Disfigured

"Disfigured : on fairy tales, disability and making space" (« Défiguré•e : contes de fées, handicap et créer de l'espace »), non traduit à ce jour, est un essai écrit par Amanda Leduc.

L'autrice entremêle son histoire personnelle à celles des contes de fées. Sa réflexion est ponctuée de son expérience de femme handicapée (elle a une paralysie cérébrale), du harcèlement dont elle a été victime à l'école à la dépression dont elle a souffert à l'âge adulte, en passant par les notes de son médecin, qui content aussi d'une certaine manière une histoire, celle de son corps du point de vue de la médecine.

Si les contes de fées ont d'abord eu une visée moralisatrice, il en reste des séquelles aujourd'hui. Les "happy ends" à la Disney mettent en lumière la vision que la société a toujours eu du handicap. Car si celui-ci est représenté, c'est toujours de manière négative. Qu'il soit érigé en symbole ou fasse preuve de punition, il n'y a pas de fin heureuse si le handicap ne disparaît pas. Pensez à Ariel et ses jambes. À la Bête devenue un beau prince. de plus, les antagonistes souffrent aussi dans de nombreux cas de psychoses, renforçant le stigma autour des maladies mentales.

Amanda Leduc renverse notre perception des contes de notre enfance, auxquels il est difficile d'échapper, difficile de ne pas chercher à s'identifier. Les contes de fées ont tellement envahi notre inconscient collectif qu'on doit faire preuve de résistance pour à l'ébahissement général, ne pas rêver d'un happy end validiste & héténormé.

Et si le happy end était une continuité plutôt qu'une fin ? Un changement, non pas de l'identité de la personne, mais de notre société qui ne fait actuellement pas de place pour tout le monde ? Et si ce changement commençait par un chamboulement des représentations traditionnelles et validistes des héros et des méchants, et de leurs quêtes ? À quand une princesse à lunettes, en fauteuil roulant, neuroatypique, naine ou dépressive ? J'attends avec impatience de lire les contes de fées de demain.

P. S. Attention, la postface du livre spoile énormément la série Game of Thrones.