Boston,
Depuis quelques mois, Patrick est seul. Suite au dénouement de l'affaire concernant la disparition de la petite Amanda, un profond désaccord a fait fuir Angela. Sa popularité s'est détériorée et il entretient des relations très conflictuelles avec les services de police qui le boudent. Seuls Devin et Oscar continuent de le côtoyer.
Alors que Patrick se balade avec Bubba dans la rue de l'église Saint-Bathélémy, une jeune femme avec qui il avait rendez-vous, l'accoste. Aussitôt, il pense que Karen Nichols est le style de femme "à repasser ses chaussettes" ; toute douce, petite, tirée à quatre épingles, lumineuse...
Elle souhaiterait lui confier son tourment... Cody Falk, un homme rencontré à son club de gym, la harcèle et se montre de plus en plus violent.
Après quelques renseignements pris auprès de Devin, Patrick, assisté de Bubba, rend visite à Falk et règle de manière expéditive et énergique ce dilemme. L'histoire est classée, le persécuteur a retenu le message à coup de raquette de tennis et de roulette russe avec un calibre 22 monté d'un silencieux.
Six mois ont passé... La radio annonce la mort de Karen Nichols. Elle se serait suicidée en se jetant de la terrasse panoramique d'une tour.
Lorsque Patrick entend l'information, il revoit en pensée la jeune femme et se rappelle les quelques messages laissés sur le répondeur de son téléphone. Des appels angoissés, embarrassés, qui reflétaient son trouble.
"- Bonjour, Monsieur Kenzie. C'est Karen. Vous, euh... Vous m'avez aidé il y a un mois, ou peut-être six semaines ? Alors, je , euh... Enfin, rappelez-moi, d'accord ? Je, j'aimerais vous parler de quelques chose...."
Mais à cette époque, Patrick avait projeté un voyage et il était parti sans prendre la peine de la re-contacter.
À présent, l'incompréhension et le remords le taraude. Les journaux et les informations télévisées présentent Karen comme une femme droguée, alcoolique, qui se prostituait.
Qui était réellement Karen ? Qu'avait-elle subi pour sombrer dans la déchéance ? On la disait fragile, dépressive, atteinte par des souvenirs d'enfance traumatisants. Qui l'a blessée et humiliée pour qu'elle s'abîme ainsi ?
Patrick, obsédé par cette mort, souhaite réparer son indifférence et intrigué par la double personnalité de Karen, commence à questionner son entourage, ses parents, ses amis , sa psychiatre et les flics chargés de l'enquête.
Elle a été déçue et son désenchantement a crevé la sphère qui la protégeait.
"Personne n'aime personne."
L'histoire s'annonce bien plus alambiquée qu'elle ne se présente. Une partie d'échec se joue et l'adversaire mène pour l'instant une stratégie très psychologique et machiavélique. A Patrick de le contrer, et il le fera avec l'aide de Bubba et... d'Angie qui reviendra. Sans elle, son soutien, la vie est vaine et sépulcrale.
Ce livre est le cinquième volet des enquêtes de Patrick Kenzie et Angela Gennaro. Je l'ai relu avec autant de plaisir que pour la première fois. La violence est toujours présente mais avec une force beaucoup plus mentale. Quant à l'humour, il est vitriolé, sarcastique et glacial. Dans ce tome, on retrouve Patrick fatigué, las, désabusé, en manque d'Angie qui était sa force et son ambition. Il y a aussi Bubba bien plus actif que dans les autres épisodes... un Bubba qui arrive à témoigner sa tendresse et sa fidélité avec beaucoup d'énergie et qui succombe aux flèches de Cupidon (Ca fait plaisir à lire !)... Tous sont usés, tous vont prendre des coups, mais la solidarité, l'amour qui les unit, les fera vaincre.
On se doute de l'épilogue, cependant on reste toujours sous le charme des personnages et de l'écriture de l'auteur. de ce livre, je retiendrai un message : la loyauté. Comme le dit Stevie Zambuca, un parrain mafieux : "Vous savez, la loyauté, ça ne s'apprend pas. Ca ne se commande pas. C'est comme l'amour. Vous l'avez dans votre coeur ou vous ne l'avez pas." Ce sentiment circule dans les veines de Pat, Angie et Bubba, il les soude pour le meilleur et pour le pire.
Avant-dernier de la série, il nous reste à découvrir le sixième que nous n'avons jamais lu "
Moonlight Mile"... Il me tarde et en même temps je ne suis pas pressée de les quitter.