Les nouvelles enquêtes du juge Ti, tome 19 : La Longue Marche du Juge Ti

Petit Trésor avait un plan pour remonter le moral du trio qu'elle composait avec Maman Ping blessée et son danseur de sabre. Pour commencer, on arrangerait au plus vite un mariage qui chasserait leurs idées noires.

Petit Trésor contempla son nouveau fiancé. Bien sûr, il n'avait pas la prestance d'un danseur de sabre, mais il n'était pas vilain, ni sot, ni inculte, on pouvait supposer qu'il aurait du respect pour une compagne née dans un clan supérieur au sien, et sa crainte envers le juge Ti l'engagerait à réfléchir avant de la maltraiter. Elle acquiesça du menton avec tout la timidité et toute l'obéissance que l'on attendait d'une jeune personne élevée dans les meilleurs principes.

- Comment faites-vous pour être si brillant ? s'extasia le secrétaire Jiang.
- On ne peut demander à la vache comment elle donne du lait : elle vous répondra qu'elle mange de l'herbe.

On ne faisait pas de tolu sans faire rancir le soja.

il était connu que les créatures surnaturelles ne savaient pas lever les pieds.

-La présence de ce gué ne m'étonne guère, dit Dame Lin. Mon mari a toujours un plan B. Il en avait un, aussi, pour notre mariage. Il a même installé chez nous le plan C.
Cela lui rappela qu'elle devait mettre la main sur la fille du plan C, qui vagabondait sûrement quelque part dans le campement dont elle apercevait les feux sur l'autre rive.

A peine eut-on laissé derrière soi les faubourgs de Chang-an que la tête de convoi aperçut des pies sur un arbre. Il était rare d'en voir autant à la fois. Ce spectacle résséréna quelque peu les voyageurs inquiets.
-C'est un bon présage, noble juge ! se réjouit le secrétaire jiang. Les pies sont des oiseaux de bon augure !
-Je le sais bien, dit Ti, c'est moi qui ai ordonné aux oiseleurs de les accrocher là. Si vous pouviez vous approcher tout près, vous verriez qu'elles ont une cordelette à la patte.
Il convenait de réconforter les exilés avant l'épreuve. Un bon moral était déjà la moitié d'une victoire.
-Votre Excellence possède la sagesse de Sun Tsu ! s'extasia son nouveau secrétaire.
Son Excellence avait lu Sun Tsu, surtout.

Le prince de Pin garda le silence. Ces temps-ci, il aimait bien mieux voir son sort entre les mains du dernier des gueux plutôt qu'entre celles, délicatement manucurées, de l'impératrice Wu.

Il leur demanda comment Petit Trésor prenait l'annonce de son mariage.
-Très bien, répondit sa Première. Elle s'est enfermée dans sa chambre et pleure constamment. C'est une réaction normale chez une jeune fille.
Ti s'étonna.
-Avez-vous pleuré avant vos noces ?
-Oh, non ! répondit dame Lin.
Elle avait pleuré après.

-Il nous faudrait aussi des renseignements sur le jeune homme, marmonna Ti.
La marieuse dévida le rouleau confié par les Ding. On y voyait une dizaine de pavillons dans un jardin paysager.
-Les qualités du promis sont éclatantes ! déclara madame Première.