Quatre personnages bien cabossés par la vie se retrouvent dans une vieille bâtisse, au bout du monde. le Projet, c'est de travailler ensemble dans la grange, à retaper totalement. Chacun doit aussi écrire, chaque jour...
Malo, 11 ans, qui rêve de retourner vivre avec Cynthia, se bat avec ses intestins paresseux et tient un journal plein de fraîcheur. Jul, après un temps dans la rue, sortie de l'hôpital, couverte de bleus, amaigrie, en sale état, écrit à Ley des lettres d'amour qu'elle n'envoie pas. Solam, lui, crache son mal de vivre, sa haine, en mots violents qu'il destine à Marlène, la femme discrète qui les accueille chez elle. Au fil des lettres les quatre dévoilent de leur histoire, quelques fils se dénouent...
Avec
Maud Lethielleux, après
Dis oui, Ninon et
D'où je suis, je vois la lune, j'y vais de confiance... J'ai retrouvé sa plume fine et souvent poétique, ses thèmes favoris, la rue, les bleus à l'âme et au corps. Les fins plutôt optimistes mais pas toujours attendues et assez ouvertes. Difficile de ne pas les aimer ces personnages, principaux et secondaires, parfois hors normes qui prennent bien chair. le choix des narrateurs alternés donne du peps à l'histoire, les découvertes se font petit à petit, parfois juste une expression qui attire l'attention dans une lettre, l'évolution intérieure des personnages est évidemment prévisible (et alors? ne boudons pas notre plaisir), elle arrive insensiblement et habilement au fil des lettres, en partie au travers de leurs styles et longueurs.
Un roman à consommer sans modération, à tout âge.
"Y a des trucs, c'est quand on les a plus qu'on se rend compte qu'ils étaient là" (Solam, encore un peu brut de décoffrage à ce moment)
"La nuit, tout dure plus longtemps, par exemple si on attend quelqu'un, ou si on n'attend plus personne et qu'on se dit qu'on aimerait bien attendre comme avant (...), on fait que d'y penser et ça dure très longtemps. Alors que si ça arrive en pleine journée, c'est pas pareil, ça passe.
(...) J'ai entendu la porte claquer et j'ai senti la main de Marlène qui prenait la mienne. On est restés comme ça et ça a duré très longtemps, parce que c'était la nuit. " (Malo, toujours petit bonhomme craquant...)
"Est-ce qu'un matin on se réveille, on regarde par la fenêtre et on se dit :'Tiens! je suis devenu heureux' ? Ou est-ce qu'au contraire un jour on se réveille et on se dit 'Aujourd'hui je vais mal' et, en disant cette petite phrase, on comprend qu'on est heureux tout le reste du temps sans s'en apercevoir. C'est peut être ça, finalement, être heureux : ne plus se poser la question." (Jul)
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