“Eux, les épaves imbibées d'alcool qui ne sont plus l'ombre des fiers chasseurs qu'ils ont été, eux dont les formidables talents ne trouvent plus leur utilité dans notre assourdissante modernité, eux massacrés jusqu'à la moelle par l'une ou l'autre des merdes qui, paraît-il, viennent inévitablement avec la civilisation.”
Eux, sont les Inuits, un autre de ces peuples abusés, délaissés par “les Blancs” , qui vivent dans des conditions sanitaires dignes de 1850, que ce petit livre reintégre dans la conscience humaine.
Un cri désespéré, comme un cri d'oie sauvage,
nirliit !, dans le silence du froid polaire,
Où les bêtes sont plus tendres que les hommes,
Où les enfants souffrent le plus, maman suicidée, papa alcoolique, des enfants qui ne comptent pas, conçus sous l'emprise de l'alcool, enfants violés, maltraités,
“Dix ans tout au plus, en t-shirt, il dormait en boule sur une planche devant un cabanon. Les policiers l'ont amené à l'hôpital, on va soigner son hypothermie, mais qui va soigner le reste ?”
““I used to smoke weed a long time ago.”* A long time ago, quand on a dix ans, ça veut dire quoi.”
“Il y a la petite fille aux yeux rouges, elle aime beaucoup la marijuana, elle a treize ans et pas les moyens de s'en acheter, une pipe un joint, c'est la loi de l'offre et de la demande.”
Où tout n'est pas pourtant gris,
“Elisapie, enfant adoptée, comme tant d'autres au village. C'est si simple, pour vous, l'adoption, vous avez le don de tout compliquer, mais pas l'adoption, et je vous aime tellement d'aimer les enfants des autres comme les vôtres, si simplement.”
Où tout les Blancs ne sont pas des méchants,
“Suzanne levée aux aurores chaque jour pour préparer ses célèbres sandwichs aux oeufs, vendus à l'école toute l'année pour payer des séjours au Sud à ses élèves les plus persévérants.”
Où il y a aussi des histoires d'amour, mais qui sont trop tristes......
C'est la voix douce d'une Blanche, qui témoigne sans jugement, sans apitoiement mais avec beaucoup d'amour, “j'aime les enfants, les gens, la langue, les chiens, le paysage, le soleil de minuit, les aurores boréales,...”. Une Blanche qui s'y rend chaque été pour s'occuper des enfants inuites. Une prose magnifique chargée d'émotion, d'amour, de poésie et de sensibilité pour raconter une situation inhumaine. Quel talent !
Que puis-je dire ? Crisse, ça m'a touchée, émue, profondément ! Merci Viou.
“des régiments d'outardes filent .......donnent le signal aux voyageurs qu'il est temps de rentrer, et les autres oiseaux du Sud leur emboîtent tranquillement le pas, un par un, ils s'en vont.
Nirliit. « Des oies ».....
*Je fumais des joints il y a longtemps.”