Cadres noirs

7/10 Sur fond d'une histoire rocambolesque, Pierre Lemaitre nous délivre un récit correctement agencé, une sorte de satyre sociale sur fond d'un drame humain qui hante nos sociétés: celui du chômage et des restructurations d'entreprises, dictées par l'appât du gain. Certes, la mise en scène est, je le répète, à la limite du crédible (le jeu proposé par la boîte de recrutement frôle l'invraisemblable - quoique... dans le registre des téléréalités, on en fait autant voire plus...). Cet homme qui "trompe" son épouse quant à ses engagements professionnels, qui cherche à redorer son blason aux yeux d'une société qui a soif d'expérience, mais qui révoque les gens d'expérience, qui est fou amoureux, mais qui est prêt à se corrompre pour rendre à sa femme un semblant de vie aisée... cet Alain Delambre, ce pourrait être vous ou moi, demain ou après-demain, après une perte d'emploi qui nous aurait coûté notre honneur. le travail et l'argent doivent-ils être les moteurs de nos actions au point de nous pousser à mettre entre parenthèse nos références morales et/ou éthiques?
Un bon roman noir, au départ d'un scénario assez inédit et simple à la fois, qui fonctionne à merveille. Mon regret ou mon "manque" essentiel à la lecture de celui-ci est peut-être malgré tout son manque de réalisme, et le côté un peu trop expéditif du dénouement ("à mes yeux", et dans le plus grand respect de l'auteur).
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Divisé en trois parties, Cadres noirs est narré dans un premier temps par Alain Delambre, avant que ce ne soit Fontana, l'organisateur d'un test d'embauche un peu particulier, qui nous relate ce moment tout à fait spécial, pour laisser de nouveau la parole à Alain Delambre en dernière partie. En ôtant la narration au personnage principal, Lemaitre maintient une part de mystère sur ce qui se passera réellement pendant le test et que le lecteur découvrira à la fin de l'histoire, et permet aussi de rendre réel ce moment au cours duquel Delambre n'est finalement plus vraiment lui-même, acculé, totalement dans une impasse, et posant un acte aussi fort que son désespoir profond.

J'avoue que la fin m'a malgré tout un peu déçue. J'aurai aimé une fin plus réaliste, peut-être plus sombre, moins sympa, mais qui aurait du coup été totalement à l'image de notre société dans laquelle ce sont toujours les gros qui mangent les petits... Et puis bon, d'un autre côté, il faut reconnaître que si je veux une telle histoire, il me suffit presque de me rendre au bureau de presse le plus proche, d'y prendre le journal du coin, et je suis à peu près sûre de tomber sur au moins un à deux faits divers sordides derrière lesquels on découvrira une histoire de chômage et de détresse financière...

Challenge_thriller
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Bien sûr j'ai marché comme tout le monde et dévoré ce livre mais à la réflexion plusieurs choses me gênent. D'abord le personnage principal, si au début on est assez facilement en empathie avec lui et que l'auteur nous brosse un portrait saisissant du chômage et de ses conséquences, ensuite on passe plutôt à l'incompréhension face à sa folie et au mal qu'il fait à ses proches sans jamais vraiment s'en repentir, se trouvant toujours une justification. Ensuite en temps qu'ancien DRH et même si je connais bien les excès de certains comportements et de certaines méthodes, je trouve que l'auteur présente un tableau noir absolument sans nuance de l'entreprise, presque un brûlot politique sous couvert de roman. Dans les dirigeants et les managers il y a de tout comme dans toute corporation des bons et des mauvais, caricaturer à outrance n'aide en rien à faire progresser les choses. Enfin Avec le recul il y a le côté irréaliste de cette prise d'otage ou Delambre s'en sort face à des professionnels aguerris, bref ça reste un bon moment de lecture et Pierre Lemaitre est un grand écrivain, dommage que ce livre, a l'image de notre société actuelle n'apporte aucune nuance dans ces jugements.

Un livre avec une vraie morale : l argent rend les gens machiavéliques et il ne fait pas le bonheur. A la fin seules les personnes purement intéressées restent... A la lecture du passage sur la prise d otages, j'ai trouvé ce chapitre vite bouclé pour comprendre à la fin pourquoi.

Des quelques romans que j ai lus de Pierre Lemaitre, c est celui que j ai le moins aimé. Pourtant c'est une roman bien écrit, bien ficelé. Je suis rentrée dans l'histoire que j'ai lue très vite. Mais pour moi, il manque quelque chose qui touche au plus profond. Finalement,comme le dit Alain il a vécu une egodyssée. Parfois on pense faire les choses, de grandes choses, pour les personnes qui vivent autour de nous et en fait, on se plante. On se laisse prendre dans une spirale qui nous échappe. Je n ai pas eu de compassion pour Alain. En revanche, j ai aimé le personnage de Charles. Je viens de finir ce livre et je me dis 'bof'.

On devine l'évolution du personnage avec le synopsis en quatrième de couverture mais le récit nous réserve de bien nombreux rebondissements. J'ai distingué 2 grandes phases dans la lecture.

On a donc un homme de pas loin de 60 ans, au chômage depuis si longtemps qu'il a presque perdu l'espoir de retrouver une vie normale, et voit peu à peu sa vie conjugale s'effriter, ses filles s'apitoyer, et des patrons de petites gens qui ne se privent pas pour traiter les employés comme du bétail. A partir de là, quand vient LA lettre concernant un emploi dans les RH et impliquant une mise en scène de prise d'otages d'employés de l'entreprise recruteuse pour départager les candidats (bien sûr les employés ne sont pas au courant, imaginons l'horreur de la situation), et bien j'arrive à comprendre sa réaction. Alain Delambre est prêt à tout.

Puis on assiste à une descente aux enfers qui paraît irréelle.
Pendant la préparation de cette fausse prise d'otages, notre pauvre type veut absolument mettre toutes les chances de son côté, quitte à dépenser toutes ses économies (maigres) pour enquêter sur l'entreprise qui va recruter et être sûr de se démarquer parmi les autre candidats. Il en arrive à de telles extrémités qu'on ne le reconnaît plus, ni nous ni ses proches. Et lui s'enferme dans sa bulle en répétant sans cesse qu'il ne comprend pas pourquoi personne ne le soutient. L'irréparable arrive, mais cela va ensuite plus loin qu'on ne le pensait et c'est là la force du livre en termes de thriller. Il y a un énorme rebondissement caché qui nous est dévoilé très tard et c'est tant mieux.

Par contre, en tant que lectrice, je me suis mise peu à peu a ne plus aimer du tout l'attitude du héros. Guidé par des ambitions que je ne reconnaissais plus, je soutenais davantage son entourage que lui qu se sent incompris. C'est à la fois un frein dans la lecture et un atout puisque les héros lisses et adorables dans les thrillers sont parfois insupportables pour les lecteurs.

Bref, un livre qui fait beaucoup de bien et incite à se poser des questions. Un thriller qui fait autant frissonner tout en bannissant le gore et en puisant à fond dans le réel, c'est assez rare. Je recommande d'autant plus.
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Très déçu par ce roman drame qui n'a rien à voir d'un thriller comme les autres romans de Pierre Lemaître tels Alex, Robe de marié ou Travail soigné. Histoire d'un looser qui déprime à l'extrême du chomage dans un contexte décrit abusivement contre le patronat, le tout au sein d'une histoire farfelue abraquadabranque. Bien que l'écriture soit par passage soignée, l'ensemble est une suite de courtes phrases dans un style haché et saccadé. Je ne conseille pas ce roman et me suis forcé de finir de le lire par respect, comme j'avais été très satisfait des autres romans de l'auteur.

Alain Delambre est un cadre DRH de cinquante-sept ans usé et humilié par quatre années de chômage sans espoir d'amélioration de sa situation. Pourtant, il va être sollicité par un cabinet de recrutement dont les pratiques d'embauche sont un peu particulières. Il lui faudra mettre ses compétences en oeuvre dans un jeu de rôle destiné à jauger les capacités réelles des employés d'une importante société pétrolière. En fait, il s'agira d'interagir dans une prise d'otages fictive !
Dans cette situation si particulière, Alain va tout essayer pour être retenu, allant jusqu'à trahir sa propre famille. Mais il le comprend rapidement, le jeu est faussé et lui-même se trouve manipulé. La force de son désespoir alliée à la violence trop longtemps contenue va provoquer un cocktail explosif dont nul ne peut imaginer la fin.
Pierre Lemaitre nous sert un thriller haletant et toujours bien écrit. L'originalité de son propos et la manière de le traiter fait de son roman un genre à part. Ses personnages ont une densité forte et il ne s'interdit pas de critiquer avec véhémence une société basée sur le jeunisme et le culte de la réussite professionnelle comme seuls projets. On aime ou pas son cynisme et son sens de l'ironie dans le regard qu'il pose sur ses contemporains. Personnellement, j'apprécie ce positionnement politique et sociologique sans concessions.
Cadres noirs est un roman d'une grande force, le roman d'un écrivain qui n'a pas fini de faire parler de lui, alors qu'il a déjà reçu le prix Goncourt en 2013 pour son coup de génie intitulé ‘Au-revoir de là-haut'.

Michelangelo 2014

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…des entretiens ? je viens aux entretiens. Il faut attendre, j'attends. Il faut revenir, je reviens. Je suis conciliant. Avec des types comme moi le système a l'éternité devant lui
C'est un des talents de Pierre Lemaitre d'incarner des personnages très différents en s'exprimant à la première personne (focalisation interne comme disent les professeurs de mes enfants) et en adoptant à s'y méprendre, leur vocabulaire, leur cheminement mental.
ici il s'agit d'un personnage coincé dans une situation paradoxale : un drh (ex gestionnaire de licenciements et recrutemenst) qui a été viré et qui, au chômage depuis plusieurs années, cherche désespérément à se faire embaucher.
Quand il remplit un questionnaire test d'embauche, il se fait la réflexion : il est très orienté « management, ; formation et évaluation »
Après avoir observé un sdf mendiant sans succès dans le métro :
« Finalement chez les exclus, ceux qui survivent sont les plus performants »
Ceux qui ont travaillé en entreprise reconnaissent ce vocabulaire, ces raisonnements
Après avoir lu en 4ème de couverture que cet homme qui fut puissant aura a affronter de terribles épreuves de sélection on se prépare à découvrir les affres qu'il va traverser lui-même à 57 ans. Qu'est-ce qui l'attend et va-t-il réussir malgré son âge?

Troisième opus policier du récent Goncourt . J'ai moins aimé ,la première partie m'a serré le coeur tant elle illustre les aspects les moins plaisants de notre bel ultra libéralisme et dans la suite les contre-pied du récit ôtent au caractère du personnage sa cohérence .