AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,38

sur 13708 notes
Au revoir là-haut ! A ces mots, Alain Resnais aurait alors répondu à travers ces quelques paroles fredonnées…

[Albert Maillard à son alter ego Edouard]

♫ Toi le frère que je n'ai jamais eu
Si tu savais ce que j'ai bu
De mes chagrins en solitaire

Si tu m'avais pas fait faux bond
Tu aurais fini mes biftons
Tu aurais appris à m'en défaire ♪ ♫

[Edouard Péricourt hurlant sa blessure paternelle]

♫ Hein sacré papa !
Dis-moi où es-tu caché !
Ça doit...
Faire au moins mille fois que j'ai
Compté mes doigts
Hé!
Où t'es? Papaoutai? ♪ ♫

[M. Péricourt, riche de tout sauf d'humanité envers son fils]

♪ Mon fils
Essaie de me comprendre
Je ne sais pas bien m'y prendre
Et puis l'on ne s'est jamais parlé

J'essaie de t'expliquer
Que tout peut arriver
Que rien d'humain n'est éternel
Même quand les sentiments s'en mêlent ♪ ♫

Après avoir dévoré ses cinq précédents romans plus ou moins noirs, on se dit :
Lemaitre, « On connait la chanson...»

Eh bien non, Lemaitre réinvente Lemaitre avec une histoire passionnante de deux jeunes gueules cassées devenus inséparables à la fin de la guerre 14-18 dont le destin se trouve lié à une véritable crapule sans nom mais avec particule !

Autant Laurent Gaudé sublimait dans "Cris" de manière poétique les derniers moments de bravoure durant cette guerre abominable jusqu'à s'autoriser des digressions fantastiques, autant Pierre Lemaitre construit l'ensemble de son roman dans une terrible réalité (même romancée) à partir d'un événement abominable à la toute fin de la guerre et de faits crapuleux qui ont pu existé malheureusement.

Pour conclure, contrairement à ses polars ponctués de fulgurances et inévitablement de coups de pompe, « Au revoir là-haut » est juste magistral du début à la fin, sans vous permettre de relâcher une seule seconde votre attention de l'histoire magnifiquement contée.

A dévorer absolument pour ceux qui n'auraient pas encore découvert Lemaitre du roman, plus seulement du polar !


Ps : Pour faire la fine bouche, l'épilogue m'a semblé un peu lapidaire pour un roman de cette qualité.
Commenter  J’apprécie          6418
Comment imaginer aujourd'hui qu'un obus puisse vous emporter toute la mâchoire et vous laisser pour la vie avec la gueule cassée et l'espérance en miettes ? J'ai beau savoir qu'il s'agit d'une réalité historique, la Première Guerre Mondiale, l'immédiat après-guerre ou les souffrances des blessés, des estropiés et des défigurés me paraissent à des lumières de moi, un peu comme si on me parlait de science-fiction ou de la vie d'une tribu reculée qui vit à l'écart de la civilisation...

Je n'avais donc pas envie de lire Au revoir là-haut, d'autant plus que tout le monde m'en faisait l'éloge et que je soupçonnais Pierre Lemaître de trahison pour avoir abandonné mes polars sanguinolents bien-aimés. Mais, comme on me l'avait prêté et qu'il trainait sur ma table de nuit depuis des mois, je me suis décidée à le lire...

Et j'ai aimé ! Pas tant pour les horreurs de la guerre ou la tragédie des gueules cassées, déjà lues et relues et qui me demeurent pourtant étrangères. Mais pour la galerie de personnages, pour le désespoir magnifique, pour l'amitié, pour la tendresse, pour ces losers qui ont pourtant un grand coeur et ces puissants qui n'en ont pas du tout... Pour le monde des affaires qui n'a pas tellement changé, pour les fantaisies et les arnaques grandioses du héros, pour les minables tellement serviles et tellement ridicules.

Bien plus qu'une histoire singulière, Au revoir là-haut est une comédie humaine en raccourci, qui montre tout ce qu'il peut y avoir de beau en nous : amour, créativité, espoir, courage, honnêteté, générosité, humour. Mais également le côté obscur de la force, d'une part le tragique fondamental de notre condition et d'autre part toutes ces abominables petites ou grandes compromissions que l'homme est parfois prêt à faire pour avoir l'impression de s'élever.

Challenge multi-Défis 2017 : 5/xx
Commenter  J’apprécie          634
Des longueurs ? … Non, aucune longueur pour ma part.
A fond, à fond, à fond.
Je suis partie dans le style du narrateur d' « Amélie Poulain ».
Un Amélie Poulain version négative bien sûr.
Du coup, s'il y a des répétitions, elles ne m'ont pas choquée, elles allaient avec le style, assénées par ce narrateur qui ne me laissait pas lâcher le livre.

Heureusement que je n'ai pas pris connaissance de la version audio si l'auteur a une voix soporifique, cela aurait effectivement gâché pas mal de choses je pense.

Quelqu'un évoque le manque de sobriété. Moi c'est sûrement un peu ce qui m'a plu.
Les personnages frôlent-ils la caricature ? … La caricature de quoi, je me le demande. C'est un roman, bien sûr, pas un documentaire. Et puis à circonstances exceptionnelles, personnages exceptionnels.
L'un rebutant, l'autre énervant, le même attachant, encore un extravagant, voire même délirant, ou un étonnant… donc tout ça avec pas mal de sentiments.

Et la fin est-elle décevante ? … J'ai eu l'avantage d'avoir jeté un oeil sur certaines critiques avant d'avoir fini le livre. Je m'attendais donc à une fin complétement nulle, ce qui est loin d'être le cas tout de même. Avertie, je n'ai pas été déçue.
Mais j'adhère aux remarques sur le manque d'explications, pour cette fin, sur la rapidité du dénouement. Par contre, quand je passe un si long moment en si bonne compagnie, je suis tout à fait prête à oublier un petit dernier moment un peu moins bien.

Un bon coup ce Goncourt donc j'avoue…
Bonne bourre à vous…
Commenter  J’apprécie          637
Face à un prix Goncourt, ma modeste expérience de lectrice m'a appris ceci:
1. attendre que la surexposition médiatique s'éteigne;
2. attendre que le livre fasse son chemin dans toutes les régions francophones et pas qu'à Paris;
3. profiter de cette attente pour faire vivre d'autres livres moins médiatisés et parfois bien meilleurs, à mes yeux.

Ah oui mais là ça fait cinq ans tout de même ! Déjà ? Et on en parle toujours de ce livre ! Il a été magistralement adapté en BD et en film. En plus, la suite est déjà éditée ! Il serait peut-être temps de s'y frotter alors !

J'avoue que la première guerre mondiale n'est pas mon sujet favori, et comme les Poilus, je n'avais pas tellement envie de monter au front. Mais une fois l'assaut lancé, je me suis retrouvée dans le feu de l'action et je m'étonne encore d'avoir remporté une victoire si rapide sur les 576 pages de ce roman.

Avec le recul, j'ai beau chercher une raison de ne pas donner cinq étoiles à ce livre et je n'en trouve pas. Tout y est parfait : la construction du roman, le style, la psychologie des personnages, le délicat dosage entre fiction et grande Histoire, le maintien du suspense et l'intelligence du choix de la fin. J'avais grandement apprécié Pierre Lemaître en tant qu'auteur de polars, je le vénère maintenant dans un registre plus historique.

Inutile de s'étendre d'avantage sur le sujet, tout a été dit de manière bien meilleure par d'autres lectrices et lecteurs car, voyez-vous, le problème avec ma philosophie de l'attente, c'est que je suis la 837ème personne sur Babelio à publier un ressenti sur ce chef-d'oeuvre.

Par contre, l'avantage, c'est que vous l'avez sûrement lu et que vous allez pouvoir me donner votre avis, non ? Nous finirons peut-être par convaincre les quelques sceptiques ou retardataires comme moi de faire la connaissance d'Albert Maillard au plus vite.

Allez ! Je vais pouvoir pleinement profiter du film maintenant ! Et rendez-vous dans un an ou deux pour une chronique de la suite « les couleurs de l'incendie.


Commenter  J’apprécie          6211
Grand Roman, émouvant à l'extrême. L'auteur nous offre un modèle de Littérature avec une écriture magnifique, une histoire palpitante grâce à des personnages hors du commun. La description des caractères n'est pas d'une approche psychologique emmerdante que l'on retrouve chez de nombreux auteurs, Pierre Lemaire ici, nous fait entrer en profondeur dans les pensées des personnages, permettant aux vérités de chacun de s'exprimer. Les dialogues, aussi, sont bien spécifiques à Pierre Lemaitre et sont incomparables par leur pertinence, utilisant des comparaisons paraboliques nous laissant pantois. Les sujets abordés dans le roman nous resteront longtemps en mémoire par leurs cruelles vérités: Dommage que le roman soit fini! Il n'y a pas 6* pour noter...
Commenter  J’apprécie          620
Une oeuvre magnifique, drôle, émouvante, choquante -mais jamais gnan-gnan. C'est avec un plaisir immense que j'ai découvert les aventures incroyables d'Albert et Edouard, rescapés de l'absurde, brisés mais vivants dans un monde d'après-guerre qui les rejette. Pierre Lemaître écrit leur histoire avec virtuosité et fluidité, et elle se dévore, tant les personnages sont attachants et hauts en couleurs, même les sales types. Je n'ai qu'un seul regret : avoir tardé à le lire ; ne faîtes pas la même erreur que moi !
Commenter  J’apprécie          627
Ils ont survécu, Albert et Edouard. Ils vivent, survivent plutôt, Edouard fils d'une grande famille de l'industrie a eu la moitié du visage emportée, gueule cassée il n'a pas voulu rentrer chez lui à la fin de la guerre.

Alors Albert s'occupe de lui, de petits boulots en petits boulots Edouard le timide a du mal à retrouver le cours de sa vie. Dans ces temps troublés de l'après-guerre, où le commerce du culte du poilu enrichi quelques affairiste malhonnêtes, Albert va convaincre Edouard de mettre au point une arnaque aux monuments aux morts. Ils ont donnés leur jeunesse à la France, La France leur doit bien ça.

Narration impeccable, formidablement lisible même dans ses ellipses, de l'horreur des tranchées aux beaux quartiers, 500 pages d'un roman incontournable : un des plus gros succès de librairie de ces dernières années : le Goncourt 2013 « Au revoir là-haut » de Pierre Lemaitre.
Commenter  J’apprécie          627
Un a priori ridicule (c'est le propre des a priori) vis-à-vis de l'auteur (peut-être à cause de sa tête fatiguée, non je plaisante) que je trouvais opportuniste en choisissant de faire paraître un roman sur la grande Guerre peu avant le début des commémorations de son centenaire, m'avait éloignée de la lecture de ce roman qu'il eut été dommage de négliger.

Car j'ai dévoré ce récit de l'amitié deux poilus, dont l'un a sauvé l'autre de la mort mais pas de la défiguration, aussi dissemblables qu'il est possible, pris dans la tourmente d'une guerre absurde. Deux survivants qui, livrés à eux-mêmes après les hostilités comme beaucoup de leurs semblables, prennent leur revanche sous forme d'une escroquerie amorale.
Avec Au revoir là-haut, Pierrre Lemaitre a imaginé une histoire formidable servie par une écriture talentueuse.

Commenter  J’apprécie          624
Inimaginable ! C'est vrai, ce n'est pas vrai ? Tout au long de ma lecture, je me suis posé cette question. Comment l'esprit humain peut être retors à ce point ?

Au revoir là-haut est un roman qui vous happe dès le début. D'abord parce que les premières lignes sont poignantes de vérité (du moins je me l'imagine), la description des tranchées pendant la Première Guerre mondiale est totalement réaliste : bruit, boue, peur... Ensuite, parce que l'auteur vous impose des rebondissements successifs qui mettent en doute votre perception de l'histoire.

Deux soldats, rescapés de ce massacre géant, décident de commettre la plus grande arnaque du siècle en vendant des monuments aux morts fictifs aux communes... La plus grande arnaque ? Pas sûr ! Car un autre soldat, lieutenant celui-là, encore plus imaginatif et plus sournois, a mis au point une stratégie encore plus payante pour s'en mettre plein les poches : faire construire des cimetières et des cercueils pour les innombrables soldats morts pour la patrie. Jusque là rien d'anormal me direz-vous. Non, le geste est reconnu et demandé par le gouvernement qui paie pour cela, mais la taille des cercueils ne correspond pas à celle de tous ces hommes morts au combat, ils sont plus petits donc plus rentables...

Un roman jubilatoire et cruel à la fois qui nous raconte que la guerre n'est pas une fin en soi, l'après guerre est tout aussi sordide. Les personnages sont hauts en couleurs : les deux soldats Maillard et Péricourt aux caractères profondément différents mais soudés comme deux frères et largement touchés par le traumatisme subi, le lieutenant Pradelle gonflé de son importance, opportuniste et arriviste au possible, monsieur Péricourt qui se découvre, un peu tard, père inconsolable et surtout n'oublions pas le rôle féminin tenu par la fille Péricourt en recherche d'un mâle géniteur.

Bon, je n'en dis pas plus. le reste a déjà été posté. Vous connaissez. Et sinon, un mot d'ordre : engagez-vous qu'ils disaient (les babélionautes), dans cette lecture.
Commenter  J’apprécie          622
« Je te donne rendez-vous au ciel où j'espère Dieu nous réunira. Au revoir là-haut, ma chère épouse »
Ce sont ces mots écrits par Jean Blanchard, en décembre 1914, qui ont donné le titre au dernier roman de Pierre Lemaître. Et un fait réel, le scandale des exhumations militaires qui éclata en 1922, qui inspira l'auteur.

J'ai de suite été tentée par le sujet de ce roman, l'immédiate après-guerre, 1918 et la démobilisation. J'avoue aussi que j'étais curieuse de découvrir Pierre Lemaitre dans un registre différent. Et je ne suis pas du tout déçue.
Les gueules cassées, héros malgré eux de la 1e Guerre mondiale, font tâche dans le paysage. le pays veut oublier et ils sont un rappel constant des atrocités vécues par tous. Que doit-on faire d'eux ? Les réhabiliter dans leurs fonctions antérieures ? Les cacher ? Les soigner ?
Les caisses de l'Etat sont vides ; pas de soldes, pas de dédommagements et 52 malheureux francs proposés à la démobilisation… ou la possibilité de garder sa vareuse ! Pas de retraite non plus. La plupart de ces soldats ont perdu leur travail et se retrouvent liftier, homme-sandwich, dératiseur… pour un salaire de misère.
Voilà la toile de fond du roman de Pierre Lemaitre. Une plongée au coeur d'une époque tragique, de l'Histoire.

Nous suivons le retour de trois soldats : celui d'Henri d'Aulnay-Pradelle, promu capitaine à la fin de la guerre pour fait d'arme héroïque et celui d'Albert Maillard et Edouard Péricourt, deux exclus, ayant du mal à revenir à la vraie vie après les atrocités vécues dans les tranchées. Comment chacun vivra-t-il ce retour au quotidien ? Comment surmontera-t-il ses blessures morales et physiques ?
Dans une langue superbe, Pierre Lemaitre signe un roman noir cynique et une fresque d'une grande vivacité. Par certains côtés, cette histoire rappelle « La chambre des officiers » de Marc Dugain. On y découvre des faits réels – désorganisation de l'Etat et de l'armée, trafic d'influence, arnaques et escroqueries, abandon physique et moral des mutilés de guerre…- mis en scène dans un roman à l'humour noir et aux sarcasmes qui font mouche. Il nous conte aussi une amitié indestructible dans une époque cynique au possible et on se délecte de sa narration d'un bout à l'autre, ne voyant pas défiler les 567 pages du roman. Et on referme le livre, certains que ces personnages inoubliables nous habiteront toujours.

Proche des récits romanesques de l'après-guerre, ce livre de Pierre Lemaitre, d'une rare intensité, tient toutes ses promesses et nous montre un auteur parfaitement à l'aise dans ce genre auquel il ne nous a pas habitués.
Commenter  J’apprécie          622




Lecteurs (29355) Voir plus



Quiz Voir plus

Au revoir la haut

Lors de quelle bataille ce roman débute t'il ?

L'attaque de la côte 117
L'attaque de la côte 120
L'attaque de la côte 121
L'attaque de la côte 113

15 questions
599 lecteurs ont répondu
Thème : Au revoir là-haut de Pierre LemaitreCréer un quiz sur ce livre

{* *}