Le système périodique rassemble 21 courtes histoires, réelles ou fictives, qui chacune sont liées à un des éléments du tableau périodique. le premier chapitre, par exemple, est consacré à l'argon, qui appartient au groupe des gaz inertes ou nobles : « Ils sont, en effet, tellement inertes, tellement satisfaits de leur condition, qu'ils n'interfèrent dans aucune réaction chimique, ne se combinent avec aucun autre élément, et, pour cette raison justement, sont demeurés inobservés pendant des siècles ». Cette propriété particulière est l'occasion pour
Primo Levi de présenter l'histoire de sa famille, dont certains membres possédaient en effet les mêmes caractéristiques.
On pourrait penser a priori que cette façon de faire est artificielle et qu'il doit forcément en résulter un livre décousu, mais il n'en est rien. Comme toutes les histoires ont un fond autobiographique, le tout forme un ensemble cohérent, et même bien souvent captivant, ce qui pas ne surprendra pas ceux qui connaissent déjà cet auteur et ses formidables qualités de conteur. Je pense, en particulier, au formidable dernier chapitre de
Si c'est un homme, d'une force émotionnelle à mon avis inégalée.
De façon surprenante peut-être, dans
le système périodique, Levi n'aborde pas directement l'Holocauste, bien que le livre soit fatalement imprégné de son expérience dans les camps. C'est avant tout l'histoire d'un métier, de son métier, comme si
le système périodique était un plaidoyer de l'auteur, si étroitement associé à l'Holocauste, pour dire qu'avant d'être un rescapé d'Auschwitz, il était avant tout un chimiste.