Trouée dans les nuages

Leur vie quotidienne n’était que paix, tranquillité et calme : des existences sages jusqu’à la banalité

Si tu n’as pas peur que ta femme découvre quel morveux tu étais et si tu ne crains pas d’exhiber un laideron, elle est admise.
A coup sûr, il s’était produit quelque chose d’exceptionnel

Ici bas, personne n’est là pour résoudre vos problèmes à votre place. A vous de vous débrouiller. Vous aurez beau parler, pleurer, vous confier, vous serez toujours seul face à vous-même.

Il n’y a guère qu’au cinéma ou dans les romans qu’on voit les Chinois s’extérioriser de la sorte, oubliant à tout propos les bonnes manières : on les y dépeint bizarrement comme des êtres fragiles et sensibles, à l’image de ces chiens de race qui ne supportent pas les courants d’air et qu’il faudrait placer sous cloche. À croire que les Chinois ont vécu depuis des générations dans des conditions matérielles et morales privilégiées !

En évoquant ses parents, Jin Xiang, qui pleurait rarement, sentit ses yeux s'emplir de larmes. Pendant un instant, il vit un océan de haine s'étendre devant lui à l'infini. La haine emplissait sa poitrine comme un épais brouillard qui l'étouffait et lui irritait les poumons, elle le p renait à la gorge, le faisait grincer des dents. La voix de Zeng Shanmei lui parvint à nouveau, cette voix qu'il ne voulait plus entendre à aucun prix, et qui lui semblait dure, sournoise, hautaine et gluante, telle une sangsue collée contre sa chair.

C’est quoi l’histoire ? Ça commence à partir de combien d’années ? Qu’est-ce que ça veut dire, passer à la postérité ? Qui est-ce qui décide ?

- Je m’en doutais. elle ne serait jamais devenue célèbre si elle n’avait pas eu des appuis. On a dû se démener pour faire monter sa cote. C’est comme ça maintenant. En Chine il y a une tradition pour tout.

- Vous avez tort de dire ça. Elle n’avait rien de commun avec les grands écrivains d’aujourd’hui. c’était quelqu’un de très fier.

- Tu crois que si elle l’était vraiment, elle serait devenue célèbre ? Depuis l’antiquité les sages et les saints ont toujours été solitaires. Les gens supérieurs, on ne sait même pas qu’ils existent.

Pendant qu’il fumait, Jin Xiang imagina une nouvelle tactique : le sexe . Des années d’expérience lui avaient enseigné qu’une femme qui se laisse pénétrer par un homme est incapable de le haïr vraiment, qu’avec un minimum de patience on peut l’amadouer. Si par contre elle résiste avec la dernière énergie, mieux vaut renoncer : on en viendrait pas à bout, même avec une bombe atomique.

Quand les moines s’enrichissent, le temple s’appauvrit. (p.60)

P 98 : Ici-bas, personne n'est là pour résoudre vos problèmes à votre place. A vous de vous débrouiller. Vous aurez beau parler, pleurer, vous confier, vous serez toujours seul face à vous-même.

Il y a au monde trop de gens flous qui ne laissent où ils passent que des bribes de vie confuses et finissent par tout embrouiller autour d’eux, les hommes et les événements, le vie et l’histoire.