Un roman singulier à nul autre pareil ! le récit haletant d'une chirurgienne ''border line'' mêlée à d'ignoble trafics. Une odyssée à multiples facettes, réaliste et onirique servie par une ivresse de style baroque, inimitable. Un genre d' "archi- roman".
J'ai dévoré ce livre lumineux, sensuel, où le comique et le tragique côtoie des désirs intense, où l'utopie surgit des tréfonds.
Commenter  J’apprécie         00
A déguster le soir, avec en sourdine, Haendel, Scarlatti et Caldara. Une histoire absolument déroutante, étourdissante, en étoiles, qui vous prend dans ses rets. Des plages de sensualité, du souffle.
J'ai ri, pleuré et prié jusqu'à l'illumination finale. C'est un roman fou !
Commenter  J’apprécie         00
Ici, la chaleur odorante des nuits, les vents, les marées, les pluies diluviennes, poussaient un puissant courant d’adultère les emportant tous, charriant dans le cours de leur brève existence une rage secrète de vivre avant de périr.
La fièvre, la passion régnaient sur leur vie, l’alcool faisait le reste. C’était comme si l’expatriation, le mélange des races, des langues, la moiteur de l’océan rendaient le désir plus ardent, plus généreux. Il mordait plus cruellement. Le climat, l’atmosphère gâtaient rapidement les plus âgés, exacerbaient le souffle des plus jeunes. Les passions semblables aux forêts tropicales y prenaient une prodigieuse dimension.
La vie, menacée par le sida, la malaria, le choléra, les scorpions, les assaillants et les tempêtes revêtait une intensité singulière. Les nuits plus épaisses, les jours plus lumineux, les parfums lourds gonflaient les tourments comme des orages et les tragédies prospéraient. Le temps lui-même ralentissait, se dilatait pour mieux accoucher du drame.
La vie des mâles était condamnée aux trafics en tous genres : or, diamants, armes, médicaments, cocaïne, mêlés au commerce courant de chacun. Un rituel qu’ils connaissaient tous les rassemblaient : plongés dans la pénombre, assis à leur table de travail, le torse nu ourlés de sueur âcre, à compter des liasses de billets rances et poisseux. Et les liasses qui gonflaient au fil du temps donnaient certains soirs le sentiment d’une fabuleuse érection. Dans leur cachette, les billets macéraient de sueur, de terre ocre et d’angoisse confondus.
Elle ne se souviendra jamais de toutes ces scènes. Celle des bars, fumeries, baraques de bois où les planches geignent, imbibées d'alcool de riz. Celles des vieux messieurs en costume Mao, casquettes sur la tête, théière entre les bras, cartes en main. Les armées d'ouvriers venus de la campagne, en tous lieux attelés à leur tâche de construction, visages volontaires marqués par le labeur, sous de grandes tignasses sauvages. (...)
Le vent aux senteurs acides du delta.