Citations sur Le Voleur d'ombres (310)
Un proverbe chinois dit qu'un homme courtois ne marche pas sur l'ombre de son voisin, je l'ignorais le jour où je suis arrivé dans cette nouvelle école.
Là-haut, c'était mon monde à moi. Mon père n'y allait jamais, c'était trop bas de plafond, il se cognait toujours la tête et ça lui faisait dire des mots terribles, du genre « putain >>, > et
-Les gens ne font déjà pas attention aux autres, alors à leurs ombres...
J'ai essayé de mettre la cravate que papa m'avait achetée, ma première cravate, comme il avait dit le jour où il me l'avait offerte. Je n'ai pas su faire le nœud, alors je l'ai enroulée comme une écharpe. Après tout, c'est l'intention qui compte, et puis ça me donnait l'allure d'un poète. J'avais vu une photo de Baudelaire dans notre livre de français, lui non plus ne savait pas très bien nouer sa cravate et pourtant les filles ne juraient que par lui.
Ses traits ont changé, mais ses yeux débordent d'une tendresse qui ne vieillit pas. Vos parents vieillissent jusqu'à un certain âge, où leur image se fige en votre mémoire. Il suffit de fermer les yeux et de penser à eux pour les voir à jamais tels qu'ils étaient, comme si l'amour qu'on leur porte avait le pouvoir d'arrêter le temps.
Interdit de boire, interdit de fumer, interdit de manger trop gras ou trop sucré, à force de vouloir nous faire vivre plus longtemps, c'est le goût de vivre qu'ils vont nous enlever, tous ces savants qui pensent à notre place.
J'ai eu peur de la nuit, peur des formes qui s'invitaient dans les ombres du soir, qui dansaient dans les plis des rideaux, sur le papier peint d'une chambre à coucher. Elles se sont évanouies avec le temps. Mais il me suffit de me souvenir de mon enfance pour les voir réapparaître, terribles et menaçantes.
Il est des petites choses que l'on laisse derrière soi, des moments de vie ancrés dans la poussière du temps. On peut tenter de les ignorer, mais ces petits riens mis bout à bout forment une chaîne qui vous raccroche au passé.
Luc m'a pris dans ses bras. Je crois qu'il pleurait un peu, et je crois que moi aussi. C'est idiot, deux hommes qui sanglotent dans les bras l'un de l'autre. Peut être pas, finalement, quand ce sont deux amis qui s'aiment comme des frères.
– Mes genoux me font mal, gémit-elle en se relevant. Toi, tu as meilleure mine qu'hier. Tu devrais rester quelques jours pour reprendre des forces.
Je n'ai pas répondu, je regardais tes yeux qui me souriaient. Si tu savais combien j'aurais voulu que tu me fasses un mot d'excuse comme lorsque tu avais le pouvoir de tout pardonner, même l'absence.