Que ne ferait-on pas par amitié ? Que ne ferait-on pas pour aider son frère d'armes pour se sortir de la situation invraisemblable dans laquelle il s'est fourré tout seul, comme un grand ? Et bien on va contre ses convictions et l'on découvre des choses qui, pour ma part, me coupent franchement l'appétit – ceux qui liront le roman jusqu'au bout comprendront que certains faits évoqués m'ont littéralement fait bondir.
Je crois sincèrement que le personnage de Luc Mandoline la partage et dénonce certains faits. Ce n'est pas parce que nous sommes bien, ou presque bien tranquillement en France qu'il faut ignorer ce qui se passe autour de nous. Je commencerai par le premier point, bien réel : oui, il est des personnes qui font don de leur corps à la science, et c'est leur droit. Mais, voir ces corps participer à des expositions de cadavres comme c'est le cas partout dans le monde sauf en France, c'est non pour moi, quand bien même on me parlerait de pédagogie, je n'y vois qu'exhibition. Et quand on sait d'où proviennent certains corps, cela questionne encore plus – des condamnés à mort chinois. Oui, c'est loin, très loin, donc on s'en moque un peu. Pourtant, nous portons tous du made in China sans aucun souci, et peu de dirigeants ont envie de se fâcher avec la Chine, quoi qui s'y passe.
Mais là, ce n'est pas en Chine que Mandoline va partir, mais en Turquie, sous les ordres d'un millionnaire qui se rêve en monsieur Loyal, un homme qui n'a pas vraiment digéré son enfance, l'évolution de la société, plein de choses en clair, et qui pourrait faire la fortune d'un bataillon de psychiatres – sauf qu'il fait celles des embaumeurs et des marchands de cadavres.
Là, nous sommes face au premier point de l'intrigue qui nous questionne. Quel est donc le second ? Et bien, tous les cadavres ne sont pas certifiés made in China, Mandoline, Interpol sont presque sûrs de cela, la preuve en étant que notre embaumeur ne règne que sur une partie de ce complexe mortuaire, il n'a pas du tout accès aux salles jumelles des siennes où se passe la même chose – avec d'autres corps dont il n'accuse pas réception. D'où viennent-ils, qui étaient-ils ?
Et là, j'aurai bien aimé me retrouver dans un livre d'horreur, comme si ce qui nous était conté n'était pas, en plus d'être horrible, possible, réaliste, comme si, finalement, on ne pouvait attendre que le pire de ceux qui nous dirigent. Ou comment régler un problème discrètement. A condition de définir ce que cachent les mots « problèmes » et « discrètement ».
J'aime beaucoup la saga de l'embaumeur, je les ai presque tous lus, et je dois dire que celui-ci frappe fort, parce qu'il est tragiquement contemporain.
A lire pour réfléchir.
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