Citations sur Les nouvelles enquêtes du juge Ti, tome 19 : La Longue .. (20)
Les fleuves, les précipices, les orages, les boues, la famine n'étaient rien, là n'était pas l'obstacle le plus dangereux : il était dans l'imbécillité du général Pei... Le pouvoir de nuisance des catastrophes naturelles était moindre parce que, n'étant pas en mesure de faire des choix, elles n'en faisaient pas systématiquement de mauvais.
Celui qui jouait le rôle du truand était bardé de sacs remplis de foin, et ce ne fut pas une précaution inutile, vu le nombre de taloches que lui infligèrent les nouvelles forces métropolitaines de sécurité. Certes, ils paraissaient plus efficaces que les gardes habituels. Ti, cependant, ne pouvait se défendre d’éprouver quelques doutes sur la nature de leur recrutement. Certains le contemplaient avec un petit sourire narquois qui n’engageait guère à leur confier son bien, la vertu de sa concubine ou la sécurité de la plus grande ville du monde. Mais, enfin, la situation était trop grave pour faire la fine bouche.
Il y a toujours des endroits où les calamités ne franchissent pas le seuil.
La natation ne figurant pas au nombre des enseignements prodigués aux demoiselles de bonne société, elle flottait comme une théière en bronze.
Un foyer compte en moyenne quatre à cinq personnes, ce sera au moins quatre cent mille sans abris qui seront jetés sur les routes.
La perspective en était effrayante.
Chaque jour, d’honnêtes habitants de notre ville subissent l’injuste fardeau d’une calamité à laquelle ils ne peuvent mais. Ces faits consternants les empêchent de vaquer en paix aux tâches utiles à l’empire. Que Vos Excellences prennent en pitié les misères du peuple ! Soulageons ses douleurs !
Les résultats du recensement triennal complet auquel l’administration des Tang venait de procéder l’attendaient sur son bureau. Le chiffre inscrit au bas du rouleau de Chang-an avait de quoi faire frémir.
– C’est une gloire pour notre empire que d’avoir réuni tant de gens autour de la personne sacrée du Fils du Ciel ! déclara son adjoint.
– Vous avez raison, dit Ti. C’est une catastrophe.
La population métropolitaine avoisinait les deux millions. Il avait sous les yeux l’origine de la disette et de ses conséquences. Cette situation était insupportable. Il décida de rédiger un rapport virulent, quoique respectueux, pour dénoncer les effets dramatiques du mauvais approvisionnement en vivres. « Il y a des limites à la souffrance humaine », songea-t-il alors que deux sous-fifres armés de brosses tentaient d’ôter la pulpe verte qui maculait sa robe.
Tout en rédigeant, il pensa à tous ces crimes dans la soie et l’encens auxquels il ne pouvait se consacrer à cause des trafics de riz, de blé et de concombres. Son sens aigu de l’équité le stimula.
Les fleuves, les précipices, les orages, les boues, la famine n'étaient rien, là n'était pas l'obstacle le plus dangereux : il était dans l'imbécillité du général Pei... Le pouvoir de nuisance des catastrophes naturelles était moindre parce que, n'étant pas en mesure de faire des choix, elles n'en faisaient pas systématiquement de mauvais.
A peine eut-on laissé derrière soi les faubourgs de Chang-an que la tête de convoi aperçut des pies sur un arbre. Il était rare d'en voir autant à la fois. Ce spectacle résséréna quelque peu les voyageurs inquiets.
-C'est un bon présage, noble juge ! se réjouit le secrétaire jiang. Les pies sont des oiseaux de bon augure !
-Je le sais bien, dit Ti, c'est moi qui ai ordonné aux oiseleurs de les accrocher là. Si vous pouviez vous approcher tout près, vous verriez qu'elles ont une cordelette à la patte.
Il convenait de réconforter les exilés avant l'épreuve. Un bon moral était déjà la moitié d'une victoire.
-Votre Excellence possède la sagesse de Sun Tsu ! s'extasia son nouveau secrétaire.
Son Excellence avait lu Sun Tsu, surtout.
La présence de ce gué ne m'étonne guère, dit Dame Lin. Mon mari a toujours un plan B. Il en avait un, aussi, pour notre mariage. Il a même installé chez nous le plan C.
Cela lui rappela qu'elle devait mettre la main sur la fille du plan C, qui vagabondait sûrement quelque part dans le campement dont elle apercevait les feux sur l'autre rive.