Au revoir là-haut ! A ces mots,
Alain Resnais aurait alors répondu à travers ces quelques paroles fredonnées…
[Albert Maillard à son alter ego Edouard]
♫ Toi le frère que je n'ai jamais eu
Si tu savais ce que j'ai bu
De mes chagrins en solitaire
Si tu m'avais pas fait faux bond
Tu aurais fini mes biftons
Tu aurais appris à m'en défaire ♪ ♫
[Edouard Péricourt hurlant sa blessure paternelle]
♫ Hein sacré papa !
Dis-moi où es-tu caché !
Ça doit...
Faire au moins mille fois que j'ai
Compté mes doigts
Hé!
Où t'es? Papaoutai? ♪ ♫
[M. Péricourt, riche de tout sauf d'humanité envers son fils]
♪ Mon fils
Essaie de me comprendre
Je ne sais pas bien m'y prendre
Et puis l'on ne s'est jamais parlé
J'essaie de t'expliquer
Que tout peut arriver
Que rien d'humain n'est éternel
Même quand les sentiments s'en mêlent ♪ ♫
Après avoir dévoré ses cinq précédents romans plus ou moins noirs, on se dit :
Lemaitre, « On connait la chanson...»
Eh bien non, Lemaitre réinvente Lemaitre avec une histoire passionnante de deux jeunes gueules cassées devenus inséparables à la fin de la guerre 14-18 dont le destin se trouve lié à une véritable crapule sans nom mais avec particule !
Autant
Laurent Gaudé sublimait dans "
Cris" de manière poétique les derniers moments de bravoure durant cette guerre abominable jusqu'à s'autoriser des digressions fantastiques, autant
Pierre Lemaitre construit l'ensemble de son roman dans une terrible réalité (même romancée) à partir d'un événement abominable à la toute fin de la guerre et de faits crapuleux qui ont pu existé malheureusement.
Pour conclure, contrairement à ses polars ponctués de fulgurances et inévitablement de coups de pompe, «
Au revoir là-haut » est juste magistral du début à la fin, sans vous permettre de relâcher une seule seconde votre attention de l'histoire magnifiquement contée.
A dévorer absolument pour ceux qui n'auraient pas encore découvert Lemaitre du roman, plus seulement du polar !
Ps : Pour faire la fine bouche, l'épilogue m'a semblé un peu lapidaire pour un roman de cette qualité.