Il est toujours intéressant de lire des témoignages du passé, pour comparer avec la réalité d'aujourd'hui.
Si la médecine a énormément évolué en 50 ans, les connaissances, le matériel, comme les traitements, ainsi que les conditions d'hospitalisation dans le public, où les chambres communes ont définitivement disparu - quoique aux urgences les couloirs y ressemblent parfois -, les conditions d'exercice des infirmières et aides-soignantes ne semblent pas s'être améliorées de beaucoup.
Visiblement, déjà dans les années 60, les jeunes diplômées partaient en courant, déçues et frustrées de ne pouvoir vivre leur métier comme elles en avaient rêvé, dans des conditions acceptables. Ne restaient alors que celles qui se consacraient entièrement à leur vocation, renonçant à toute vie de famille ou de loisirs ?
Quand on aura compris que bientôt plus personne ne voudra être dans le métier, nous soignera-t-on avec des robots ?
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Il y a une cinquantaine d'années l'auteure a travaillé comme infirmière principalement dans des services de neurochirurgies et de dialyse rénale. Son témoignage révèle des problèmes sérieux dans l'organisation des services et la pression énorme qui pèse sur les épaules du personnel soignant. Au bout de quelques années elle quittera d'ailleurs le profession. Bien qu'en cinquante ans la situation ait pu s'améliorer et que les systèmes français et québécois soient assez différents, cette dénonciation reste malheureusement d'actualité. La charge de travail des infirmières en centre hospitalier reste insensée, le temps supplémentaire obligatoire est une plaie récurrente notamment. Mais même si le message reste pertinent, la lecture est un peu décevante car l”écriture est banale, désincarnée, et ne transmet presque pas la compassion qui est pourtant le lot quotidien des ces travailleuses.
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(Années 70)
"C'était décidé : j'allais donner ma démission du rein artificiel. J'en avais assez de travailler comme une folle, assez de côtoyer tant de misères.(…)
Dialogue avec la surveillante :
" Fermez la porte. Qu'est-ce que c'est que cette histoire de démission ? Vous auriez pu m'en parler ?
- Je ne demandais pas mieux. Ça fait trois jours que je cherchais en vain à vous rencontrer .
-C'est inadmissible ! On ne part pas comme cela. Et pourquoi partez-vous?
- J'en ai marre du service…
-Ah ! Ça vous prend d'un seul coup !
-Depuis que je suis ici, les infirmières n'arrêtent pas de vous demander d'améliorer leurs conditions de travail et nous ne faites rien.
-Que me reprochez-vous ?
-Je vous reproche, comme beaucoup de médecins, de ne pas vous inquiéter de la santé, des nerfs et de la dignité de vos infirmières. "
"Cette fausse conception du dévouement, du service du malade a comme conséquence que les deux tiers des infirmières abandonnent le métier au bout de quelques années pour se marier, en particulier parce qu'il est presque impossible de travailler en hôpital et d'avoir une vie familiale. Est-ce normal ?"
1965
"En fait, bien que stagiaire, je faisais maintenant fonction d'infirmière. Le métier est tellement dur que chaque année des centaines de jeunes diplômées l'abandonnent pour se marier, pour ne pas devenir folles, pour respirer."
Page 23
En septembre 1967, je fus reçue à mon diplôme d'État. Dès la proclamation des résultats, je me mis en quête d'un poste à occuper. Je n'avais pas cherché de travail auparavant car, étant donné la pénurie d'infirmières, je savais que j'en trouverais immédiatement .