- Ca doit être parfois dur de vivre ainsi loin de tout, loin des siens, dans ces conditions climatiques ?
- Non, c’est de revenir qui est difficile. La seule chose que nous avons à faire là-bas, c’est de nous consacrer à notre travail. Pas de courses, pas de cuisine. Nous n’avons même pas d’argent ! Surtout, il y a les autres, la vie de groupe, les manips à travers l’île quand nous partons pour plusieurs jours, voire plusieurs semaines loin de la base, par petits groupes de quatre ou cinq.
Les mots sont plats. Pourtant, à leurs silences, je sens confusément la complicité qui fut la leur pendant ces mois au bout du monde. Je les envie.
Crozet devenait une marque de bière, Cro, Kerguelen, ce nom qui éveilla mes rêves de terres inconnues, se réduisait maintenant à Ker et perdait de sa douceur, Amsterdam, que chantait Brel, Ams. Tout cela participait, pour moi, au désenchantement du monde. […] Mais d’autres noms me réconcilient avec le parfum des romans d’aventure : l’arête des djinns, le cap de l’Antarès, la rivière Moby Dick, la crique du Sphinx, la baie du petit Caporal, la vallée des branloires…
Une découverte ce matin : le mal de terre. N’aurais-je donc aucun répit ?
Personne n'a peur du dessin. On aime le voir en train de se faire.
On s'en approche spontanément.
Il renvoie à l'enfance.
Et puis, c'est un moyen de rencontres et de complicités qui se passent de mots.