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Critique de blanchenoir


"Le génie de Kafka, il est vrai, dépasse infiniment celui de Joyce parce qu'au contraire de celui-ci il se soucie comme d'une guigne de la technique esthétique, mais empoigne l'esthétique immédiatement à sa racine irrationnelle."

Hermann Broch, "Il ne naît qu'une fois par siècle un génie comme Kafka."


Quel cadeau, et quelle lecture !
Je remercie babelio et Les Cahiers de l'Herne pour ce Cahier consacré à Kafka, lu dans le cadre de masse critique.
C'est la première fois que je lis et que je possède un cahier de l'Herne et j'insiste sur mon contentement : un très beau livre sur un de mes écrivains favoris. Épais et complet, il m'a permis une lecture ambitieuse, et heureuse...

Inédits, contributions multiples d'écrivains venant de divers horizons : Anders, Barthes, Breton, Broch, Deleuze, Camus, Derrida, Genêt, Steiner, Sartre, Kundera, Derrida, Blanchot, Benjamin, Arendt, Döblin, Handke, Guattari, Goldschmidt, P. Roth, Starobinsky S. Mosès, Canetti, M. Robert, P. Pachet, Perec... et beaucoup d'autres... Ils sont nombreux à admirer l'écriture de Kafka, à s'interroger, à partir de lui, sur ce que c'est qu'écrire.
Lire Kafka, c'est entrer dans un monde radicalement ouvert, où le possible et ce qui n'a pas lieu importe et transporte. Comme le dit R. Barthes,

"On le voit, l'allusion, qui est une pure technique de signification, engage en fait le monde entier puisqu'elle exprime le rapport d'un homme singulier et d'un langage commun : un système (fantôme abhorré de tous les anti-intellectualismes) produit l'une des littératures les plus brûlantes que nous ayons connues (...)."

Allusion, signe, direction comme dirait Blanchot. L'écriture indique mais ne représente pas. Kafka écrit des choses simples, "fasciné par tout ce qui est petit" selon Guattari et Deleuze, car seul le roman (de Kafka) peut traiter des "multiplicités moléculaires", de "ces agencements machiniques qui ne sont plus des animaux".

A côté des nombreuses contributions très éclairantes sur l'Oeuvre de Kafka, les Cahiers contiennent également des entretiens, des photos, des Lettres, des extraits du Journal, une chronologie de l'écrivain, des repères bibliographiques ainsi qu'un cahier iconographique...
Beaucoup à lire et à voir, à découvrir, et à nouveau, l'envie de lire Kafka.

Aussi, le désir de lire un autre Cahier de l'herne, celui consacré à Blanchot. Blanchot, un grand lecteur de Kafka...

Chez Kafka, le "je" est abîmé, éclaté, insignifiant et multiple. le "Il" parfois le remplace. La solitude et l'écrit font monde. Sont le monde, son monde ?

"(...) Quand j'ai envie de savoir qui je suis, quand je veux me rencontrer, je descends à la cave. (...) C'est là que vit l'autre moi, mon complice et mon maître."

B. Pingaud, Adieu Kafka ou l'imitation, "l'autre moi"



"Si je pouvais un jour écrire un ensemble représentant un plus grand volume, bien formé du début jusqu'à la fin, alors le récit ne pourrait jamais se détacher de moi et je pourrais écouter tranquillement sa lecture, les yeux ouverts, parent par le sang d'une histoire en bonne santé, mais en l'état chaque petit fragment de l'histoire se promène, sans patrie, et me pousse dans la direction opposée - et je peux encore m'estimer heureux si cette explication est la bonne (...).

Journal, 5 Novembre 1911.

Lire Kafka, c'est se rapprocher de ce sentiment d'étrangeté toujours déjà présent. Sans patrie, et face à des "fragments" toujours fuyants...
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