Trois jours et une vie

Les mots venaient lentement, les phrases du docteur ne s’achevaient pas, la fin s’évaporait dans la pièce comme une vapeur légère.

Mme C entretenait avec la religion des rapports prudents et fonctionnels...Elle fréquentait l’eglise quand elle avait besoin de secours. Dieu était un voisin un peu distant qu’on avait plaisir à croiser et à qui on ne rechignait pas de demander un petit service de temps à autre.

Le personnage principal de cette tragédie, ce n'était plus la victime, mais l'assassin.

Mme Courtin entretenait avec la religion des rapports prudents et fonctionnels. Elle avait envoyé Antoine au catéchisme par précaution, mais n'avait pas insisté lorsqu'il avait souhaité ne plus s'y rendre. Elle fréquentait l'église quand elle avait besoin de secours. Dieu était un voisin un peu distant qu'on avait plaisir à croiser et à qui on ne rechignait pas de demander un petit service de temps à autre. Elle allait à la messe de Noël comme on visite une vieille tante.

Elle s'exprimait à l'aide de généralités, d'idées qui, comme elles lui arrivaient toutes faites et prêtes à l'emploi, n'avaient quasiment pas besoin de passer par sa tête.

Elle élevait, entre les faits qui la dérangeaient et son imagination, un mur haut et solide qui ne laissait filtrer qu'une angoisse diffuse qu'elle atténuait grâce à une quantité inouïe de gestes habituels et de rituels intangibles. La vie doit toujours reprendre le dessus, elle adorait cette expression. Cela signifiait que la vie devait continuer de couler, non pas telle qu'elle était mais telle qu'on la désirait. La réalité n'était qu'une question de volonté, il ne servait à rien de se laisser envahir par des tracas inutiles, le plus sûr pour les éloigner était de les ignorer, c'était une méthode imparable, toute son existence montrait qu'elle fonctionnait à merveille.

Telle était sa punition : purger sa peine en toute liberté au prix de son existence toute entière.

C’était une jeune femme brune très stimulante, sans interdits, et à qui le désir et la jouissance étaient aussi nécessaires que l’air et la nourriture.

il régnait dans l’air un étrange parfum d’apocalypse parce que, après avoir laissé sa place à l’orage et aux pluies, le vent donnait l’impression de réclamer le fin mot de cette histoire.

Mme Antonetti, maigre jusqu’à l’évanescence, qui chevrotait et plantait dans votre regard ses yeux bleus de sorcière et avec ça, méchante comme une teigne.