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On peut vouloir lire ce livre pour deux raisons : la première, c'est qu'il raconte l'expérience d'un écrivain qui a changé de langue, processus difficile et intéressant ; la seconde, c'est la présence de la dépression, sujet de quelques beaux textes, de Clément Rosset à William Styron. On sera déçu dans ses attentes : la dépression n'est jamais réellement décrite, mais fait partie du paysage intérieur de la romancière, elle est un donné immuable qui n'appelle pas de commentaire, parfois seulement des fragments de récits. Quant au changement de langue, il est ramené aux problèmes personnels de l'auteur avec sa mère, son pays natal, sa langue maternelle. Cet aplatissement l'empêche de faire voir comment, en changeant de langue, on change de représentation des choses et du monde. Yiyun Li avoue elle-même n'être pas douée pour voir le monde (l'art de voir, p. 183). Cela condamne sa prose à une abstraction grisâtre, aux propos généraux qui ne s'éloignent jamais beaucoup de la banalité, à la platitude : le monde n'existe qu'à peine dans ce livre. Enfin, si la romancière a lu attentivement, passionnément, les auteurs anglo-saxons, son intimité avec eux risque d'échapper au lecteur français. Katherine Mansfield (qui inspire le titre) lui dira bien quelque chose, mais d'autres noms lui seront inconnus s'il n'est pas familier du paysage littéraire anglo-saxon. C'est donc un livre plutôt oiseux, qu'il faudrait aborder sans les préjugés, hors de l'horizon d'attente de la presse littéraire, afin de pouvoir le lire sans attente ni désir d'aucune sorte.
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Tout d'abord, je tiens à remercier Netgalley et les éditions Belfond pour ce partenariat : après avoir découvert des extraits de ce livre, j'avais très envie de le lire. Ce n'est pas que j'ai été déçue, c'est que j'ai été perplexe à sa lecture. J'ai même plutôt été soulagée en le refermant. Pourquoi ?
Tout d'abord, l'auteur était en pleine dépression quand elle a écrit son livre, elle a été hospitalisée à deux reprises, et si elle ne nous décrit pas les mécanisme de la dépression, elle nous montre cependant ceux qui l'ont entouré – les femmes qui ont partagé sa chambre, le personnel soignant, dont le diagnostique, les propositions pour tenter de la sortir de sa dépression, étaient très éloignés de son ressenti, son mari également. Plus qu'une dépression, c'est une incapacité à ressentir et à dire ses sentiments, ses émotions, qui frappent l'auteur. Est-ce l'écriture qui l'a sorti de sa dépression ? Non, mais écrire lui était nécessaire, parce que l'écriture n'est pas, ne va pas nécessairement de soi : devenir orpheline de ma langue natale me paraissait, me paraît encore, une décision cruciale.
Pour écrire, se pose la question de la langue, et l'une des causes de la difficulté d'être de Yiyun est peut-être, je dis bien peut-être là. Elle a toujours écrit en anglais. Chinoise, émigrée aux Etats-Unis, elle n'a jamais écrit en ce qui constitue sa langue maternelle et elle s'interroge sur ce qu'écrire en une langue qu'elle ne maîtrisait pas parfaitement à ses débuts a pu induire dans sa façon d'écrire. Je dis bien écrire tout court, je ne parle pas de la constitution d'une intrigue, ou autre. Elle nous montre aussi comment elle se détache de ses livres, après qu'ils ont été écrits, publiés, ce que d'autres auteurs, comme William Trevor, ne ressentent pas nécessairement. Elle renvoie aussi à ceux qui lui reprochent de ne jamais avoir écrit dans sa langue maternelle, ceux qui lui demandent quand elle écrira dans sa langue maternelle. Je place encore une citation, parce que cet essai est riche de réflexion : Il est difficile de ressentir dans une langue adoptive, et pourtant il m'est impossible de le faire dans ma langue natale. .
Sa mère occupe une place à part dans ce livre, au coeur d'une enfance qui fut particulière, non à cause de l'Histoire, mais à cause de la manière d'être de sa mère face à ses filles. A travers le récit de son enfance, de sa jeunesse, Yiyun Li s'interroge et nous interroge sur ce qu'est l'autobiographie, sur le fait que nos souvenirs sont aussi ceux des autres, et qu'ils les voient, les interprètent selon le prisme de leur propre souvenir : Il y a une différence entre ne pas avoir été oublié et être pris dans les mailles de l'esprit de quelqu'un. Yiyun se refuse aussi à revisiter l'histoire, à commémorer : ce dont elle se souvient, les faits qui l'ont marqué, qu'elle a vécu, ne sont pas forcément ceux qui sont ressassés lors des commémorations.
Plus j'écris, plus j'ai l'impression que ce livre est aussi celui du refus, et développe une idée de l'écriture pour l'écriture, d'un dialogue entre les livres aussi, plus qu'entre les auteurs. Elle montre l'influence qu'a eu sur l'écriture d'un de ses romans Les coeurs détruits d'Elizabeth Bowen – ce dont un seul journaliste s'est aperçu. Elle parle aussi de Katherine Mansfield, de Virginia Woolf, de la manière dans chacune d'elles parlait de l'autre dans leurs écrits personnels. D'ailleurs, existe-t-il des écrits personnels quand on est écrivain, et que deviennent-ils à la disparition de celui-ci ? le paradoxe étant que Yiyun Li a lu les correspondances des auteurs qu'elle apprécie, et qu'elle parle aussi de la destruction des journaux intimes, ou de l'échec de leur destruction. Autre question auquel le lecteur peut s'interroger (le chercheur en littérature se la pose-t-il seulement) : dans quelle mesure les écrits personnels, intimes d'un auteur concernent-ils le public ?
Je suis allée peut-être un peu loin dans mon interprétation. Peut-être. Il est tant d'autres points dont il faudrait parler, d'idées que Yiyun Li développe, sur la manière dont un jeune lecteur s'approprie, de manière personnelle la lecture d'un roman pour la première fois, sur le rapport lecture/lecteur (Lire, c'est être avec des gens qui, contrairement à ceux qui nous entourent, ne remarquent pas notre existence). Sur le suicide, aussi. Ce n'est pas un thème, dans l'essai de Yiyun Li, c'est une réalité qui l'entoure, notamment par les paroles de sa mère, qui commence toujours ses échanges avec sa fille en lui relatant la mort ou le suicide d'une relation. Pour quelles raisons ? L'auteur s'interroge sur le sujet, mais elle ne s'interroge pas sur les causes du suicide, décision personnelle.
Le livre s'en va et « meurt » : Quand un livre prend vie pour son lecteur, il est déjà mort pour son auteur. La postface contient elle aussi des interrogations, non sur le fait de publier ou non ce livre, mais sur ce que sera le devenir de l'auteur après ces deux ans de dépression, réfutant la grandiloquence (c'est moi qui use de ce terme) de son médecin, revenant aussi sur l'écriture de cet essai, sur ce que l'écriture lui a permis de surmonter.
Au lecteur, maintenant, de partager (ou non) cette plongée dans l'écriture et la dépression.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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merci à Babelio de m'avoir fait lire ce livre que je n'aurais jamais ouvert, n'étant pas férue de biographie écrite du vivant de l'auteur. Pas une bio véritable mais plutôt un livre sur ses émotions suite à 2 tentatives de suicide, sur des brides de souvenirs en Chine, sur l'Irlande etc... Donc on va et vient au gré de ses pensées. Sur les écrivains occidentaux qui l'ont aidée à survivre, de Zweig, Katrine Mansfield etc,,, Ce plongeon dans la littérature à l'hopital psychiatrique l'a incité à l'écriture tout en gardant son travail d'immunologiste pour lequel elle a eu de nombreuses récompenses. Ce n'est pas un récit linéaire, plutot des pensées qui amènent à des réflexions. du coup, un peu difficile pour moi de m'y immerger mais j'ai pourtant aimé car au fur et à mesure de la lecture, j'ai aimé cette femme. Mais il en ressort une vraie souffrance guérie par la lecture où elle puisse beaucoup plus de réconfort que dans les relations humaines qui se révèlent plates, surtout les réactions après son suicide.
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Le titre m'a un peu rebuté. En fait, il s'agit d'un récit intime assez brillant, et même percutant. L'auteur raconte son enfance difficile en Chine, son exil aux États Unis, sa dépression, ses tourments...
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Un ouvrage très personnel sur les thématiques du suicide, de la mémoire, de l'écriture et de la langue. A travers ses expériences et ses lectures, Yiyun Li nous fait part de ses réflexions et de ses sentiments.
Il ne s'agit pas d'une autobiographie. Il n'y a pas de début ou de fin, même s'il est beaucoup question de sa dépression de deux ans qui entraîna plusieurs hospitalisations.
L'autrice suit le fil de ses pensées, revient sur certains souvenirs, nous raconte des rencontres (réelles ou littéraires) avec d'autres auteurs.
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« Il est difficile de ressentir dans une langue adoptive et pourtant il m'est impossible de le faire dans ma langue natale » « ce n'est qu'en se préparant à l'absence des êtres qu'on peut être à l'aise en leur présence » ... et des réflexions de ce style il y en a pleins dans ce livre où l'auteure, après deux dépressions, se demande « pourquoi écrire ? Qui suis-je ? Pourquoi vivre ... » Je serais tentée d'écrire « masturbation intellectuelle sans intérêt pour moi» mais je vais respecter son travail et laisser à chacun le choix de lire ou non cet écrit
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