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4,01

sur 728 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Si je suis entré dans l'adolescence au début des années 1970 sans avoir jamais croisé le mot dystopie, j'avais du moins, faute du terme, une bonne idée de la chose : j'avais déjà lu le Meilleur des Mondes, 1984 et Fahrenheit 451.

Un bonheur insoutenable d'Ira Levin (This Perfect Day, 1970) vint s'ajouter à cette courte série désenchantée. J'étais encore dans ma période de naïveté littéraire et, durant plusieurs saisons (j'étais et je suis resté un grand relecteur), la solitude de Copeau, le personnage principal, ses rêves de liberté, ses équipées nocturnes dans des bâtiments déserts eurent un écho particulier chez l'ado renfermé que j'étais. S'il y a un livre que j'ai lu et relu, c'est bien Un bonheur insoutenable.

Mes réserves sur la qualité littéraire du roman vinrent un peu plus tard, le goût se développant avec l'âge. S'il est correctement écrit, Un bonheur insoutenable est loin d'être un chef-d'oeuvre et je finis par le mettre de côté, mais sans jamais l'effacer de ma mémoire. L'auteur est américain, ce détail a de l'importance, on le verra plus loin. (Les trois autres romans cités ont mieux vieilli dans mon estime.)

L'intrigue se déroule dans un futur indéfini. L'humanité (la Famille) est dirigée par un superordinateur (UniOrd) et des injections régulières (les « traitements ») préservent les humains de l'agressivité, mais aussi de la curiosité et de toute liberté intérieure. le moindre déplacement ou le moindre geste requièrent une autorisation que l'on obtient (ou non) en présentant la plaque de son bracelet personnel à un lecteur idoine. Une prévenance sans faille préside aux rapports humains. Partout règne l'harmonie. Par la sollicitude de tous envers tous, la Famille exerce son emprise sur chacun de ses membres et le moindre comportement déviant est vite repéré et prestement soigné par un ajustement des traitements du « malade ».

Cet aspect du livre m'était revenu à la mémoire au début des années 1980 quand, venant des É.-U., vinrent les premières manifestations de la Political Correctness. Les Américains forment un peuple paradoxal chez qui la violence avouée des rapports sociaux est compensée, si l'on peut dire, par la pratique et l'exhibition d'une gentillesse niaise.

J'ai tout de suite fait le lien entre la prévenance universelle d'Un bonheur insoutenable et la rectitude politique naissante. Dans les deux cas, le but visé est le même, celui de décliner les rapports humains sur le mode d'une onctuosité sans grumeaux. Bien vite, avec la rectitude politique, le souci de ne blesser personne s'est imposé dans le monde réel et non plus seulement dans la fiction sous des formes obsessionnelles et caricaturales, tyranniques diront certains. le phénomène ne s'est pas essoufflé et il a persisté jusqu'à nos jours, amplifié et ramifié.

Je m'étais demandé alors (retour aux années 1980) si nous n'étions pas en train de nous imposer de notre plein gré une dictature de la gentillesse et du conformisme à l'image de celle De La Famille. Ses membres, dans le roman, avaient au moins l'excuse d'être sous l'emprise de traitements médicamenteux et de n'avoir jamais connu un mode de vie « normal ». Nous n'avons pas cette excuse.

Est-ce qu'Ira Levin n'a pas perçu quelque chose qui s'annonçait aux É.-U. et dans le monde occidental en général ? N'a-t-il pas tenté de traduire par la fiction une tendance de fond de la société américaine qui allait prendre de l'ampleur ? Peut-être ne la saisissait-il que confusément (la version originale du livre date de 1970) ?

1984 d'Orwell et Un bonheur insoutenable de Levin décrivent des dictatures. Les moyens de les perpétuer différent. La terreur qui prévaut dans la première dystopie est remplacée par des traitements médicamenteux dans la seconde. Une omniprésente surveillance, inquisitrice et implacable dans 1984, fraternelle (maternelle ?) et pleine de bonnes intentions dans Un bonheur insoutenable, enserre l'individu dans ses mailles.

Qui aurait soupçonné ces temps où dictature et conformisme étaient des périls auxquels il fallait échapper que la population irait bientôt se placer d'elle-même avec empressement devant les appareils de surveillance et qu'il y aurait compétition à qui les alimenterait avec le plus d'enthousiasme, à qui dévoilerait le plus de sa vie intime ? Qui auraient imaginé que la société s'imposerait de plein gré un langage « correct » à base de lessivage du vocabulaire et des idées, ou que notre grande bonté accoucherait d'un monde de dénonciations et de harcèlements collectifs ? Plus besoin d'Inquisition, les surveillés se surveillent eux-mêmes, se dénoncent et se punissent entre eux.

Un bonheur insoutenable, roman visionnaire ? Oui, dans un sens, même si le gros ordinateur central est un fantasme d'une époque où les ordinateurs personnels et les objets connectés n'existaient pas. Sur ce point, et sur celui du rapport entre les sexes (cf. la scène de viol), le livre date. Je lui dois quand même d'avoir reconnu les effluves de la rectitude politique dès le début des années 1980. J'étais peut-être un lecteur naïf, mais pas trop idiot pour autant !

Ce roman a compté dans ma vie, voilà pourquoi j'inaugure mon compte Babelio avec lui, même si, par ses qualités littéraires, loin d'être au niveau de la perspicacité du propos, il ne mérite pas un tel honneur. Mais les chefs-d'oeuvre n'ont pas besoin de mon aide !
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Le risque avec la dystopie, entre autre, c'est de manier des concepts assez basiques et de les pousser dans leurs retranchements...
L'oxymore du titre donne la couleur de la teneur générale du roman.
L'enjeu philosophique développé ici m'a paru un poil simpliste.
Au niveau de la construction de l'univers SF c'est très léger, voire peu cohérent ( les bornes à badges si facilement déjouables par exemple).
L'ambiance de la dernière partie du livre fleure un peu trop les sixties et tend vers le kitch.
Le style sans fioritures porte le récit sans encombres notoires vers une fin qui laisse un peu sur sa faim.
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Un beau roman de SF. le cheminement de Matou, tant physique qu'intellectuel, est passionnant ! L'évolution de sa pensée, avec ses « rechutes » est vraiment très bien décrite et donne à voir toute l'absurdité de ce monde. Les personnages qu'il rencontrera sont assez attachants et sont de réelles étapes dans un parcours initiatique. Quelques longueurs parfois, que j'ai regrettées. Il ne détrônera pas 1984 à mes yeux, mais est truffé de belles trouvailles !
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Les livres de science fiction, en général, pas trop pour moi.
Mais là, le sujet m'intéressait alors je me suis dit pourquoi pas ? C'est une autre version des scénarios à la Matrix ou Terminator, qui nous est ici proposée avec une vision quand même moins sombre. Ah le monde dominé par les machines avec un ordinateur ultra-puissant qui nous dirigerait ! Qui n'y a pas pensé surtout aujourd'hui quand on voit les progrès continus de la science dans les haute-technologies ?
Mais, la particularité d'Ira Levin est de soutenir que ce monde là sera presque parfait : plus de guerre, plus de violence conjugale, plus d'analphabétisme ou même plus de pauvreté. le seul hic, c'est que les sociétés qui vivent sous les règles d'Uni, le grand cerveau informatique, n'ont plus vraiment de liberté. Les hommes sont sélectionnés génétiquement et leur moindre choix est surveillé, validé ou réfuté par la grande autorité qui décide donc pour eux, de leur carrière, de leur mariage et même de leurs passions. Quant à ceux qui éprouveraient un malaise ou se révolteraient, ils sont irrémédiablement traités. Point de prison pour eux mais une sorte de camisole chimique qui les rend dociles.
Pas mal et plutôt bien vu : on est quand même loin du monde apocalyptique et destructeur de Terminateur en proie à une guerre permanente. Mais bien sûr, il va y avoir une opposition à ce système parfaitement huilé, une opposition plutôt faible mais qui tente d'ouvrir la voie vers un autre possible...Je ne vous en dis pas plus.
Bref, ça m'a moyennement plu même si je doute que ce livre, reste pour moi dans les annales. Après tout, comme je l'ai déjà dit, il y a déjà eu pas mal d'histoires inventées sur ce thème dont l'une d'entre elles pourrait être, il est vrai, prophétique. Mais laquelle d'après vous ?
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"Dessine-moi une dystopie."
La formule n'est pas très difficile: prendre deux constantes: paix et stabilité et une variable: bonheur, efficacité, productivité... y ajouter un élément dysfonctionnel qui va soudain s'écrier: "c'est pas moi qui dysfonctionne, c'est vous!" mais après beaucoup de temps - ça commence par un malaise, le sentiment d'être décalé...

Un bonheur insoutenable est une dystopie dans sa plus pure tradition - mais qui réserve des surprises. J'ai eu l'impression de lire un livre pour enfants au départ, puis j'ai trouvé l'intrigue trop simple et de rebondissement en rebondissement, la qualité de la lecture s'est améliorée même si le personnage en prend pour son grade niveau cote de sympathie. Au final, un bon récit bien ficelé avec tous les ingrédients à la bonne place qui mise plus sur l'action que la philosophie mais le message est déjà passé depuis longtemps.
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C'est le premier livre que j'ai lu par choix.
Enfin, par choix…
C'est ma soeur qui me l'a posé dans les mains et elle m'a dit :
“Bon ! alors maintenant, tu me lis ça et tu fais pas chier”
Elle m'a lancé dans la lecture car elle ne voulait pas que je finisse con et que je ne sache jamais ce que c'est de lire par envie, et plus je lis, et plus j'en ai envie. Elle a toujours su quoi me déposer dans les mains.
Merci VERO de m'avoir donné le goût à la lecture !!!
Comment te rembourser un jour un cadeau pareil ???
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Trop court...

Je ne vais pas m'adonner à un N-ième résumé de ce livre ; beaucoup de commentateurs l'ont déjà fait avant moi, et bien fait. Je ferai juste quelques remarques :
-Selon moi, ce roman a fortement inspiré le film "équilibrium" sorti en 2002, et dont je conseille le visionnage.
-J'ai trouvé que la fin de ce roman était particulièrement bâclée.
-Ce récit n'est pas assez descriptif à mon goût (certains considéreront peut-être que c'est une qualité...). Quid de l'architecture, de l'urbanisme, des moyens de transport, des moyens de communications, quels sont les programmes de télévision obligatoires, etc. ?
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Roman d'anticipation, qui vient d'être réédité mais retrouvé dans ma bibliothèque et relu car sorti de ma mémoire depuis 1970... Au contraire de 1984, le meilleur des Mondes, Farenheit 451, le grand décret, Pas de fleurs pour Algernon, dans le genre, franchement inoubliables.

Toutefois, Un bonheur insoutenable est visionnaire, notamment sur les migrants, la fausse liberté, la misère, l'uniformisation des individus, le pouvoir et la puissance d'une petite élite. le style n'est pas exceptionnel, mais vu les rebondissements, on prend un grand plaisir à la lecture.
Des invraisemblances dans l'action, et une fin prévisible.
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Roman dystopique, intéressant mais impression de déjà-vu. Dans le futur, tout est imposé aux hommes, le bonheur particulièrement ou plus exactement les malheurs, les désagréments de l'existence leur sont épargnés. Les hommes sont immunisés contre la mort, la guerre, la maladie, la faim. Ils sont aussi réduits à de simples numéros, ils appartiennent à la "grande famille" (les relations humaines sont imposées et forcément positives mais aussi peu profondes). Tout est réglé par un ordinateur géant et les hommes ne connaissent plus l'initiative et la curiosité "grâce" à un traitement de lobotomisants. Un homme qui a gardé une certaine individualité commence à se soustraire aux traitements et à réfléchir. Il fuit sur une île de rebelles.
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A lire au même titre que "Le meilleur des mondes" (Brave new world).
Un roman descriptif d'une société des derniers hommes, en quelque sorte, avec une trame narrative prenante.
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