Tout faire jeu rend le monde plus facile. Ils instaurent des règles ludiques pour donner du sens à un monde incompréhensible.
On ne devrait jamais, pour dire du bien de quelqu'un, dire qu'il est utile. On ne devrait pas dire qu'il sert à quelque chose. L'être humain ne devrait jamais être considéré comme un moyen.
Avant d'apprendre à écouter, il faut apprendre à se taire.
À prendre durant trop d'années l'habitude d'obéir, on en oublie comment mettre un pied devant l'autre tout seul.
Je n'ai pas choisi moi ! Personne ne m'a demandé mon avis ! Je suis née ici ! À Cumiga ! Personne ne s'est posé la question de savoir si j'étais d'accord, si je voulais vivre dans la crainte de la destruction, dans la peur de la catastrophe, dans l'angoisse qu'il soit trop tard ! Ils m'ont fait, c'est tout !
Ils disent qu'il ne faut pas prendre Ru comme une chose certaine. Ils donnent des chiffres, citent des noms : Ru va se réveiller. C'est évident. Des scientifiques le prédisent depuis des années, mais la préfecture n'écoute rien. Pourtant, tout confirme l'évidence pour qui veut regarder. Ru n'est pas qu'une carcasse vide dont les hommes peuvent disposer à loisir.
Pendant des décennies, on nous a traités comme des moins-que-rien. On ne veut rien du tout, à part vous prévenir que c'est terminé. Maintenant, on est tous égaux. C'est fini, le temps des tarifs arbitraires et des ventes forcées. Celui qui veut manger, il vient travailler. C'est tout.
Il crie avec les autres :"Qu'ils viennent! Qu'ils osent venir par ici!" Youssoupha ne possède que ses mains, mais celles-ci sont musclées, dures, rendues fortes par le temps passé à bâtir la route sur laquelle il marche, et tant d'autres ouvrages semblables. Youssoupha n'a pas de mots, à part :"C'est pas normal!"
"Peut-être que le vrai problème, c'est qu'on a voulu faire à l'intérieur comme à l'extérieur. On a voulu faire dans Ru comme au-dehors. Personne ne s'est posé la question du "pourquoi". On a dit "pourquoi changer?", " Pourquoi faire autrement, puisqu'on a toujours fait ainsi?". Pour quelle bonne raison, à part celle de l'habitude, a-t-on décidé de vivre comme cela, et tant pis si cela veut dire aller droit au désastre?"
Je n'ai pas choisi, moi ! Personne ne m'a demandé mon avis ! Je suis née ici ! A Cumiga ! Personne ne s'est posé la question de savoir si j'étais d'accord, si je voulais vivre dans la crainte de la destruction, dans la peur de la catastrophe, dans l'angoisse qu'il soit trop tard ! Ils m'ont fait, et c'est tout !