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Critique de Blok


Blok
22 novembre 2020
Lemaître nous donne un bon livre, agréable à lire, et assez complet ; des auteurs qui l'auraient mérité (Richard Hugo, Crumley, Camilleri, Siniac, Monteilhet, Thomas H.Cook entre autres) ont été omis mais on ne le lui reprochera pas, puisqu'il assume clairement son défaut d'exhaustivité.

Certaines choses m'ont quand même un peu énervé :

1/L'auteur consacre une notice à « la Femme du Dimanche » deFruttero et Lucentini, qui le mérite amplement.
Il donne ensuite une bibliographie de l'auteur, où il oubliée malheureusement deux autres romans policiers des mêmes auteurs :
-l'excellent « La Nuit du Grand Boss,où l'on retrouve le Commissaire Santamaria et sa bonne ville de Turin, publié en France chez Grasset en 1980 sous un titre idiot qui évoque les Séries Noires des années 50 ( à croire que Marcel Duhamel était ce jour-là de passage chez l'éditeur), et a pu nuire à l'ouvrage.
Pourquoi ne pas s'être contenté de traduite le titre italien, « A che punto è la notte », en français « Où en est est la nuit? »(citation d'un texte d'Isaïe (52,13) , faisant partie du rituel de la Vigile de Noël ?'
Ce livre passionnant contient des thématiques communes avec « le pendule de Foucault » d'Umberto Eco.
-et « ce qu'a vu le vent d'ouest », paru au Seuil en 1993 (hélas sans Santamaria
Il faudra malheureusement chercher ces livres d'occasion sur Internet, mais on les trouve facilement et à bon marché

2/En ce qui concerne « le Nom de la Rose », je soupçonne Lemaître de s'être contenté de voir le film et de n'avoir pas lu le livre. En effet, selon lui, la controverse que les participants à la réunion à l'abbaye s'efforcent de trancher porte sur la question de savoir si le Christ était propriétaire de ses vêtements. Cette ânerie se trouve dans le film, mais bien sûr pas dans le livre ; cette question n'a jamais été controversée. En revanche Eco s'inspire d'une querelle bien réelle entre certains ordres mineurs et le pape, portant sur la pauvreté de l'Église, où l'Empereur s'était invité dans le but de s'approprier les États Pontificaux.
Au sujet du même auteur, pourquoi ne pas avoir parlé du « Pendule de Foucault » qui peut lui aussi être rattaché au genre policier au sens très large où l'entend l'auteur ?

3/Le pseudonyme de Frédérique Audouin-Rouzeau (Fred Vargas) a été forgé à partir du diminutif de son prénom et du nom de Mario Vargas Llosa, son auteur préféré. Rien à voir avec sa famille
Au fait Vargas Llosa a écrit lui aussi quelques romans qu'on peut qualifier de policiers ; mais bon, Lemaître n'a pas entendu faire oeuvre exhaustive.

4/Frédéric Dard n'a pas été ignoré par la critique. Au co mp mpntraire les « SAN ANTONIO » ont reçu un très bon accueil de la critique littéraire « sérieuse » des années 60. La langue employée a même fait l'objet de travaux et de colloques universitaires.

5/Certaines des « Enquêtes du Juge Ti » de van Gulik ont été publiés au Livre de Poche dès les années 60 ; le public français n'a donc pas dû attendre la Collection Grands Détectives de 10/18 pour découvrit cet auteur,

6/Enfin, et là c'est plus subjectif :Tout le monde n'est pas obligé d'aimer Ruth Rendell, mais il n'est pas admissible de l'éreinter ainsi quand on tresse par ailleurs des couronnes à Elisabeth George, d'autant que LEMAITRE (que je soupçonne de l'avoir lue en diagonale) ne l'aime pas pour de fausses raisons, principalement parce qu'elle-même et son héros Wexford seraient des bourgeois conservateurs, ce qui n'est vrai ni de l'un ni de l'autre, bien au contraire. Il va jusqu'à reprocher à RENDELL d'avoir été ennoblie par la Reine, ignorant apparemment que c'est aussi le cas de nombreux hommes politiques de gauche (tel Harold Wilson, premier ministre travailliste) et syndicalistes.
Enfin il oublie la bonne moitié de l'oeuvre où Wexford n'est pas présent, dont la plus grande partie n'a pas été publiée sous le nom de Barbara Vine.
Il faut noter en outre que :
-le cycle Wexford constitue une suite cohérente et une "comédie humaine" de la société britannique sur une période de cinquante ans, dans une optique progressiste ; ce cycle est largement au niveau des chroniques du 87eme district
-les autres ouvrages, souvent plus proches de la"littérature blanche" présentent aussi certaines intrigues policières très habiles, notamment "Véra va mourir", "L'été de Trappelune" et la maison aux escaliers, qui, par certains aspects, me rappellent Charles Palliser; en y réfléchissant, ce dernier écrit aussi des polars à sa façon.
P.D. James n'est pas au niveau de Rendell
Pour autant, elle demeure un auteur très estimable, bien supérieure elle aussi, à Elisabeth George
Elle est l'auteur d'un petit chef d'oeuvre sur l'adoption, "La meurtrière" Je concederai à Lemaître qu'elle est par ailleurs une Tory bon teint, mais je ne suis pas sûr que ce soit un critère littéraire bien pertinent.
Quand à Elisabeth George, parlons en! Dans ses premiers ouvrages elle a mis en scène en pleines années 80 une emule caricaturale du Lord Wimsey de Dorothy Sayers (années 30!!) flanqué d'un Majordome échappé de Wodehouse, qui se déplace en Bentley dans les quartiers difficiles
Sa co-equipiere Barbara Havers est une Cockney dont la description grotesque par l'auteur est un bel exemple de racisme de classe. le résultat est grotesque

Par la suite, elle a un peu corrigé ses personnages, mais on reste toujours dans la caricature. Je ne parle même pas de la psychologie des personnages.
Et disons aussi qu'il n'est guère crédible qu'un aristocrate multi-millionnaire travaille à Scotland Yard, où il aurait eu d'énormes problèmes avec ses collègues et ses supérieurs.
Enfin George a envoyé Havers mener une enquête en Italie. Grosse erreur ! l'Italie de George est encore plus caricaturale que son Angleterre et est à la limite de l'insulte à ce beau pays
Pour prendre un exemple, on voit un magistrat rosser un commissaire de police dans son bureau.
N'oublions pas que George n'est pas plus anglaise qu'elle n'est italienne
Dieu merci, elle ne s'est jamais attaquée à la France.
Mais je lui dirais bien "US go home" au nom de nos amis européens

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