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François Happe (Traducteur)
EAN : 9782351783511
480 pages
Gallmeister (04/04/2024)
  Existe en édition audio
4.19/5   1231 notes
Résumé :
En cet été de 1974, dans la banlieue irlandaise de South Boston, Mary Pat Fennessey mène une existence routinière. Un soir, Jules, sa fille de dix-sept ans, ne rentre pas à la maison, et sa trace disparaît dans la chaleur moite de la ville. La même nuit, un jeune Noir se fait mortellement percuter par un train dans des circonstances suspectes. Ces deux événements sans lien apparent plongent les habitants de Southie dans le trouble.
D'autant que la récente pol... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (226) Voir plus Ajouter une critique
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Mary Pat Fennessy. Ce nom, je ne l'oublierai pas. Cela fait très longtemps que je n'avais pas fait la rencontre d'un personnage féminin d'une telle envergure. Quarante-deux ans. Deux boulots pour joindre les deux bouts dont un d'aide-soignante dans une maison de retraite. Un premier mari, mort jeune. Une deuxième mariage effondré. Un fils mort d'overdose au retour du Vietnam. Une fille de dix-sept ans, Jules, tout ce qu'il lui reste. Mais Jules disparait après une sortie entre amis, la même nuit où un jeune Noir est retrouvé mort près d'une station de métro.

Le scénario est immédiatement propulsif avec son mystère à trois volets : où est Jules ? Qu'est-il arrivé au jeune Noir ? Les deux événements sont-ils liés ? D'autant plus propulsif que c'est Mary-Pat qui se lance dans sa propre enquête voyant que l'officielle n'avance pas. Et que Mary-Pat, c'est un bulldozer.

Mary-Pat, c'est le pur produit de son terroir, South Boston, quartier blanc de la classe ouvrière irlandaise. Une dure à cuire qui n'a jamais connu que sa communauté et en partage totalement les valeurs, y compris les plus rances. Et durant cet été 1974, ça chauffe.

Pour mettre fin de facto de la ségrégation raciale dans les écoles publiques, le juge fédéral Garrity a décidé la mise en place du busing : le transport par bus des enfants des quartiers blancs vers des écoles à majorité noire et vice versa. Ce sont les quartiers pauvres de South Boston et Roxbury qui sont choisis les premiers, déclenchant la fureur des Américano-irlandais de Southie. le contexte historique est bouillonnant et donne immédiatement un surcroit d'intensité et d'épaisseur au drame vécue par Mary-Pat dans cette poudrière attisée par les tensions raciales.

« Bobby est frappé de constater que quelque chose d'irrémédiablement détruit et de totalement indestructible à la fois vit au plus profond de cette femme. Et ces deux caractéristiques ne peuvent pas coexister. Une personne détruite ne peut pas être indestructible. Et pourtant, Mary Pat Fennessy est assise là devant lui, détruite mais indestructible. »

La disparition de sa fille remet tout en question chez la mère, et notamment le mantra selon lequel les Irlandais de South Boston peuvent compter les uns sur les autres, formant un vrai «  peuple ». Une révolution s'opère en elle lorsqu'elle se heurte au silence, l'omerta même, imposé par le parrain local. Par désespoir, elle est prête à tout faire péter. Animée par une colère et une haine telluriques, elle part en guerre pour retrouver sa fille, avec la détermination d'une héroïne de tragédie grecque.

Aux cotés de Mary-Pat la guerrière obstinée, le lecteur se retrouve pris dans une intrigue remarquablement menée, emplie d'un puissant souffle romanesque et d'une urgence renversante. Entre scènes d'action saisissantes, denses moments intimistes et dialogues comme pris sur le vif, sa quête est bouleversante.

Et c'est d'autant plus fort que Mary-Pat n'est pas une héroïne « sympathique »
au départ. Elle est archi violente, toujours prête à dégainer ses poings ou son couteau pour se lancer dans la baston. Surtout, elle est imprégnée des préjugés racistes de son époque et de son quartier. Même si elle commence à déconstruire tout ce qu'elle pensait a priori, on sent bien qu'il n'y a pas de rédemption possible pour elle, juste une vengeance à accomplir , celle de ceux qui ont tout perdu et qui pleurent sous le poids inéluctable de la violence transmise par des préjugés mortifères.

Un grand Lehane, ( quasi ) dans la lignée de Mystic River et Un Pays à l'Aube, porté par une charismatique héroïne à laquelle l'auteur offre une déchirante élégie furiosa conclue en un final ébouriffant.
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Le silence durait déjà depuis 2017, mais après six ans d'absence revoilà Dennis Lehane aux manettes d'un polar noir bouleversant et intelligent, mêlant intrigue policière, racisme et drame familial sur fond historique.

S'inspirant d'une scène marquante de son enfance, l'auteur dont les ouvrages ont été adaptés par Clint Eastwood (Mystic River), Ben Affleck (Gone Baby Gone) et Martin Scorsese (Shutter Island) nous propulse à Boston en 1974. Dennis Lehane n'avait que neuf ans à l'époque où sa ville natale s'est retrouvé en pleine ébullition suite à la décision d'un juge fédéral qui, afin de favoriser la mixité, venait de décréter la déségrégation des écoles publiques de la région de Boston. Afin de briser les frontières entre des quartiers populaires majoritairement blancs et majoritairement noirs, les autorités ont en effet instauré un système appelé « busing », affrétant des bus pour transporter des élèves afro-américains dans les écoles exclusivement blanches et vice-versa.

C'est dans cette ambiance de révolte historique que Dennis Lehane invite à suivre les pas de Mary Pat Fennessy, une Irlandaise pur jus issue de la classe ouvrière du quartier irlandais de South Boston, qui ne voit pas cette nouvelle loi d'un bon oeil et qui compte d'ailleurs aller manifester afin d'éviter que sa fille de dix-sept ans se retrouve quotidiennement dans un quartier peuplé de nègres. Et oui, l'héroïne de ce roman est une femme forte, élevée à la dure et affublée d'un caractère bien trempé, mais c'est également une irlandaise bagarreuse, portée sur la boisson et foncièrement raciste…comme la plupart des gens de sa communauté… même si cela n'est pas forcément une excuse valable.

Dennis Lehane nous plonge donc une nouvelle fois au coeur d'une communauté irlandaise de Boston pauvre, raciste, ségrégationniste et pas vraiment étrangère aux violences raciales qui font rage. Bourrée de préjugés transmis au fil des générations par cette communauté bâtie sur des liens familiaux, mafieux et communautaires forts, Mary Pat va progressivement prendre conscience des dangers de cet engrenage destructeur visant à entretenir une haine basée sur la différence, pour finalement incarner ce merveilleux cri de rage qui pousse à crier STOP au racisme !

« Appelez-les niaks, appelez-les nègres, appelez-les youpins, micks, métèques, ritals ou bouffeurs de grenouilles, appelez-les comme vous voulez, pourvu que vous leur colliez un nom quelconque qui enlève une couche d'humanité à leur corps quand vous les évoquez. C'est ça le but recherché. Si vous pouvez faire ça, vous pouvez faire en sorte que des jeunes hommes traversent des océans pour aller tuer d'autres jeunes hommes, ou vous pouvez aussi les faire rester ici chez eux, et leur faire faire la même chose. »

« le Silence » est donc surtout une prise de conscience, un cri du coeur émanant d'un magnifique portrait de femme, qui invite à réfléchir sur les origines du racisme actuel aux États-Unis, à s'ouvrir au changement, à s'extraire d'un héritage ségrégationniste, à ne plus transmettre bêtement la haine de l'autre à la génération suivante car la misère sociale ne doit pas forcément aller de pair avec la pauvreté intellectuelle.

« Vous avez élevé une enfant qui pensait que haïr des gens parce que Dieu leur a donné une couleur de peau différente était quelque chose de normal. Vous avez autorisé cette haine. Vous l'avez probablement engendrée. Et votre gamine et ses amis racistes tels que vous, ont été lâchés dans le monde pareils à des putains de grenades bourrées de haine et de stupidité… »

Coup de coeur !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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Bien que l'ayant conseillé plusieurs fois suite à des retours dithyrambiques de personnes dont j'apprécie les gouts, je n'avais jamais pris le temps de lire Dennis Lehane. Cela dit, je ne suis pas la seule à conseiller des livres que je n'ai pas lus. Se reconnaitra qui voudra ;-)
Et je ne l'ai toujours pas lu, mais … écouté. Et celui-ci se prêtait bien à l'écoute. Il n'était pas nécessaire de le lire d'une traite, la fin étant assez prévisible, sans que cela ne soit un défaut, bien au contraire. J'ai pu donc savourer le texte de Dennis Lehane, tranquillement. La voix de la narratrice est très expressive et transmet parfaitement les émotions. Elle excelle à interpréter les différents personnages, à formuler les onomatopées. Une des meilleures narratrices que j'ai écoutées depuis ma découverte des livres audio.

On est en 1974 à South Boston, dit Southie. La rentrée scolaire s'annonce explosive. Pour mettre fin à la ségrégation envers les noirs, un juge a décidé d'envoyer des élèves noirs dans un lycée de blancs, et réciproquement. La fille de Mary Pat Fenessey est concernée, mais bientôt cela ne sera plus le souci de Mary Pat. Sa fille disparait, le soir où un jeune noir est tué dans une station de métro. Commence alors une longue quête pour rompre le silence et découvrir ce qui s'est passé.

Mary Pat est une sacrée bonne femme, irlandaise d'origine comme beaucoup dans cette cité où elle vit. Son talent principal, savoir se bagarrer, et depuis toute petite. Et ce talent lui sera bien utile dans sa croisade contre le silence. Son premier mari est mort, son deuxième l'a quittée et son fis a fait une overdose, au retour du Vietnam. Jules est tout ce qui lui reste et sa disparition l'achève. Plus rien ne peut l'arrêter et surtout pas la peur des conséquences, peur qui maintient les habitants de Southie dans la volonté de ne pas voir ce qui dérange, et surtout pas les exactions commis par la bande de Marty Butler qui règne sur le quartier.

Mary Pat va enquêter à sa manière, beaucoup plus efficace que celle de l'inspecteur Bobby, deuxième personnage clé de ce roman. Et une curieuse relation va se nouer entre ces deux-là, tous les deux d'origine irlandaise, l'une raciste, l'autre non, l'une désespérée, l'autre rencontrant l'espoir d'une vie meilleure, l'une dont les enfants ne sont plus là, l'autre papa d'un petit garçon de neuf ans bien vivant. Ils vont se parler, à plusieurs reprises. Il ne pourra pas la faire revenir en arrière, juste peut-être lui faire prendre conscience de l'engrenage du racisme et des violences. Et c'est passionnant de voir comment cette femme va commencer à réfléchir sur tout cela, de comprendre avec elle comment ce racisme est profondément ancré dans le coeur des blancs de Southie, transmis de générations en générations. Cette haine , ancrée en eux, c'est la raison pour laquelle le deuxième mari de Mary Pat est parti
« Mais c'est ce qu'il a dit le jour où il est parti. Il a dit : “Ta haine me fait honte.” »

J'ai aimé profondément cette femme, elle m'a émue, elle est raciste, violente, bourrée de préjugés, mais elle aimait sa fille, mémé si elle ne lui montrait pas beaucoup, et elle est dévastée par sa disparition. Elle va réagir de la seule façon qu'elle maitrise, c'est son talent, ce à quoi elle est bonne , la bagarre :
« Chaque fois qu'une personne s'en est prise à elle, elle a riposté, tout au long de son histoire, contre tous ceux qui l'ont maltraitée, qui lui ont tiré les cheveux, une oreille ou le bout d'un sein, tous ceux qui lui ont hurlé dessus, qui lui ont mal parlé, qui l'ont frappée avec une ceinture ou une chaussure. Tous ceux qui l'ont fait se sentir comme une petite fille effrayée, se demandant dans quel foutu merdier elle était née. »

Et n'oublions pas l'écriture, forte, qui prend aux tripes et ne vous lâche pas. Un formidable roman.
J'avais raison de conseiller l'auteur ;-)
Merci à NetGalley et aux éditions Audiolib pour ce partage #LeSilence #NetGalleyFrance
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Qui dit NY pense à Auster, L.A. à Fante, Frisco à Maupin ou Brooklyn à Boyle… Quant à Boston, l'association avec Dennis Lehane apparaît comme une évidence. Et six ans après son dernier (et oubliable) livre, il y retourne avec le Silence, traduit par François Happe, et on le retrouve en bien meilleure forme !

En 1974, alors que les États-Unis achèvent leur retrait du Vietnam, les actions de déségrégation s'intensifient et les autorités se préparent à lancer les premières opérations de « busing », transportant des élèves noirs dans des écoles blanches et vice-versa, pour favoriser la mixité.

Mais à Boston la grise, la diaspora irlandaise du quartier de Southie dont fait partie Mary-Pat n'y est pas du tout prête, tout comme la mafia locale aux mains des mêmes Irlandais (les « Mick » ou les « Paddy »), qui n'apprécient rien tant que la discrétion et le calme pour que les affaires tournent.

« Elle ne peut pas en vouloir aux gens de couleur d'avoir envie de s'échapper de leur trou merdique, mais ça n'a pas de sens de vouloir l'échanger contre son trou merdique à elle »

C'est dans ce contexte qu'un matin, Mary Pat constate que sa fille Jules, 17 ans, n'est pas rentrée de sa sortie nocturne et s'inquiète au fur et à mesure que les jours passent sans nouvelles. D'autant que dans le même temps, Augie Williamson, un jeune noir qui s'est égaré dans le mauvais quartier, est retrouvé écrasé sous les roues du métro…

Que Mary Pat se tourne vers ses relations, la police ou les boss de la mafia locale avec qui elle est particulièrement liée, la réponse et la même : attendre. C'est mal la connaître et prenant elle-même les choses en main, elle va vite découvrir la face cachée de sa propre communauté. Ça suffit pour le pitch sinon je vais vous raconter le livre.

Disons-le direct, je l'ai dévoré d'une seule traite au cours d'une (trop longue) nuit d'insomnie auquel il convenait parfaitement. Et j'ai apprécié de retrouver le ton, la verve, l'ambiance, la dynamique et la construction impeccable et addictive du Lehane des débuts.

Tu as les auteurs qui font du polar et puis, à part, tu as Lehane, celui pour qui ça parait si facile d'écrire, un peu comme le mec qui fait du vélo sans les mains, qui reste sous l'eau plus de deux minutes, qui sait toucher son nez avec sa langue ou qui a chopé 4 000 abonnés sur Instagram en 2 semaines (enfin ça, on sait comment il faut faire…).

Dans le Silence, tout est propre, nickel : la trame bien sûr garantissant l'effet pageturner ; l'absence totale d'artifices, qui garantit la crédibilité ; la construction, qui ne cherche jamais l'inutile surcomplication (si ça existe ce mot !) ; mais aussi les dimensions sociétales et historiques, sans omettre ce regard amoureux porté sur sa ville de coeur.

Lehane nous donne à voir à travers Mary-Pat, un monde qui bascule et des repères qui changent, dans un microcosme bostonien à deux vitesses, entre ceux qui ont anticipé l'inéluctable et ceux qui le subissent accrochés au statu-quo, n'entendant pas le silence annonciateur du changement dans le brouhaha du chaos en marche.

« Mais vous n'entendez pas
Qu'est-ce que je n'entends pas ?
(../…)
Le silence »

Et tranchant le jeu de ping-pong des différentes communautés qui se stigmatisent mutuellement, Lehane renvoie chaque protagoniste à sa propre responsabilité face aux origines du drame.

« Vous avez élevé une enfant qui pensait que haïr des gens parce que Dieu leur a donné une couleur de peau différente était normal. Vous avez autorisé cette haine. Vous l'avez probablement engendrée. Et votre gamine et ses amis racistes (…) ont été lâchés dans le monde pareils à des grenades bourrées de haine et de stupidité ».

Addictif et puissant !
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Été 1974, Boston. La vie n'a pas toujours épargné Mary Pat Fennessy. Un premier mari mort jeune, un second qui l'a quittée, un fils, Noel, décédé d'une overdose peu après son retour du Vietnam, un boulot d'aide soignante dans un établissement pour personnes âgées qui couvre à peine ses dépenses. Heureusement qu'elle a sa fille, Jules, pour qui elle donnerait tout. Aussi, lorsqu'un juge fédéral a décrété qu'il était temps pour les élèves blancs et noirs de troquer leurs places sur les bancs de l'école, afin de lutter contre la ségrégation scolaire, elle fera partie des parents d'élèves qui iront manifester contre le busing, Jules devant intégrer, à la rentrée, l'école de Roxbury. Dans tout South Boston, les esprits commencent à s'échauffer. C'est dans cette ambiance tendue qu'un matin, Mary Pat découvre que sa fille n'est pas rentrée de la nuit, alors qu'elle sortait avec sa meilleure amie, Brenda, et son petit ami, Rum. Ce même soir, un jeune noir, Auggie Williamson, le fils d'une de ses collègues, meurt, percuté par une rame de train. Mary Pat va tout faire pour retrouver Jules...

Voilà déjà six ans que Dennis Lehane n'avait pas écrit un roman, occupé qu'il était à écrire surtout pour la télé. Ces six années valaient-elles le coup d'attendre ? Assurément oui ! Car il nous offre avec le silence un roman fort, puissant, tout à la fois tragique et émouvant, sur fond historique passionnant. de ses souvenirs de l'été 74 et à partir d'un sombre fait divers, celui d'une Mexicaine qui s'est attaquée aux membres d'un cartel de drogue qui avait tué sa fille, l'auteur déroule alors toute une histoire criante de vérité. Celle de Mary Pat, dont la fille a disparu et qui va oser s'en prendre à plus fort qu'elle, celle de la ville de Boston en proie au racisme et aux manifestations, de ces gamins intrépides, de ces cartels qui ont la mainmise sur les quartiers, cette vie difficile à l'horizon bouché dans ce quartier de Southie. Mary Pat Fennessy est de ces femmes que l'on ne peut oublier. Une Irlandaise au fort caractère, bourrée de préjugés, qui ne sait garder ni sa langue ni ses mains dans les poches, fumeuse, un brin portée sur la boisson et raciste. Et pourtant, l'on y décèle, au fil des événements, une femme à fleur de peau, une mère courageuse dotée d'un grand coeur et qui, peu à peu, va revoir ses propres jugements et s'ouvrir au changement. Autour d'elle, des personnages secondaires violents, lâches, téméraires, racistes... Seul ce flic, Bobby Coyne, en charge de l'enquête, vient apporter un peu de légèreté. D'une écriture forte et travaillée, Dennis Lehane dénonce les préjugés raciaux, la merchandisation de la drogue et la spirale de la violence.
À la fois noir, historique et social, un roman puissant et bouleversant...
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critiques presse (13)
LaTribuneDeGeneve
19 février 2024
Scénariste et légende du roman noir, l?Américain publie son quinzième ouvrage où il revient sur une crise raciale qui déchira sa ville natale dans les années 70.
Lire la critique sur le site : LaTribuneDeGeneve
Bibliobs
11 juillet 2023
L’auteur de « Mystic River », de « Shutter Island » n’a pas son pareil pour triturer la pâte humaine de ses héros.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Culturebox
26 juin 2023
Dennis Lehane signe un grand roman sur l’Amérique des années 70, une Amérique où la ségrégation ne veut pas mourir. Le silence est un livre sur une mère-courage qui met à mal un système qui dévore ses propres enfants. Magistral.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Culturebox
13 juin 2023
Dennis Lehane signe un grand roman sur l’Amérique des années 70, une Amérique où la ségrégation ne veut pas mourir. "Le silence" est un livre sur une mère-courage qui met à mal un système qui dévore ses propres enfants.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Actualitte
13 juin 2023
Le Silence, c’est l’itinéraire d’une mère seule contre tous, à qui une communauté entière va fermer ses portes alors qu’elle y a grandi. Un roman qui comporte peu de suspense à proprement parler ; chaque page plonge un peu plus le lecteur dans la folie vengeresse de cette Mary Pat guidée par sa haine, sa solitude et son cœur brisé.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LeFigaro
22 mai 2023
En 1974, à Boston, tandis que les violences raciales font rage, une mère cherche sa fillette disparue. Bouleversant.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LaLibreBelgique
22 mai 2023
Parution mondiale pour "Le Silence", portrait d’une femme hors du commun prise au piège d’une situation extrême.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeSoir
22 mai 2023
Avec « Le silence », l’auteur de « Shutter Island » et « Mystic River » livre un formidable suspense en forme de tragédie moderne sur les traces d’une mère bien décidée à faire payer tous ceux qui ont contribué à la disparition de sa fille.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Culturebox
17 mai 2023
Dans la confrérie des grands auteurs américains de polars contemporains, Dennis Lehane a une place de choix, aux côtés des Don Winslow, James Ellroy ou Michael Connely. En atteste son dernier roman : "Le Silence", publié aux éditions Gallmeister,
Lire la critique sur le site : Culturebox
Après six ans de silence, l’auteur de Mystic River et Shutter Island nous revient enfin. Avec un superbe roman noir.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LaCroix
12 mai 2023
Six ans après son dernier roman, Dennis Lehane revient avec un récit intense, brodé d’émotion, de chair et de sang, la quête furieuse d’une mère dans les quartiers populaires de Boston au milieu des années 1970.
Lire la critique sur le site : LaCroix
LeDevoir
09 mai 2023
Dennis Lehane présente une fresque campée au milieu des tensions raciales qui ont divisé Boston dans les années 1970.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
Liberation
21 avril 2023
L’auteur de «Mystic River» ou «Shutter Island» mêle la quête d’une mère dont la fille a disparu dans les émeutes racistes qui ont enflammé, en 1974, la ville où il a grandi.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (163) Voir plus Ajouter une citation
Mary Pat pénètre à l’intérieur et elles restent là, juste derrière la porte, ces deux sœurs qui n’ont jamais été proches. L’appartement de Peg compte trois chambres où dorment actuellement neuf personnes, le couloir qui le traverse de part en part allant de la porte d’entrée jusqu’à la cuisine tout au fond, et les chambres donnant sur le couloir. Le bruit qui règne dans cet endroit dépasse, comme toujours, de plusieurs décibels le niveau au-delà duquel la plupart des êtres humains ne pourraient plus s’entendre penser.
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Debout, là, en face d’elle, il a la sensation soudaine de sa grande solitude. De tout cet enchaînement de traumatismes, grands et petits, qui a constitué sa vie.
— Madame Fennessy, s’il vous plaît, rentrez chez vous.
— Pour faire quoi ?
Tout ce que vous faites quand vous êtes chez vous.
— Et puis après, quoi ?
— Vous vous levez le lendemain et vous recommencez.
Elle secoue la tête.
— Ce n’est pas vivre, ça.
— Ça l’est si vous savez en découvrir les petits bonheurs.
Elle sourit, mais ce qui brille dans ses yeux est une lueur de souffrance.
— Tous mes petits bonheurs ont disparu.
— En êtes-vous sûre ?
— Oh, j’en suis sûre.
— Alors, trouvez-en de nouveaux.
Elle secoue la tête.
— Il n’y en a plus à trouver.
Bobby est frappé de constater que quelque chose d’irrémédiablement détruit et de totalement indestructible à la fois vit au plus profond de cette femme. Et ces deux caractéristiques ne peuvent pas coexister. Une personne détruite ne peut pas être indestructible.
Une personne indestructible ne peut pas être détruite. Et pourtant, Mary Pat Fennessy est assise là, devant lui, détruite, mais indestructible. Ce paradoxe fiche une trouille pas possible à Bobby.
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Sa fille la regarde droit dans les yeux – ce qui est d’une rareté absolue depuis ses premières règles, il y a six ans – et son regard est en même temps plein de désespoir et d’aspiration. L’espace d’un instant, Mary Pat voit une image d’elle-même dans ce regard… mais quelle image ? Quelle Mary Pat ? Cela fait combien de temps qu’elle n’a pas aspiré à quelque chose ? Cela fait combien de temps qu’elle n’a pas osé croire quelque chose d’aussi fou que quelqu’un, quelque part, possède les réponses à des questions qu’elle ne peut même pas formuler ?
Jules détourne les yeux, se mord la lèvre, une habitude chez elle, quand elle refoule ses larmes.
— Je veux dire, où est-ce qu’on va, m’man ? La semaine prochaine, l’année prochaine ? Tu sais, qu’est-ce que…, bredouille-t-elle, à quoi… Pourquoi on fait ça ?
— On fait quoi ?
— Aller à droite et à gauche, faire des courses, se lever, aller se coucher, pour se relever le lendemain matin ? Qu’est-ce qu’on essaie de… tu sais, je veux dire… d’accomplir.
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Elle a l’impression que, partout, des yeux sont braqués sur elle. Elle se demande si quelqu’un ne va pas bondir devant sa voiture en hurlant : “Une femme blanche !” avant qu’ils ne lui tombent tous dessus et la mettent en pièces.
C’est bien le genre de truc qu’ils font dans le coin, non ? À l’affût de la Blanche qui ne se méfie pas, d’une Blanche paumée, d’une bonne poire de sale Blanche ? Et ils vont lui montrer qui sont vraiment les maîtres dans ces rues et à quel point ils ont la rage.
Elle n’a aucune idée de la raison pour laquelle ils la haïssent tant, mais elle sent leur haine dans les regards qu’elle ne veut pas croiser, les regards qu’elle ne voit pas véritablement, mais elle sait qu’ils sont là, ces regards lancés de sous des paupières lourdes et menaçantes et auxquels n’échappe aucun de ses gestes.
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Mary Pat dévie de sa trajectoire et elle doit donner un brusque coup de volant pour éviter un taxi qui vient en sens inverse. Non pas à cause de ce que George a dit. Mais à cause d’un fragment de souvenir du dernier jour qu’elle a passé avec Jules qui lui revient. Elles marchaient dans Old Colony, et Jules avait basculé dans cette étrange humeur sombre qui était devenue si exaspérante que Mary Pat lui avait demandé si elle allait avoir ses règles. À quoi Jules avait répondu :
Non, m’man. Sûr que non.
Elle essayait de me dire quelque chose, pense Mary Pat. Et je n’ai pas entendu. Je n’ai pas vu et je n’ai pas entendu. Parce que je ne le voulais pas. Parce que la vérité fait mal, la vérité a un coût, la vérité bouleverse votre monde.
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