Le vase sacré — l’insaisissable coupe d’immortalité destinée à l’unique élu — est un symbole traditionnel utilisé par nombre de récits mythologiques ou religieux, à toutes les époques et aux quatre coins du monde. Le plus illustre de tous les récipients symboliques est bien entendu le Graal, le « Saint-Vaissel » quêté par la chevalerie spirituelle du Moyen-âge et qui, depuis lors, n’a plus cessé de tracasser l’imaginaire collectif et d’alimenter moult spéculations philosophiques à son égard.
Or, ayons bien à l’esprit que le mystérieux objet graalique conté dans les romans médiévaux de la Table-Ronde, et plus tard par Rabelais avec sa « dive bouteille » contenant le « vin tant divin », a eu d’innombrables devanciers chez les peuples les plus divers.
Les légendes populaires et autres contes de fées, en tant que précieux échos et lointains vestiges d’antiques traditions aujourd’hui disparues, ont conservé la mémoire de ce réceptacle magique ― plein de promesses de jouvence et de félicité ― à travers, entre autres, les images archétypales bien connues du coffre au trésor gardé par dragons et pirates, du bol du dieu déguisé en mendiant, de la coquille du pèlerin de Saint-Jacques, de la divine fleur de lotus des poètes orientaux (ou de la rose ésotérique des troubadours occidentaux), de la lampe d’Aladin réalisatrice de tous les vœux, ou encore, de la hotte débordant de cadeaux du Père Noël. Songeons similairement au comportement collectif actuel, inconscient et parodique (comme du reste tout ce que produit le monde moderne), consistant à recevoir et à lever une coupe lors d’un succès à quelque match sportif.
Lecture et commentaire de l'article "Métaphysique de la caverne" de Pierre Yves Lenoble par lui même sur sa chaîne Youtube. Lien vers son site et son tipeee en description.