Réveil en sursaut par le hurlement de son petit garçon de quatre ans tombé du lit et enchaînement sur la sempiternelle attitude agressive de sa femme qui lui reproche l'exigüité de cette chambre et son incapacité à leur trouver un logement décent. Yin commence sa journée, une journée semblable à toutes les autres dans sa vie de travailleur chinois des années 80.
Une salle d'eau collective, des toilettes occupées, des jurons à étouffer, et le temps qui défile, le temps qui manque pour ne pas arriver en retard au boulot.
Son fils Leilei dans les bras, il est conscient que sa femme, pourtant si amère envers lui et leurs conditions de vie, est la seule à les regarder partir et à attendre leur retour.
Marche, autobus bondé et incivilités qui en découlent, traversée en bac du fleuve Yangtsé où il souffle un peu en laissant vagabonder son esprit. Petit déjeuner de nouilles froides et de beignets avant de vite déposer son fils au jardin d'enfants et filer à l'atelier, un très léger retard noté toutefois par le vieux pointeau. Injustices du milieu ouvrier.
Selon le moment de la journée, les réflexions de Yin oscillent entre lassitude, résignation, inquiétude, déception, mais aussi fierté face aux attitudes et questionnements de son fils, rêves d'amour lointain et constat que tout compte fait, il n'est pas trop à plaindre.
Chi Li nous déroule tout simplement ce quotidien brut, les illusions vite effacées et rattrapées par une réalité domestique, familiale ou professionnelle. Rien d'extraordinaire dans cette journée tout à fait ordinaire d'une vie parmi tant d'autres. Il ne faut s'attendre à rien de particulier, juste suivre les banalités de cette journée de tracas qui ressemble à celle de la veille et ressemblera probablement à celle du lendemain.
J'ai particulièrement apprécié la conclusion que Yin apporte à cette journée épuisante lorsqu'il rentre chez lui. Une sensation qui lui ouvre tout de même une petite fenêtre de bonheur dans cette
triste vie !