Après une petite déception avec «
Meurtre dans le boudoir » je retrouve avec plaisir notre illustre philosophe dans sa troisième aventure.
L'auteur nous rappelle que
Voltaire rime avec Lucifer, l'écrivain et homme de théâtre étant convié par un éminent ecclésiastique, confesseur d'un encore plus éminent cardinal qui gouverne la France, à démasquer l'être bipède aux pieds de bouc qui s'est autorisé à trucider un théologien du séminaire Saint-Nicolas.
Espérant obtenir du clergé une certaine reconnaissance de sa publication, « Lettres philosophiques d'Angleterre », qui dérange jusqu'aux plus hautes instances de l'état, faisant peser sur lui la perspective d'un séjour à la Bastille,
Voltaire s'attelle à la traque des forces de l'ombre flanqué de l'abbé Linant, son fidèle homme à tout faire de plus en plus porté sur les nourritures terrestres, au détriment des spirituelles - qui ne sauraient combler un appétit et une soif gargantuesques -, et d'Émilie sa marquise préférée, irremplaçable partenaire d'enquête tant qu'elle ne s'approche pas d'une table de jeu.
La petite troupe nous entraîne dans une folle équipée à travers Paris et dans les sous-sols de la capitale, suivie de près par un encombrant exorciste germanique, et par René Héraut, l'incontournable lieutenant de police qui n'est jamais bien loin, persuadé des bénéfices substantiels que peut apporter la surveillance d'un enquêteur/philosophe s'agitant rarement pour rien.
L'humour est toujours au rendez-vous,
Voltaire aussi insupportable que fascinant, surtout lorsqu'il décide de bouleverser les habitudes de la vénérable
Comédie-Française en faisant jouer aux artistes sa dernière pièce censée, en toute humilité, « réformer l'art dramatique pour l'édification des populations éblouies ».
De scènes cocasses en dialogues jubilatoires, le temps passe vite dans cette lecture particulièrement divertissante, même avec un dénouement loin d'être inoubliable - mais est-ce bien là l'essentiel.
J'oubliais le côté instructif du récit qui nous en apprend plus sur les moeurs de l'époque, et plus particulièrement sur la pratique on ne peut plus précautionneuse du bain, même dans les milieux aisés.