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sur 4300 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Passionnant roman, ce Miroir de nos peines nous emmène du 6 avril au 13 juin 1940, en quatre couloirs narratifs, sur les pas de Louise, institutrice aussi coureuse que courageuse, Raoul, gaulois téméraire, débrouillard et insoumis, Fernand, garde mobile, chiffonnier à ses heures et Désiré, génial acteur polymorphe.

Pierre Lemaitre est toujours aussi talentueux pour mettre en scène des héros attachants et les projeter dans des épisodes décrits avec un art cinématographique qui les rend inoubliables.

Il sait parfaitement conjuguer la tragédie et la comédie et son scénario présente, hélas, bien des points d'analogie avec l'actualité ... j'imagine fort bien Alexandre Benalla incarner Raoul et Benjamin Griveaux jouer Désiré au ministère de l'information ;-)

Jusqu'à la page 534, j'ai cru avoir le premier chef d'oeuvre de l'année entre les mains. Mais j'ai déchanté en page 535 en découvrant une bibliographie « comme il se doit » misogyne dans laquelle notre auteur oublie, par exemple, Valerie Tong-Cuong et son mémorable « par amour » et surtout omet « suite française ».

Comment peut on évoquer l'exode sans penser à Irène Némirovsky qui a écrit les plus belles pages sur ces tragiques semaines du printemps 1940 avant d'entrer dans l'éternité en août 1942 à Auschwitz ?

Comme Pascal décidément , « Je ne crois que les témoins qui sont prêts à se faire égorger » et je cours relire « suite française ».
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La "drôle de guerre" a débouché sur une vraie guerre qui n'était pas drôle du tout.
Elle a commencé à  se lézarder en avril - mai 40 et , en juin , elle a pris fin dans la débâcle que l'on sait. 

Une vraie déculottée. 

Une fois la Belgique envahie, les troupes allemandes ont percé les défenses françaises par la Picardie et par les Ardennes,  contourné et pris à revers la ligne Maginot, réputée imprenable sauf  à la cosaque, il faut croire! le temps de permettre aux Anglais de s'embarquer en catastrophe à  Dunkerque et de se replier vite fait sur le bastion britannique, c'était plié. 

En quelques jours, les armées françaises se sont trouvées débandées, essorées, dispersées facon puzzle. On a tous en tête les images de ces convois de civils pathétiques, avec matelas sur le toit des voitures en panne d'essence, méticuleusement mitraillés  par la Luftwaffe , comme au tir au pigeon.

On a lu ça,  vu ça,  entendu ça.  Les Miroirs de nos peines n'ont pas manqué.  Les deux plus marquants restent, pour moi,  les premières images du film de Rene Clément, Jeux interdits et  toutes les pages,  terribles et cruelles, d'Irène Némirovsky dans Une suite française.

Alors il fallait avoir la pêche phénoménale et l'insolence joyeuse de Pierre Lemaitre pour  tirer de ces quelques mois de panique et de déconfiture  peu glorieuse une épopée alerte, presque allègre,  où rien ne se prend ni au sérieux, ni au tragique,  où les personnages sont tous éminemment sympathiques- il y a bien un  garde mobile   très-vilain-pas-beau mais on le découvre pas si fin salaud que ça, finalement, il y a aussi  un voleur du bien public qui utilisera son larcin à  de nobles ...faims  et aussi un horrible magouilleur qui s'avère être un sacré débrouillard,  dans la déroute. D'ailleurs, son enfance massacrée fait qu'on lui donnerait le bon Dieu sans confession.

Surtout quand le bon dieu et la confession sont administrés par le père Désiré,   un ecclésiastique  charismatique à la charité survoltée et au latin...byzantin!

Bref, ce Miroir de nos peines porte bien mal son nom car il a le talent de nous mettre en joie, et celui de nous tenir en haleine. Je défie quiconque de lire ce bon gros livre de près  de 500 pages en plus d'une semaine: on le dévore sans modération!

Pierre Lemaitre sait pourtant mêler humour et sens du tragique : Cadres noirs que j'ai adoré me serre encore le coeur.  Et, plus près de ce dernier livre, le premier de la trilogie, Au revoir là haut,  ne manque pas de moments graves, de notes amères,  voire tristes.

Rien de cela ici.

 La déroute imprime au récit sa débandade  parfois cocasse et son rythme de  fugue.  On est littéralement emporté,  et on se cramponne  plus encore qu'on ne s'identifie aux personnages si chaleureux,  si humains pour ne pas être emporté avec elle!   Je soupçonne l'auteur de s'y être attaché autant que nous, à ses personnages,  et de s'être échiné à les sauver tous du danger ou de l'opprobre, par amitié pour eux , par empathie. On n'allait pas quand même se quitter sur une note noire!

Même l'arrivée des sinistres  vainqueurs à la messe du père Désiré est une scène  pleine d'audace, de brio et d'insolence,  proprement réjouissante,  alors qu'elle devrait augurer de  cinq années de haine, de persécution et de malheur.

C'est aussi cette subversion du tragique de l'Histoire et d'une de ses pages les moins glorieuses, les plus lamentables, qui fait du livre une étonnante réussite ! 

Je recommande chaudement ce Miroir de nos peines  qui reussit si bien à  les alléger, les distraire et les transformer en épopée joyeuse! 
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Après Au revoir là-haut, Prix Goncourt 2013 et Couleurs de l'incendie, Miroir de nos peines vient clôturer la trilogie dans laquelle Pierre Lemaitre nous a conté avec talent cette période de l'entre-deux-guerres, la toile de fond de ce troisième opus étant l'exode de juin 1940, à l'heure de la débâcle.
Le roman débute le 6 avril 1940, six mois après la mobilisation générale.
Comme dans les deux premiers romans, ça démarre fort, avec un suicide.
Louise Belmont, dont la mère louait un local à Edouard Péricourt et Albert Maillard, est devenue institutrice et sert occasionnellement au café-restaurant la Petite Bohème. dont M. Jules est le propriétaire et cuisinier. Un vieil habitué, le docteur Thirion va lui faire une drôle de proposition qui bouleversera la vie de Louise et la jettera sur les routes de l'exode à la recherche de son frère.
Nous partons ensuite sur la ligne Maginot, sur le fort Mayenberg, le plus important ouvrage de cette ligne où Gabriel, stressé et perturbé par le risque d'une attaque chimique, est affecté. Il a sous ses ordres Raoul Landrade, "la plaque tournante de tous les magouillages... La vie était pour lui un vivier inépuisable de combines et de fricotages". Ils vont être appelés en renfort dans les Ardennes.
Et puis il y a l'extraordinaire Désiré que nous allons retrouver, selon les circonstances, sous des identités différentes.
Se joindront à ces personnages Alice et Fernand, un couple très attaché qui devra se séparer quelque temps. Chacun accomplira des exploits à sa manière.
Le roman s'achève le 13 juin 1940, mais Pierre Lemaitre dans l'épilogue, pour ne pas nous laisser sur notre faim, résume ce que sont devenus ses personnages.
Au départ donc, c'est une France avec des habitants vivant encore relativement paisiblement, les troupes allemandes n'ayant pas encore franchi les frontières françaises qui nous est présentée. Sur la ligne Maginot, on attend aussi, on angoisse parfois à vivre dans cet espace plus que confiné, même si certains, comme à chaque fois savent s'adapter très vite et tirer profit de la situation. Mais lorsque les hommes sont appelés en renfort dans les Ardennes, la situation tourne rapidement au tragique, car il leur est impossible de faire face à l'attaque de cette écrasante armée allemande et ils devront alors battre en retraite.
Pierre Lemaitre nous offre une description saisissante de cette humiliante retraite où les soldats se retrouveront ensuite mêlés à la population dans ce terrifiant exode. le pouvoir politique est complètement dépassé et l'épisode réel de "l'exode pénitentiaire" en est un des exemples.
Hallucinante, cette période de l'exode où femmes, enfants, vieillards sont jetés sur les routes pour fuir l'envahisseur et se trouvent à la merci des bombardiers allemands qui n'hésitent pas à lâcher leurs bombes sur cette population civile. Que de morts, de souffrances et que de gâchis !
La force de Pierre Lemaitre est de nous faire découvrir cette période de la grande Histoire grâce à une imagination débridée en créant des personnages très attachants, parfois un peu ou beaucoup foldingues comme ce Désiré qui trouve d'autant mieux sa place que la période est exceptionnellement troublée et lui ouvre des possibilités nouvelles... Il est tour à tour faux avocat, faux médecin, faux instituteur, faux chirurgien, faux préposé à la censure, à la propagande, faux aviateur pour finir faux curé ! Un curé déjanté, un curé qui décoiffe, un curé qui nous plonge dans une grande hilarité au milieu d'une situation plus que noire et tragique. On en redemande et on a envie de sauter des pages pour le retrouver plus vite !
Tous ces protagonistes, fuyant Paris, après de multiples péripéties, et cela on le pressent assez rapidement, convergent vers un même lieu.
Si le roman est très rocambolesque, il n'en est pas moins très politique et très pertinent.
Un film est déjà dans le livre tant l'écriture s'y prête, un livre qui m'a toutefois un tantinet moins plu que les précédents.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Avril 1940, plus de six mois après la mobilisation. Louise, jeune institutrice de 30 ans, est aussi serveuse à La Petite Bohème, rendant ainsi service à M. Jules depuis quelques années. Parmi les clients, le docteur Thirion, fidèle depuis vingt ans. Aussi, lorsque celui-ci lui propose de la payer pour la voir nue, Louise est on ne peut plus surprise. Et lorsque, dans cette chambre d'hôtel où le rendez-vous fut pris, il se tire une balle dans la tête, c'est le choc pour la jeune femme. Pourquoi avoir fait cela devant elle ? Sonnée mais déterminée, Louise va tenter d'en comprendre les raisons...
Au front, le caporal-chef Raoul Landrade, dont les tours de passe-passe et manigances en tous genres agacent le sergent-chef Gabriel, va se retrouver, bien malgré lui, à fuir avec ce dernier...
Quant à Désiré Migault, usurpateur de son état, le voilà qui endosse, après celui de médecin, instituteur ou pilote d'avion, le costume d'agent au Ministère de l'Information...

Avec "Miroir de nos peines", qui débute pendant la drôle de guerre et se termine avec l'exode, Pierre Lemaitre clôt sa trilogie "Les enfants du désastre". L'on retrouve Louise, rencontrée dans le premier volet, qui, suite au décès de sa mère et au suicide du docteur Thirion, va déterrer un sombre secret de famille qu'elle va vouloir éclaircir. Autour d'elle, des personnages hauts en couleur : le débrouillard Landrade, l'attachant M. Jules ou encore le désopilant Désiré. Des personnages qui, l'on s'en doute, vont immanquablement se croiser. Au coeur d'une période historique passionnante, l'auteur tisse une fresque romanesque réjouissante et délectable. Moins truculent, moins machiavélique, moins surprenant que les deux premiers tomes, celui-ci n'en demeure pas moins réjouissant tant par son contexte et ses péripéties que par sa plume ciselée.
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Fin de la trilogie de l'entre-deux-guerres. Appréciation entre deux chaises, ce qui, entre nous, n'est jamais très confortable.
Pourtant, Pierre Lemaitre porte bien son nom tant on se sent esclave de ses romans. Un maître qui ne torture ni ses sujets, ni son sujet. Pas de coup de martinet, le lecteur est trop douillet, pas de paragraphes à rallonge qui égarent l'attention, juste un écrivain qui excelle dans l'action, héritier des auteurs de feuilletons populaires du 19 ème siècle.
De mon côté, le troisième tome des Enfants du désastre disposait depuis deux ans d'une place réservée dans le carré VIP de ma bibliothèque, pourtant bondée comme un RER aux heures de pointe.
Le premier contact avec l'objet tant attendu, après pas mal d'impatience car je n'ai pas osé resquiller la file de clients de ma librairie, ligne Maginot de la bienséance, me déçoit un peu. Je trouve le titre, Miroir de nos peines, un peu meringué. Pourquoi pas Reflet de nos ombres, Eclats de tristesse ou Larmichettes dans le rétroviseur tant qu'on y est ?
Peu importe, je ne m'arrête pas à la couverture, j'aime bien regarder ce qui se passe sous les draps chiffonnés de l'histoire.
Trait d'union du premier roman, Louise est une institutrice qui assure aussi le service dans un troquet parisien. Un vieil habitué propose de la payer 10 000 francs pour la voir nue. Cet épisode va la conduire à partir à la recherche de son passé.
Elle ne va pas être seule sur la route. En ce printemps 40, pour les bouchons, c'est pire que le chassé-croisé du 15 août. Elle se mêle à la transhumance d'une population désorientée sur les routes pour fuir l'invasion de l'armée allemande. A l'époque, ni bison futé, ni Info trafic, juste de la propagande où excelle Désiré, un génial usurpateur d'identité, caméléon mythomane.
Le roman suit aussi deux militaires peu désireux de léguer leurs corps à la mitraille, Gabriel et Raoul, clones moins réussis des héros d'"Au revoir là-haut". le vieux problème des copies de copies.
Si j'ai été charmé de faire la connaissance de ces personnages, conquis par la reconstitution de l'exode et par la verve rocambolesque de l'auteur, mon enthousiasme s'est effiloché au fil des coïncidences alambiquées qui conduisent les héros à se retrouver un peu par miracle malgré le désordre ambiant. Nous dirons que le destin est un merveilleux GPS…
Reste cette capacité indéniable à imprimer certaines scènes mémorables dans la mémoire de ses lecteurs (Ici la destruction d'un pont ou l'exode pénitentiaire). Pierre Lemaitre est plus tatoueur qu'auteur.
Finalement, le meilleur titre pour clore cette trilogie et ces retrouvailles, n'aurait-il pas été, écho d'"Au revoir là-haut", "A bientôt, ici-bas" ?

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Enfin sorti de ma PAL ce troisième opus de la trilogie de l'auteur, plusieurs années après la lecture des deux autres. Est-ce pour cette raison que je l'ai moins apprécié que les précédents?
Ce troisième roman se présente plus comme un ensemble de scènes sur une période assez courte, un peu plus de deux mois en 1940, de la fin de la drôle de guerre à l'armistice. On y fait la connaissance (ou on retrouve) de personnages surprenants, attachants, parfois truculents, souvent émouvants: Louise l'institutrice, cherchant à résoudre des secrets de famille soutenue par Monsieur Jules; Raoul et Gabriel, soldats aussi dissemblables que possible mais finalement unis dans le combat et la fuite; Désiré, brillant et charismatique interprète de nombreux rôles; Fernand, garde-mobile si amoureux de sa femme Alice. Ceux-ci au gré des évènements vont se perdre parfois, se retrouver finalement tandis que les liens entre eux se sont éclaircis.
L'auteur a le don pour, au gré d'anecdotes savoureuses, de scènes véridiques romancées, nous entrainer à sa suite dans ce roman dont les pages se tournent facilement, porté par une écriture rythmée et séduisante.
J'ai cependant regretté l'absence de souffle, pas de destin évoqué sur plusieurs années, pas de vengeance machiavélique, pas d'escroquerie à grande échelle.
Un roman qui pour moi souffre de la comparaison avec les deux premiers : mon ressenti aurait surement été plus positif sans leur souvenir.
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Je viens de finir la lecture de la trilogie de Pierre Lemaitre. Je vais être franche, ce dernier tome est, pour moi, un peu en deçà des deux premiers, mais, pour nuancer un peu, je crois que l'auteur nous a emmené tellement haut, tellement loin avec Au revoir là-haut et Couleurs de l'incendie, que j'en attendais encore et toujours plus...

Ceci étant dit, c'est avec plaisir que j'ai retrouvé la plume de Pierre Lemaitre, toujours aussi vive et séduisante. Dans cette dernière aventure, nous suivons Louise Belmont, la fillette qui ne quittait pas Edouard Péricourt dans le premier opus.

"Tu reviendras me dire au revoir ?" avait-elle demandé.
De la tête Edouard avait répondu "Oui, bien sûr". Ça voulait dire non."

D'autres personnages vont vite entrer dans la danse : Raoul, Désiré, Fernand... Chacun va essayer de sortir indemne de cette période trouble : l'auteur nous embarque sur les routes de France où l'exode bat son plein.

"Le cortège disparate allait à trois vitesses, les voitures disparaissaient vite, les vélos lentement, les gens à pied marchaient d'un pas mécanique et lent, comme dans une procession funèbre."

De plein pied dans cette drôle de guerre, on suit avec avidité les aventures des uns et des autres, dont je ne vous dirais rien ! Seulement, que j'ai beaucoup rit avec Désiré, craint le pire avec Louise et halluciné souvent avec Raoul et Gabriel. Et que dire de Fernand...

La fin est un tantinet convenue. Là où j'espérais un feu d'artifice, une fin qui me scotche un air béat de surprise sur la face. Mais quelle trilogie ! quels beaux moments passés ! Quel dommage que tout s'arrête là. On en voudrait encore...
Lien : http://page39.eklablog.com/m..
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« Miroir de nos peines » est le dernier volet de la trilogie de l'entre-deux-guerres imaginée par Pierre Lemaitre.

Même si le roman débute en compagnie de Louise, la petite fille qui, à l'âge de dix ans, s'était liée d'amitié avec Edouard, la gueule cassée d' « Au-revoir là-haut », ce roman peut se lire indépendamment des deux précédents : « Au revoir là-haut » et « Couleurs de l'incendie ».

En 1940, Louise Belmont est devenue une jeune institutrice de 30 ans qui donne régulièrement un coup de main au patron du bistrot de la Petite Bohème en y servant les clients, dont le vieux docteur Thirion, qui est indéniablement l'un des plus fidèles. Lorsque ce dernier lui propose 10 000 francs pour la voir nue, la vie de Louise va soudainement se retrouver chamboulée. Il faut dire que cette étrange requête va surtout mettre à nu un sombre secret de famille…

« Miroir de nos peines », c'est avant tout une belle brochette de personnages bien campés, dont les destinées s'entremêlent au fil des pages. Outre la quête de vérité de Louise, le lecteur ne manquera pas de s'attacher au pauvre Gabriel, prof de mathématiques, qui se retrouve embarqué dans des plans foireux en compagnie de Raoul Landrade, dont la débrouillardise fait mouche en cette période particulièrement chaotique. S'il ne faut pas oublier Jules, le patron de la Petite Bohème, ou Alice et Fernand, ce couple attachant séparé par l'arrivée des troupes allemandes, le personnage le plus irrésistible est indéniablement Désiré Migault, homme caméléon et usurpateur de première, qui traverse cette guerre en revêtant de multiples identités.

En invitant à suivre les pas de ces personnages qui finissent par se croiser de manière un peu trop facile au milieu du désordre ambiant, Pierre Lemaitre s'amuse à mettre en scène l'exode de la population française face à l'avancée des troupes allemandes de manière assez rocambolesque.

Je ne suis pas grand fan de récits historiques, mais lorsqu'ils sont revisités de manière aussi distrayante à travers des personnages attachants, je suis preneur.
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Depuis que sa mère est morte, Louise vit seule. Elle a bien eu un fiancé, pendant cinq ans, mais voilà, ce qu'elle voulait c'était un bébé et le bébé n'est jamais arrivé, pas plus qu'avec les amants qui ont succédé au fiancé. Depuis son adolescence, elle fait le service au café de M. Jules le samedi. Un client du café de M. Jules propose 10 000 Frcs à Louise pour la voir nue. Il ne lui fera rien de plus, il veut juste la voir nue.
Gabriel a été envoyé au Mayenberg, un fort souterrain qui abrite 900 soldats. Il n'a pas peur des Allemands, puisque la ligne Maginot est imprenable. Il y rencontre Raoul qui est de tous les mauvais coups et qui s'en prend à lui.
L'intrigue est prenante et le style, eh bien, celui de Pierre Lemaitre, incomparable. Seul bémol : l'histoire de Désiré ajoute d'inutiles longueurs.
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Le premier volet de la trilogie « Au revoir là-haut » m'avait enthousiasmé, le second « Couleurs de l'incendie » avait poursuivi sur la lancée, j'avais retrouvé avec plaisir certains personnages du premier tome. Je me faisais une joie de lire enfin ce « Miroirs de nos peines », tout à fait en confiance après deux premiers tomes de haute volée.

Après un début de roman plutôt laborieux, dédié à la découverte de nouveaux personnages, j'ai retrouvé l'art du découpage et de l'intrigue qui m'avait tenu en haleine pour les précédents volumes. M. Jules est le patron de la Petite Bohème, restaurant populaire ou vient s'assoir chaque samedi « le docteur ». Louise est institutrice et serveuse occasionnelle dans l'établissement de M. Jules. Pourquoi donc le docteur, ce vieil homme si paisible, lui propose-t-il de la payer afin de la voir nue ? Voici le premier fil d'une intrigue à rebondissement qui va distiller ses réponses tout au long des 571 pages de cette édition. Tout comme dans « Au revoir là-haut » on retrouve dans ces histoires mêlées deux soldats, Gabriel et Raoul Landrade. Ces deux-là sont plutôt de caractères opposés, Gabriel est bien intégré alors que Raoul, écorché vif, participe et élabore tous les coups douteux possibles. Les personnages secondaires sont ici encore bien représentés : Madame Thirion et sa fille Henriette, la femme et la fille du docteur, le juge Poittevin aux convictions bien arrêtées, Jeanne Belmont mère de Louise, Fernand l'adjudant-chef des gardes mobiles et sa femme Alice, le caporal-chef alcoolique Bornier...

Louise est celle qui permet la continuité de l'histoire par rapport aux précédents volumes. Elle avait dix ans dans « Au revoir là-haut » quand elle aidait Edouard Péricourt et son compagnon Albert Maillard, anciens combattants de la guerre de 14-18, réfugiés chez ses parents, à élaborer des masques pour la gueule cassée d'Edouard. Mais le fil est ténu... Donne-t-il du sens à l'histoire ? Autant dire que ce tome peut se lire sans problème en dehors des deux autres.

Heureusement, arrive à la page 74, Désiré Migault ou Migaud, ou Mignard ou ... que l'on va retrouver avec un plaisir toujours renouvelé au fil des histoires qui se succèdent et se rejoindront petit à petit jusqu'au dénouement dévoilant les liens entre tous. Désiré que l'on découvre avocat flamboyant capable de retourner un procès mal engagé, lui qui avait été instituteur aux « méthodes pédagogiques extrêmement innovantes », également pilote d'aéroclub « Il n'était jamais monté dans un avion, mais avait présenté un carnet de vol et des certificats en acier trempé », et même chirurgien... Sa principale spécialité étant la fuite en emportant la caisse de l'établissement. Sacré Désiré qui vaut à lui seul la lecture de ce livre. Les chapitres où il se présente comme spécialiste des langues orientales afin d'être embauché au ministère de l'information (« autant dire de la censure »), sont des plus hilarants malgré le terrible contexte historique.

Vient ensuite la défaite, la fuite sur les routes des civils et des militaires déserteurs tels que Gabriel et Raoul. Ils sont tous en route vers Orléans, que ce soit ces deux-là ou Jules accompagné de Louise dans sa vieille voiture. Et même Désiré que la découverte du corps d'un prêtre a propulsé à la tête d'un étonnant centre d'accueil, secourant des réfugiés totalement livrés à eux-mêmes.

Pierre Lemaitre jubile dans cette série. Il nous précise dans l'épilogue concernant le devenir de Désiré : « Je ne vais pas vous raconter d'histoire, quasiment rien de ce qu'on croit savoir de lui n'a été prouvé ou démontré. », pour mieux repartir dans une destinée incroyable dans la Résistance... L'auteur s'amuse et nous amuse, dans ce récit bien documenté : une colonne de prisonniers militaires s'est bien mise en marche en juin 1940 pour se rendre au camp de Gurs dans le Cher, la péripétie des billets brûlés de la banque de France est attestée, les informations rapportées par Désiré dans ses émissions de radio sont réelles pour la plupart.
Un roman lu avec plaisir même si j'ai une préférence pour « Au revoir là-haut » et « Couleurs de l'incendie ». Les 3 volumes de la trilogie « Les enfants du désastre » sont sortis en coffret en novembre 2020 accompagnés d'un livre de 32 pages composé d'un texte inédit de Pierre Assouline et d'une quinzaine d'illustrations exclusives en couleur de Christian de Metter, des portraits et scènes emblématiques issus des trois tomes.
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Cette chronique avec illustration sur mon site Bibliofeel. Bel été et à bientôt !

Lien : https://clesbibliofeel.blog
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