi que ce soit dans notre monde globalisé et changeant : comment savoir quel est le levier pertinent et accessible sur lequel peser ? Comment évoluera l'émission de carbone du transport au moment où l'électrique prend son essor ? Quel doit être l'équilibre au niveau national ou européen entre divers intérêts (aéronautique / agriculture par exemple), équilibre devant se refléter dans les accords commerciaux transnationaux ?
Il pose en filigrane la difficulté de prendre des décisions, pris que nous sommes dans un écheveau de rapports de forces, de lois, de traités, de luttes nationales ou supranationales, tenaillés que nous sommes entre l'égoïsme, le temps à consacrer à nous informer et réfléchir et nos habitudes de vie et de confort. Bien sûr, en se plaçant au niveau des institutions, de l'économie et de la politique, il ne sort pas du cadre, mais peut-on en sortir ?
Il aurait pu d'ailleurs inclure dans son panorama une analyse plus détaillée d'initiatives ayant pour objet de changer note mode de vie. Elles restent certes aujourd'hui à un niveau plus ou moins individuel ou coopératif, mais n'en révèlent pas moins la part de vertige et de refus d'un monde sur lequel nous ne pouvons plus agir directement mais seulement par le biais d'organisations et d'un réseau de liens et de contraintes qui nous échappent et diluent tout au profit de quelques-uns. Autant de réactions à cette mondialisation qui génère cette énorme complexité, qu'il ne voit peut-être pas suffisamment, qu'il n'analyse pas, car elles se font sans relai institutionnel, sans organisation politique ou syndicale. Je pense par exemple à Notre-Dame des Landes, à des « Captain fantastic » plus ou moins radicaux et même à des courants comme les végétariens, vegan, etc. Tout cela n'a-t-il aucun rapport ? Une place n'aurait-elle pas pu être donnée à ces phénomènes dans ce livre ?

Un livre que je vous conseille !



PS pour l'éditeur : une relecture plus attentive aurait permis de relever les quelques typos et mots oubliés qui se trouvent encore dans cet ouvrage…

PS pour les membres de Babelio : il se trouve que je suis voisin de l'auteur, mais cela n'interfère en rien avec ma critique !
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