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4,08

sur 244 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La narratrice nous embarque pour une échappée dans le grand nord, dans ce village inuit. Chaque année, le temps d'un été sans nuit, elle se rend dans ces villages inuits, dans le grand nord. La simplicité de la vie et des gens, les paysages majestueux, ont contribué à faire de ce lieu son jardin d'éden. Et pourtant, cet endroit qui semble idyllique se pervertit petit à petit. D'été en été, les habitants ne sont plus les mêmes : abus, suicides, drogue, alcool, « amour », ce paradis se perd et la narratrice assiste avec impuissance à la déperdition de son refuge. Au gré de ses confidences nous rencontrons quelques autochtones… de brèves rencontres très vite balayées par le souffle glaçant de la « modernité ».

Un premier roman magnifique, glaçant. Un diamant brut qui nous souffle le désespoir et l'impuissance des autochtones face à ces travailleurs saisonniers qu'ils ne comprennent pas, face à ce monde qui les dépasse, et face à ces produits qui les enterrent trop tôt. C'est l'histoire d'un peuple innocent et naïf, qui très vite, part à la dérive du fait de l'influence des « blancs ».

Nirliit c'est l'histoire d'un coup de coeur pour une région, une communauté, un village et ses habitants. Nous assistons à cette déchéance avec impuissance et douleur. Un texte brut, en toute simplicité, qui pourtant m'a laissé une rage d'agir, de changer les choses.
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*Nirliit (oies, en inuktitut)

La narratrice se rend l'été à Salluit, un village inuit au 62e parallèle. À son arrivée, elle cherche son amie Eva. Mais Eva a disparu, ou a-t-elle été assassinée?. Ce roman lui est adressé …

On découvre les beautés et les horreurs de la vie des inuits, habitants du Nord. Des gens qui étaient nomades mais qu'on a mis dans des petites maisons où habitent souvent toute la famille. Des gens qui ont perdu l'espoir, et leur fierté. Un monde de drogues, d'alcool et de violence.

Et oui, il faut lire ce livre car ça nous fouette et fait réaliser les conditions inacceptables que nos gouvernements ont décidé de leur faire vivre.
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Ce qui m'a fait plonger instantanément dans ce livre, c'est la musique de son accent québécois : je pouvais l'entendre en lisant.
Une façon d'écrire comme on parle, saccadée presque essoufflée de phrases courtes, battant comme une émotion.
L'émotion qui guide tout le livre, du beau, du moche, du terrible, du triste, un fragile espoir entretenu sur un chemin présenté sans issue.

La 1 ère partie est consacrée à « vous autres «  les inuits : par petites touches, l'aventure pour aller au nord, le village où tout le monde se connaît et s'épie, la langue poétique - ou pas - le grand problème des peuples autochtones au Québec, l'extrême violence de leur vie au travers de la disparition de l'amie Eva.

La 2ème partie est la vie, sans Eva, qui continue
J'ai beaucoup aimé les personnages de la 2ème partie qui ne sont ni complexes ni compliqués, c'est la vie qui décide pour eux…qu'ils soient blancs ou inuits au fond. On les aime dans leur naïveté ou leur inconscience.

On ne choisit pas forcément ce qui est à portée de main. C'est triste, désabusé, doux et bienveillant aussi.

J'ai beaucoup aimé et j'admire Julianna pour ce qu'elle fait, au delà de ce très beau livre.




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Une jeune femme blanche se rend chaque été dans le nord du Canada, à Salluit pour aider les enfants Inuit, malheureusement souvent livrés à eux même. Les parents sont souvent très jeunes et inconscients.
L'alcool, la drogue et la violence sont très présents dans cette ville froide et triste. Les jeunes vieillissent beaucoup plus vite à cause de la dureté de cette vie sans espoir.

Nous découvrons, grâce à ce livre, la vie ( certes triste ) mais tellement différente de la notre, de ce peuple inuit qui vit entre ses traditions ancestrales et le monde moderne.

J'ai beaucoup aimé ce livre assez court mais tellement riche.
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« J'ai souvent le goût de brailler, je ne suis pas nécessairement triste, c'est juste que c'est trop ici, trop beau ou trop dur. »
Ces mots de la narratrice pour évoquer son rapport au Nord, vous pouvez l'appliquer à ce livre - « brailler » signifiant « pleurer » en français québécois – c'est beau, c'est dur, c'est trop.
La narratrice raconte Salluit, village du Nunavik, et ses habitants. Elle, la Montréalaise, quitte une fois l'an la grande ville pour venir s'occuper des enfants de la communauté inuit. Cette année, Eva son amie n'est pas là pour l'attendre à l'aéroport. Eva a disparu dans un fjord. Disparue comme d'autres, un détail.  Alors elle parle à l'absente. Elle lui dit la beauté des paysages, de cette toundra, de ces grands espaces. Elle lui dit les incompréhensions entre ceux du Sud et ceux du Nord, les blessures du passé, la violence, l'alcool, la drogue, la misère.
Sans complaisance envers elle-même et les blancs en général, sans complaisance avec les autochtones, elle dit cet amour difficile.
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Elle s'appelait Eva et s'est donnée la mort en se jetant dans le fleuve.
Son amie, l'autrice, nous décrit ce qu'était sa vie et celle de son village inuit rythmé par les aller-retours entre le nord (le Nunavut) et le sud (le Québec).
Nirliit, les oies sauvages en inuktitut est le nom donné à ces travailleurs blancs venus du sud pour du travail estival souvent bien rémunéré. Ces ouvriers apportent avec eux dollars et désir. Dollars qu'ils boiront et désir qu'ils assouviront auprès des femmes jeunes voire très jeunes autochtones par goût de l'exotisme et pour tromper l'éloignement...
Premier roman uppercut d'une jeune autrice québécoise, Nirliit nous raconte les ravages qu'engendre la société occidentale sur les peuples premiers qu'elle pille et transforme irrémédiablement
Dans une langue à la fois poétique et crue, mêlant la langue inuktitut et le québécois, Juliana Leveillé-Trudel nous présente une galerie de personnages blessés quelquefois ravagés par l'alcool ou la drogue, fatalistes et résignés mais aussi aimants et lumineux...

J ai adoré !
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Un premier roman écrit par une canadienne, québécoise et fort talentueuse.
La narratrice, jeune femme venue du sud (comprenez Montréal) se rend chaque été à Salluit, dans l'extrême nord du Canada, là où vivent (survivent) les Inuit.
Elle y prend soin des enfants, qui dans ce village appartiennent à tout le monde, faute d'appartenir à de jeunes filles devenues mères trop tôt, à de jeunes hommes sans travail, désoeuvrés, alcooliques ou drogués ou les trois à la fois, à des hommes du sud venus le temps d'une saison gagner un peu d'argent.
Ce récit en deux parties est vraiment très sombre. Il raconte le peu d'importance d'une vie humaine dans ces villages, l'extrême violence, l'échec des politiques nationales.
Quand il ne reste comme espoir que celui d'être aimé, même mal, même trop peu de temps, même avec violence.
J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman d'une immense désespérance et d'une grande beauté.
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Mon dernier coup de coeur.

Une petite pépite brillante et lumineuse comme la neige des Inuits. Une écriture sombre et terrible comme l'alcool et la drogue des Inuits. Un petit chef d'oeuvre à lire de toute urgence (180p).
Nirliit de Juliana Léveillé-Trudel
1er roman de cette canadienne née à Montréal.



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Portrait sur le vif d'un Grand-Nord sauvage, une immersion vertigineuse dans le froid glacial du territoire de Nunavik, « la grande terre » du Nord-du Québec, territoire des "mangeux de caribous", du chaos ambiant, du blizzard qui achève des vies, des longs mois d'hiver sans lumière assassins, des étés sans nuit.

Le cri du coeur touchant face au drame, au désespoir, un cri aigu, rageur et déchirant qui retentit tout au long de ce voyage en terre hostile où la vie est belle et impitoyable à la fois. Une plongée en terres troublées et troublantes. Véritable plaidoyer pour la cause des Inuits.

L'envahisseur occidental a flairé l'argent sur ce territoire hostile, l'enjeu économique est de taille, les ressources minières abondent... alors tout comme on a parqué les Indiens, tout comme on les a privés de leur terre, obligés à se plier aux règles occidentales, on agit de même avec les Inuits. On leur apprend ce qui est bon pour eux, on leur enseigne l'anglais, le français, on les paie à ne rien faire, on les assiste, on menace leur mode de vie traditionnel.

« [...] la terre entière est remplie de connards qui ne pensent qu'à se remplir les poches, comment on fait pour rattraper toutes leurs conneries ? »

Et s'ils veulent continuer à manipuler le harpon et vivre dans des igloos, ils sont alors obligés de s'enfoncer encore plus loin sur le territoire, dans des contrées encore plus glaciales. Sous l'influence et la domination des occidentaux, la vie des Inuits sur le territoire du Nunavik s'est transformée et un décor âpre et féroce a pris place : drogue, suicides, viols, violences conjugales, argent flambé en alcool, les enfants abandonnés, livrés à eux-mêmes, la purge des chiens errants, purge que j'avais découverte lors de ma lecture de "Banquises" de Valentine Goby.

« Depuis les années 1950, le gouvernement fédéral a procédé à l'abattage massif des chiens de traîneau pour forcer les Inuits à se sédentariser. Cinquante ans plus tard, il leur a remis des millions pour s'excuser, c'est la façon de faire, on fout le bordel et on rachète tout avec l'argent, mais merci mon Dieu, ils ont appris la leçon, ces foutus nomades, ils les abattent massivement eux-mêmes leurs chiens maintenant. »

Le Sud versus le Nord, la civilisation versus la nature, les Blancs versus les Inuits, les conversations versus le silence.
Un monologue éloquent. La narratrice s'adresse d'abord à Eva, feue son amie, dont le corps repose au fond du fjord, un corps meurtri sous les coups d'un homme, et que la narratrice cherche encore.

« ...je l'aimais moi aussi, s'il-vous-plaît, expliquez-moi pourquoi je ne la verrai plus. »

Ensuite, c'est à Elijah, le fils d' Eva que la narratrice parle. Deux histoires, deux vies qui en croisent d'autres, et nous donnent une image de ce qu'est la crisse de vie dans l'arctique canadien, la vie et la folie des autres, dans cette contrée septentrionale douloureusement belle.

« .. ils marchent depuis tellement longtemps sur la ligne à ne jamais franchir, ils narguent la mort avec tellement d'irrévérences qu'ils sont intouchables. »

Il y a de la rage dans ces pages, mais il y a aussi beaucoup d'amour et de tendresse. Il y a du bonheur et de la joie dans ces mots empreints d'une si grande humanité.
Merci Juliana pour cette lecture devant laquelle je ne peux que m'incliner, genou à terre ou la démarche vacillante, quand les mots donnent le vertige, glacent et émerveillent à la fois, à vous briser le coeur, des mots qui saisissent et auxquels on se laisse prendre.

Sti que cette voix du Nord m'a marquée, émue ; et pourvu que celle-ci porte loin la cause des Nunavimmiut .
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Ce roman nous conte la réalité des réserves autochtones dans le nord du Québec. Nous sommes à Salluit, sur les rives de la baie d'Ungava, la narratrice, Nirliit, nous dépeint la vie dans la réserve, entre alcool, drogues, viols, prostitution, bagarres, suicides... ça ne fait pas vraiment rêver, pourtant ce témoignage est précieux, bouleversant, loin des clichés, dans une écriture, une langue vraie, très rythmée, brutale mais aussi beaucoup de sensibilité et d'amour, car d'amour il en est question dans ce livre, l'amour vrai, l'amour des enfants, l'amour de la vie. Il est aussi beaucoup question de la femme et de ses conditions.
Une lecture bouleversante, percutante dans une écriture saisissante, un roman puissant qui crépite encore en vous plusieurs jours après avoir refermé le livre.
Je le souligne c'est un premier roman, une auteure à suivre.
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