-Et le général Boulanger, quel intérêt a-t-il, dans tout cela ?
Le jeune lieutenant eut un geste las.
-Attends la suite. Au restaurant Durand, place de la Madeleine, où nous sommes arrivés, un groupe d'hommes nous attendaient dans le salon : parmi eux j'ai reconnu Rochefort, le grand pourfendeur des parlementaires, et Déroulède, qui voulait la veille encore les jeter à la Seine ! Et tous ces messieurs, eux aussi, ont serré la main de Clemenceau sans la moindre réticence ! Ce joli monde s'est mis à table et, en se passant les plats, a commencé à échafauder des combines, à s'échanger les futurs maroquins. C'était à vomir. Et le général, au milieu de ces canailles, qui semblait ravie et discutait ferme...
[…]
-Quand nous en sommes arrivés au fromage, ils avaient composé les ministères de la France, poursuivit le jeune homme. Le cabinet comprendrait des amis de Clemenceau, Boulanger, lui, hériterait du ministère de la Guerre. Comme président du conseil, on pensait soit à Floquet soit à Freycinet. Encore fallait-il que l'un de ces deux hommes accepte le poste. Alors, après le café, deux délégations se sont formées. L'une, qui comprenait Rochefort et Clemenceau, est allée trouver Floquet. L'autre, avec Déroulède, est partie contacter Freycinet.
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Louise leva son verre avec les autres et mêla sa voix au chœur qui fit vibrer les verres.
Aimons-nous, et quand nous pouvons
Nous unir pour boire à la ronde,
Que le canon se taise ou gronde
Buvons
A l'indépendance du monde !
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-Mademoiselle, lui lança sœur Marie-Claire, vous devriez savoir que même pendant le sommeil, votre tenue ne doit pas offenser le Seigneur !
-Mais la nuit, je rêve, moi ! Je ne peux pas en même temps surveiller...
-Les rêves d'une jeune fille doivent être calmes et en aucune façon entraîner la nervosité et l'agitation. Mais assez sur ce sujet. Nous sommes en retard, maintenant, à cause de vous. Je rendrai compte de votre attitude à la mère supérieure. Vite, mesdemoiselles, la prière.
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-Quelquefois, ils me font poser en vierge, tu imagines ! Remarque, après tout, c'est bien une pute de la « maison » des Moulins, la grande Céline, qui a posé pour la fameuse statue de la Liberté de Bartholdi, même s'il va raconter partout que c'était sa mère, ce grand hypocrite. N’empêche, tout ça, c'est quand même plus convenable que le père Degas qui me croque en train de faire ma toilette, non ?
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