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sur 245 notes
Nirliit.

Comme l'oie du Sud migrant vers le Nord.

Comme ses battements d'ailes contemplant ce nouveau monde, découvrant ses changements depuis l'année dernière.

Comme ses cris devant les injustices, les pertes, les morts, la pauvreté, la misère.

Nirliit.

Comme la voix donnée à la narratrice.

Qui nous fait découvrir et place au centre, à tour de rôle, une mère et son fils.

Eva, l'amie disparue dans l'eau des Fjord.

Elijah, et son combat de vie entre amour, amitié, paternité et …survie.

Qui nous donne un aperçu émotif et sensoriel de ce Nord. Fraîcheur, humidité, oppression… Rêve. Inaccessible. Trop grand. Qui lui rend justice.

Qui nous dévoile la toundra, en dégage le brouillard, en creuse son froid, pour nous livrer ses règles naturelles mais surtout humaines.

Nirliit.

Un livre, un déchiffrage.

Une plume, une poésie sensible et insaisissable.

Des sensations, un plaisir de lecture, une expérience unique.
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"Le Nord est dur pour le coeur. le Nord est un enfant balloté d'une famille d'accueil à une autre, le Nord ne veut pas être rejeté de nouveau, le Nord te fait la vie impossible jusqu'à ce que ton coeur n'en puisse plus et que tu le quittes avant d'exploser, et il pourra te dire : voilà, je le savais, tu m'abandonnes. "

La narratrice sait de quoi elle parle. Venant régulièrement du Sud jusqu'à Salluit, village du grand nord canadien « roulé en boule au pied des montagnes », cette missionnaire-aventurière passe ses journées au grand air à s'occuper des enfants des rues et à constater l'état de délabrement avancé des infrastructures et des âmes. Quand l'hiver s'annonce, elle repart vers Montréal, consciente de laisser les autochtones à leurs conditions de vie difficilement supportables.

Elle s'adresse à Eva, l'amie disparue dont on n'a jamais retrouvé le corps. A Eva la « locale », qui connaissait parfaitement la situation, elle dresse le portrait sans concession d'une jeunesse perdue, d'adultes irresponsables, de familles en totale décomposition, de filles dont la beauté se fane au fil des saisons, d'enfants qu'elle « quitte heureux et libres à la fin de l'été pour les retrouver démolis et perdus l'année suivante, sans arriver à comprendre ce qui se passe entre dix et onze ans dans ce village du bout du monde. »

Il y a l'alcool, la malbouffe, la violence endémique, les cancers, les dépressions et les suicides, la natalité galopante, la rudesse du climat. Il y a les ouvriers blancs venus pour quelques mois avec lesquels on fricote en rêvant d'un avenir meilleur alors que pour eux la femme inuite n'est qu'une parenthèse refermée le jour où ils montent dans l'avion du retour.

Malgré les apparences il n'y a rien de misérabiliste dans les réflexions de la narratrice. Aucun jugement non plus, simplement un constat amer et désabusé doublé d'un regard lucide porté sur son propre statut.

Un texte elliptique où chaque chapitre tient en quelques paragraphes. Un texte à lire comme une succession de micro-nouvelles formant un tout cohérent, même si les deux parties le constituant sont très différentes. Un texte à l'écriture magnifique, rude, âpre, sincère, crue, poétique, à l'image de ce bout du monde d'une fascinante complexité.


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Nirliit, ce sont les oies sauvages qui reviennent du sud, ou bien ce sont les travailleurs saisonniers qui débarquent dans le Nord avec régularité chaque été, sur les chantiers de construction ou, comme la narratrice, en tant que travailleuse sociale, pour s'occuper des enfants laissés désoeuvrés par les grandes vacances. Elle s'apprête à retrouver son amie Eva, jeune grand-mère de quarante ans, mais Eva a disparu, jetée dans les eaux du fjord par un meurtrier qui n'a pas été appréhendé.

La narratrice raconte le Groenland, Nunavik, c'est-à-dire « le grand territoire », et ses habitants, avec passion, rage et finalement peu d'espoir. Ses mots sont très beaux pour dire l'amour qu'elle porte notamment aux enfants, dont elle ne sait jamais si elle va les retrouver d'une année sur l'autre, si la fillette si mignonne ne va pas être devenue une adolescente bouffie et droguée, si le jeune garçon dynamique ne va pas s'être tué dans un accident de motoneige. Car quel que soient les messages de préventions dont les « blancs » les abreuvent, concernant l'alimentation, la sécurité, la prévention sexuelle, l'alcool et les drogues, rien n'y fait, le désoeuvrement et la solitude, la colère et la vie de famille déréglée poussent malheureusement jeunes et moins jeune vers les comportements à risque, peu aidés en cela par l'économie locale qui fait que, par exemple, les produits les moins onéreux sont : chips, coca, cigarettes !

L'écriture est fougueuse et séduisante à la fois, les thèmes abordés très forts, et j'aurais pu choisir une page au hasard pour y trouver une citation, tant la tentation est grande de noter une phrase sur deux ! Cette alliance d'une langue percutante et poétique à la fois, et d'un constat très rude des conditions de vie des Inuits fonctionne très bien, mais a aussi ses limites.
J'ai été séduite par l'écriture, par ce que j'ai appris sur le Nunavik, mais je n'ai pas toujours apprécié la narration fragmentaire, et je pense aussi que l'emploi de la deuxième personne du singulier, qui me demandait toujours un temps d'adaptation en reprenant ma lecture, m'a fait rester à côté du texte bien souvent, et pas vraiment dedans…
La deuxième partie relate les amours difficiles d'Elijah, le fils d'Eva, elle est plus fluide, mais m'a un peu moins touchée, c'est juste un sentiment personnel. Au final, j'ai admiré l'écriture, mais c'est aussi elle qui m'a maintenue un peu à l'écart du texte. Sinon, une mention spéciale pour le très beau travail d'édition, beau papier, couverture à rabat, format agréable…
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assassinée semblerait-il et se trouvant au fond d'un fjord. Cette jeune femme va continuer à parler à Éva de la vie de son village, de son fils Elijah et de sa compagne Maata.

« Il y a des gens qui viennent pas au Nord pour faire de l'argent. Moi, j'aime ça, ici. J'aime les enfants, les gens, la langue, les chiens, le paysage, le soleil de minuit, les aurores boréales, les caribous, la toundra, les montagnes, les balades. »

Quel roman! Je suis une amoureuse du Canada et avec « Nirliit », j'ai fait connaissance avec le Grand Nord et ses habitants, le peuple Inuit, leurs conditions de vie précaires et les perspectives pas vraiment joyeuses d'avenir. Tout est raconté par la narratrice et elle le fait avec franchise. le peuple Inuit doit faire face à la nature pas vraiment engageante durant l'hiver; il doit faire face à la venue de tous ces « Blancs » l'été qui viennent travailler et partent dès l'approche de l'hiver. Leur cohabitation est assez difficile: les Inuites se sentent « colonisés » par les Blancs durant toute une saison. Ces mêmes Blancs séduisent les femmes Inuites qu'ils abandonneront à la fin de l'été. le peuple Inuite est un peuple désoeuvré où la violence, la drogue et l'alcool sont beaucoup trop présents. D'ailleurs, l'amie de la narratrice a été la victime de cette violence conjugale. Dans ce récit, j'ai senti toute la tristesse de la narratrice face à ces personnes qu'elle connait bien mais qui se perdent année après année. J'ai senti son envie de les aider au mieux car elles les aime. Il y a beaucoup de tendresse dans ses mots, de chaleur, voire d'admiration. Elle fait de son mieux pour aider ces enfants qui tombent trop vite dans la drogue et ces jeunes filles qui tombent trop vite enceintes… Mais la narratrice ne les oublie pas, ne les rejette pas, elle est là comme tous les étés et fait tout ce qu'elle peut pour les aider à ne pas passer du mauvais côté. La narratrice nous raconte aussi la vie de Elijah, le fils de son ami, qui subit sans le vouloir la présence des Blancs, de ce Blanc qui a séduit sa petite amie, Maata, pour l'été…

Dans « Nirliit », les émotions s'enchaînent: tristesse, espoir, amour, peur, colère… C'est la force de ce récit car je n'ai pas pu rester insensible face à ce peuple Inuit qui paraît avec été abandonné là-bas, dans le froid. Et pour nous raconter cela, l'auteure, Juliana Léveillé-Trudel, emploie le français, le québécois, l'anglais, l'innu. Elle écrit comme elle parle et cela est fluide, aérien. Cependant, j'ai plus accroché à la deuxième partie du roman, celle où elle nous raconte Elijah car les personnages sont bien ancrés dans le récit et je me suis attachée autant à Elijah qu'à Maata. Et cela grâce à la narration qui m'a parue plus construite dans cette partie. Mais tout cela en fait un roman très touchant et l'auteure y a mis toute son affection dans son récit. « Nirliit » est un roman qui doit être découvert!!
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Ce que j'ai ressenti:

***Jour et Nuit en peuple Inuit…
Eva est au centre du récit. Vivante et absente à la fois. Au coeur d'un peuple en souffrance et fantôme d'amitié. Incarnation d'un visage Inuit et disparition d'une culture ancestrale. Eva, jeune fille aimante…

Elijah est au centre des commérages. Père ou amant, qui saura vraiment? Au coeur de la vie et des tourments d'amour. Témoin de la vie et Effacement devant la peine. Elijah, future descendance…

Deux façons d'appréhender la vie du côté Nord, entre anthropologie et intimité des coeurs, nous voyageons jusqu'à Salluit. Là où la nuit ne vient pas, là où le froid rythme le quotidien, là où la toundra donne ses présents…

Julianna Léveillé-Trudel met beaucoup de coeur et de mystère dans son écriture, une sincérité désarmante, pour que l'on puisse ressentir toutes les qualités et les contradictions de cette population, entre la richesse des mots empruntés à la langue Inuit, l'Anglais et le Québécois, nous avons un joli panel qui nous emmène, tout simplement, en Evasion. Qu'il est doux de partir à l'autre bout du monde, de lire d'autres paysages éblouissants, de connaître d'autres moeurs…

« Vas-y, frappe, c'est rien à côté de ce que j'ai enduré. »

***Un coeur qui s'arrête et des oies qui s'envolent…

Je suis trop sensible, et ça me joue des tours…Des tours de sang, des loopings au coeur, des vertiges au corps…Il est difficile de lire que toute une jeunesse est désenchantée, que leur avenir se fracasse sur la violence, la drogue et l'alcool…Les seuls dérivatifs qu'on leur a proposé à leur culture, après leur avoir volé leurs terres…Du vent et de la superficialité contre la richesse de leur enseignement face à un climat rude…De la frivolité contre le froid.

J'ai trouvé Juliana Léveillé-Trudel avait une écriture incisive mais aussi une immense douceur…Un curieux mélange entre dénonciation et fascination. C'est un cri de détresse, un ultime cri d'amour et de déchirement pour que l'on prenne conscience au delà des frontières, d'une réalité brute. Et pourtant, au delà de la rudesse, il y a aussi de la tendresse, pour décrire l'enchantement qu'elle ressent à faire ses allers-retours en terre froide…Nirliit, où le vol au dessus des fjords…

« Tout le monde veut toujours entendre le sordide, le scandaleux, le juteux, le violent, le troublant. »

***Ulluriaq is born…
J'ai mis du temps à écrire cette chronique, parce que l'impact de cette lecture a été plus intense que l'on aurait pu le croire…175 pages, et un coeur en miettes, c'est le résultat de ce bouleversement…Je suis à la fois révoltée et remplie d'une douceur protectrice envers ces enfants, ceux du village, ceux qui appartiennent à tout le monde, mais que personne ne protège…Tellement de peine à voir le sort de ses jeunes filles, tellement de mal à réaliser que, encore de nos jours, de telles pratiques soient commises…J'avais une appréhension à les quitter à leur triste sort…Mais, si vous découvrez cette histoire, il se peut aussi, que la glace réchauffe vos sangs…En tout cas, Julianna Léveillé-Trudel a captivée mon attention avec ce premier roman…

J'ai ressenti une myriade d'émotions, j'espère vous en avoir fait passer quelques unes, pour que vous preniez un envol prochain pour Salluit…

« Je manque toi » Eva, et je t'admire Nirliit, petit étoile mauve de cette rentrée littéraire…



« (…), mais peut-on empêcher un coeur d'aimer? »


Ma note Plaisir de Lecture 10/10
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Si l'on s'éloigne de la vingtaine de titres encensés en boucle par les medias, on peut trouver des petites perles et ce roman en est une.

Salluit, village du Nunavik, Grand Nord canadien. La narratrice s'y rend tous les ans, en été, pour s'occuper des enfants. D'habitude, elle y retrouve son amie Eva, mais Eva a disparu, vraisemblablement assassinée et jetée au fond d'un fjord.

C'est assez difficile de faire passer toute la beauté d'un livre qui évoque surtout des situations désespérées et désespérantes, pourtant, la narratrice réussit à nous décrire pourquoi elle aime tant ce lieu et ses habitants. Elle sait qu'elle ne les comprendra jamais vraiment, elle reste une femme blanche qui repart à la fin de l'été vers sa vraie vie.

L'auteure nous décrit un peuple privé de sa culture, relégué à une position inférieure. Hommes et femmes se réfugient très tôt dans l'alcool. La violence fait partie du quotidien, surtout à l'égard des femmes. Et puis, il y a les chantiers de construction où les blancs viennent travailler une saison. Ils choisissent une femme inuite, qu'ils quittent sans état d'âme à la fin du chantier. Pour elles, c'est la fin d'un rêve d'une vie meilleure dans le sud, avec des hommes considérés comme moins rudes que les leurs.

La narratrice s'attache à des enfants qui, à l'adolescence, basculent très vite. D'une année sur l'autre, elle ne les reconnaît plus, l'alcool ou la drogue les a déjà abîmés, les très jeunes filles sont enceintes, l'étincelle a disparu dans leurs yeux.

C'est le mélange de passages crus et de descriptions merveilleuses qui rend la lecture aussi attachante. La narratrice décrit la réalité brute sans fard, mais sait dire en même temps la fascination que le lieu exerce sur elle et l'amour qu'elle a pour le peuple Inuit. Elle a tant de tendresse à leur égard qu'elle voudrait les secouer et les sortir de leur passivité malgré eux.

Dans un premier temps, nous écoutons la narratrice nous décrire la vie qu'elle mène là-bas, avec en leikmotiv son chagrin de ne pas retrouver Eva, puis nous suivons la vie de son fils, Elijah, amoureux d'une femme qui en aime un autre, toujours à Salluit.

Encore une belle découverte chez nos cousins québécois.
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Je ne sais plus qui m'a donné envie de lire ce (premier) roman, en tout cas je peux le rapprocher de Kuessipan de Naomi Fontaine, de Rivière Mékiskan de Lucie Lachapelle ou encore du dernier lu en date, Matisiwin de Marie-Christine Bernard. Nous sommes dans le grand Nord canadien, chez les Inuits, dont les terres ont jadis été volées, les enfants acculturés de force dans les pensionnats, les habitants privés de leurs ressources traditionnelles, de leur lien à la mère nature et parqués dans des villages où l'alcool, le désoeuvrement, le suicide font des ravages. Vous me direz que j'ai compris le sujet mais non, chaque roman a sa manière d'aborder les choses et de vous cueillir par les émotions et je continuerai à en lire d'autres.

Ici, c'est par le regard d'une femme du Sud, qui monte, comme beaucoup d'autres « Blancs » – et comme les oies sauvages (c'est la signification de Nirliit en inuttitut) – , travailler pendant les mois d'été à Salluit et qui s'adresse d'abord à son amie Eva, victime de la violence d'un homme qui l'a jetée dans le fjord, ensuite au fils d'Eva, Elijah, amoureux de Maata, qui en aime aussi un autre… L'ennui, le sentiment de déchéance, et sans doute aussi la lumière permanente des mois d'été attisent les sentiments amoureux et les pulsions sexuelles. Bien difficile de démêler les deux, bien difficile aussi de rester fidèle ou au contraire de ne pas avoir le coeur déchiré quand l'été s'achève et que les avions ramènent les Blancs dans le Sud…

Il y a de la crudité, de l'urgence et de la colère dans l'écriture de Juliana Léveillé-Trudel. Il y a aussi une infinie tristesse et un certain fatalisme aussi. Sa langue est belle par son empathie. Tout cela rend son roman très touchant.

J'ai deux petits bémols : ça manque peut-être un peu de construction, on se demande où va la première partie et heureusement arrive la seconde, avec un fil narratif plus évident. Et il me faut avouer que j'ai trouvé la fin un peu plate, j'ai cru que cela allait très mal finir aussi pour Elijah et Maata (je sentais ma gorge se nouer au fil de la seconde partie) mais non, cela se termine sur une forme d'apaisement, qui se rattache certes au fatalisme dont je parlais plus haut, mais un poil décevant.

Cela n'enlève rien aux qualités documentaires et émotionnelles de ce premier roman et je relirai la plume de Juliana Léveillé-Trudel avec plaisir.
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"les chevreuils sont trop fragiles pour la tundra."
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Pourquoi ce livre?
Nirliit m'est apparu, pour de multiples raisons, comme un de ces rares livres que l'on peut qualifier de « valeur sûre ». Tout d'abord, il m'a été chaudement recommandé par de nombreux collègues libraires, et plusieurs plateformes médiatiques que je consulte fréquemment pour leurs critiques l'ont placé dans leurs palmarès. Je fais également confiance à la ligne éditoriale des éditions La Peuplade, dont j'ai apprécié plusieurs publications. Finalement, mon intérêt pour le décor du roman, qui se déroule au Nunavik, a fini de me convaincre d'en faire la lecture.

Un premier aspect qui m'a plu :
Le propos même du roman, des plus délicats, en a fait pour moi une lecture importante. L'auteur y décrit les conditions de vie des communautés autochtones du Nunavik, leur rapport aux Blancs, et leur cohabitation. Tous ces éléments sont dépeints sur un ton engagé, critique autant à l'égard des Blancs que des Inuits. La narratrice n'a pas peur de pointer des doigts à tous ceux qui le méritent, incluant elle-même. Cela s'avère à la fois étrangement libérateur et embarrassant de vérité. le contenu du roman s'avère également instructif d'un point de vue sociologique et historique.

Un second aspect qui m'a plu :
L'écriture du roman est une autre de ses forces. La narratrice s'y exprime dans un québécois actuel, sans prétention, très près de la langue orale. L'utilisation d'une langue crue, vivante, à la fois dure et amoureuse, s'allie parfaitement au propos. La langue française déjà entrecoupée de québécismes et de formulations bien de chez nous, est couplée à l'inuktitut et à l'anglais, ce qui donne un mélange très réussi de sonorités, étonnamment harmonieux, qui parvient à refléter habilement les horizons langagières contrastantes du Nunavik.

Un aspect qui m'a moins plu :
Le roman est séparé en deux parties qui laissent une impression de déséquilibre et d'incohérence entre elles. Dans la première partie, la narratrice s'adresse à Eva, son amie disparue, tout en relatant son expérience du Nord. Bien que cette partie soit plus longue, la myriade de personnages secondaires qui y est présentée apparait désincarnée, et la trame narrative y est fragmentaire. Dans la deuxième partie, où la narratrice relate l'histoire du fils d'Eva, Elijah, le contraire se produit. Les personnages sont approfondis et la trame narrative suit un fil conducteur. Ainsi, les deux parties du roman présentent une certaine dissonance.
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