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Des trois romans de Chi Li que j'ai lu ces derniers mois, celui-ci est le plus ancien, publié pour la première fois en Chine en 1995, il a été traduit et diffusé en France en 2004 grâce aux éditions Actes Sud. Alors que Les sentinelles des blés et Trouée dans les nuages sont focalisés sur des périodes précises et charnières de la vie de leurs protagonistes, Tu es une rivière s'étend sur 25 ans et retrace le destin de tous les membres d'une famille à partir du décès prématuré du père à la veille de la Révolution Culturelle jusqu'à celui de la mère des années plus tard. On suit ainsi le destin de Lala mère célibataire de huit enfants aux ressources matérielles considérablement réduites. Fermement décidée à rester libre de ses choix, Lala refuse de se remarier et affronte au cours des ans la famine, la maladie, la folie de ses enfants, leur enrôlement au Parti ou leur départ pour les campagnes imposé par la Révolution qui gronde en permanence en arrière-plan.

Je m'attendais à lire un portrait de femme forte, fière quoique blessée par la vie, idéal peut-être aussi. C'était sans compter le sens de la nuance de Chi Li. Lala est une bien piètre mère dont les sursauts d'amour pour ses enfants sont trop rares pour être suffisants. Elle m'a semblé odieuse jusque dans ses moments de faiblesse, les difficiles relations qu'elle entretient avec sa fille aînée sont impitoyablement justifiées. En surfant sur Babelio, j'ai constaté que ce livre est tagué avec les mots-clés « douceur » et « compassion ». Si la douceur transparaît toujours dans le style de l'auteur malgré la noirceur des propos rapportés, j'ai bien du mal à discerner la compassion ici. Et pourtant, elle y est effectivement, marque indéfectible de Chi Li. Les rivalités au sein de la famille, les drames intimes sont dépeints avec autant de justesse et d'intensité que la cruauté des faits est décrite avec douceur et simplicité.
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Lala, ses nombreux enfants, son beau-frère et les autres personnages de ce livre ont fait partie de ma vie pendant deux jours. C'est vite lu en effet mais l'écriture est forte, puissante et réaliste. de nombreuses notes des traductrices nous aident à parcourir la distance qui existe entre cette famille chinoise maoïste et nous. A travers les tourments et les joies de leur vie mouvementée, c'est la Chine qui se dévoile!
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Tu es une rivière traverse l'histoire de de la Chine des années 1960 jusqu'aux années 1989.
Nous sommes en 1964.

Chi Li retrace le portrait féminin de Lala, son périple familial et domestique.
Etre brutal, irascible et grossier, mais dotée d'un bon sens populaire, elle se retrouve veuve à trente ans. Malgré cela, elle va faire face, avec ses huit enfants.
Persévérante, opportuniste à ses heures et munie d'une capacité d'adaptation étonnante, son parcours jonché de drames domestiques et d'efforts constants pour survivre aux mutations d' un système idéologique, économique, politique inopportun , absurde et cruel, - négligeant le bonheur de l'individu pour le bien des masses - elle s'accroche tant bien que mal à sa progéniture, malgré un bilan familial désastreux, à l'image de celui d'un pays en pleine mutation.

Tu es une rivière est évoqué de manière très réaliste, sans concessions, laissant peu de place au rêve et à l'imagination

La couverture de l'ouvrage est magnifique : pleine d'amour maternel et de sensibilité.
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Chi Li parvient dans un style simple mais beau, à raconter l'histoire d'une famille chinoise, d'une veuve Lala et de ses huit enfants durant la Révolution Culturelle chinoise. J'ai apprécié le fait de découvrir l'histoire de la Chine à travers celle d'une famille simple.
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On découvre Lala une jeune femme, dont le mari vient de décéder dans l'écroulement d'un salon de thé. Lala se retrouve seule avec sept enfants, et un huitième qui devrait arriver bientôt. Seule parent, cette jeune femme, ne va pas chercher à se remarier malgré les prétendants, mais à subvenir aux besoins de la famille fièrement en pratiquant le petit commerce, elle vendra également son sang une grande partie de sa vie et en faisant participer ses enfants.

L'amour maternel est mis en avant dans cette grande fratrie, les préférés, les autres. Mais ce que Lala recherche c'est être entourée et son rêve serait d'être entourée par des petits enfants. Mais le ressentiment des enfants jaloux, ou incompris l'accompagnera jusqu'au bout de sa vie.

Triste et parfois cruelle, mais pétri d'authenticité, on sent une compassion pour cette mère veuve qui va se sacrifier pour ces enfants. Elle cherchera à garder son honneur et celui de cette petite famille.

On traverse avec cette famille pauvre les éléments historiques de 1964 à la fin du siècle, la révolution culturelle, gardes rouges, mort de Mao et le début d'un capitalisme.

Une écriture simple, douce, touchante, réaliste qui nous entraine dans ce fleuve. Un petit bijoux de sensibilité et d'amour maternel : A lire.
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Lala a trente ans, est mère de sept enfants et enceinte du huitième quand son mari meurt dans des circonstances tragiques. Devenue veuve, son principal impératif est de nourrir sa famille. Mais en 1964 en Chine, en pleine révolution culturelle, rien n'est simple. Etre une femme seule, être mère, travailler, manger ; tout est compliqué, tout est politique. Et quand le caractère de chacun des enfants de Lala commence à s'affirmer, la situation se met à empirer sérieusement...

Intriguée par le titre et le thème, mais aussi par une littérature dont je ne connais rien, je me suis lancée pleine d'enthousiasme dans cette lecture. Les premières pages se lisent aisément, l'écriture est simple et fluide. Mais très vite, l'atmosphère se fait pesante. Lala fait travailler ses enfants pour qu'ils se nourrissent (y compris les plus petits). "Fourrez-vous bien ça dans le crâne : celui qui ne travaillera pas ne mangera pas non plus." Quand ils désobéissent, ou se montrent insolents, ils sont battus. Cette mère, qui inspire la pitié et la compassion dans les premières pages, se révèle en fait dure, froide, calculatrice, destructrice. J'ai eu beaucoup de mal avec les scènes qui montrent les enfants dans la plus grande misère sociale ou psychologique. Tous développent peu à peu des maladies, physiques ou mentales. Tous sont brisés, malmenés par un destin qui ne semble voué qu'à la fatalité, qu'à l'échec.

Le roman n'omet pas d'aborder tout le contexte politique du moment, avec son lot de violence et de propagande maoïste. J'ai ainsi appris que les "intellectuels" (les jeunes ayant un certain niveau d'études) étaient envoyés à la campagne -parfois de manière définitive. Une forme de "rééducation" par l'exil et le travail des champs... Mais à moins de bien connaitre l'histoire contemporaine de la Chine, je doute que le lecteur lambda ne se retrouve pas comme moi ; un peu perdue et parfois étourdi par les nombreux renvois aux notes de fin d'ouvrage - pas toujours simples à suivre.

Je dois vous dire que je ne sais pas vraiment quoi penser de ce roman. Je suis contente d'avoir découvert un monde qui m'était totalement étranger et en même temps, j'ai été soulagée de refermer ce livre. En fait, tout au long de ma lecture, j'ai ressenti une sensation d'attraction-répulsion. J'ai été à la fois poussée par l'envie de connaitre l'avenir des personnages et craintive quant à leur sort, que j'ai pressenti funeste. Si la fin offre une mince lueur d'espoir concernant Dong'er, une des filles de Lala les plus en rupture avec son éducation, l'ensemble laisse un goût amer. de cette fratrie si atypique de huit enfants, peu s'en sortent. Et nous, lecteur, n'en ressortons pas non plus indemnes, c'est certain.

http://manoulivres.canalblog.com/archives/2014/11/09/30920988.html
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Après "Balzac et la petite tailleuse chinoise", magnifique récit, je poursuis, quasi sonnée, la "découverte" d'une Chine pour ainsi dire contemporaine.
Ce récit, nettement moins poétique que celui de la petite tailleuse, se déroule lui aussi entre 1964 et 1989, dans un village rural, en Chine. Il y est à nouveau question de la Révolution culturelle, dans le monde brutal de la campagne profonde.
Et pourtant, des moments de bonheur, parfois.
J'ai beaucoup aimé l'écriture, le ton, l'histoire.
Et puis admettre que je découvre là un univers, une façon de vivre tellement méconnus...
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Le style de Chi Li est particulièrement acerbe et j'avoue avoir été surpris par ce mélange subtil d'humour noir, d'ironie et de réalisme sans fioritures.
L'Amour Maternelle y est traité sous la forme la plus crue... ce qui ne peut laisser indifférent.
La narration mêle adroitement une histoire familiale à l'Histoire du pays (les notes de traduction sont indispensables et bien fournis) et l'on se laisse rapidement entrainé par le fil des événements.
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Avec Triste vie, on connaissait Chi Li, auteure connue pour être une figure de proue du néo-réalisme chinois ...
Revoici dame Chi Li avec Tu es une rivière.
Et c'est pas plus gai que Triste vie, l'auteure ne renie pas son étiquette : Lala se retrouve veuve à trente ans, affligée de 7 gamins et c'est la dure et sordide vie de cette famille de la Chine profonde qui nous est contée ici, du début des années 60 à la fin des années 80.
En chinois, l'idéogramme qui signifie population représentait (avant la simplification de l'écriture) ... une bouche à nourrir !
La prose de Chi Li est toujours aussi simple, claire et fluide (les 200 pages défilent presque aussi vite que le minuscule Triste vie).
Elle convoque d'un ton très égal les menus soucis et les grand drames, les brosses à dents et les puces ou les poux, les amours folles et les morts cruelles. Bref, la vie, toute la vie et rien qu'elle.
Comme dans l'opuscule précédent, on retrouve ici aussi les enfants au centre du roman (et il y en a !). Ils ne sont pas qu'un décor et les relations parents/enfants sont décortiquées sous le scalpel de Chi Li, et c'est plutôt rude.
Dans cet intéressante histoire de la famille de Lala, c'est aussi plus de trente ans de l'histoire contemporaine chinoise qui défilent avec les années de la Révolution Culturelle et la ruralisation forcée, tous ces événements qui n'en finissent pas de hanter la littérature chinoise.
Des événements sur lesquels Chi Li porte un regard presque nostalgique, comme d'ailleurs on avait déjà pu le relever dans Triste vie.
Des événements vus par le petit bout de la lorgnette, depuis une petite ville de province (une écume qui témoigne ainsi de la violence de ces vagues de fond qui ébranlèrent ce pays gigantesque et son milliard d'habitants).
L'écriture facile et rapide de Chi Li accentue le mouvement : le torrent de la vie emporte tout sur son passage, certains se retrouveront abandonnés sur la rive, d'autres finiront noyés ou brisés sur les rochers, mais le flot tumultueux poursuit inexorablement son chemin, emportant avec lui ceux qui auront survécu.
La rivière de la vie c'est aussi l'histoire récente de la Chine : un pays démesuré et son innombrable peuple qui auront dévalé en moins de trente ans la route chaotique que nous avons mis plus d'un siècle à parcourir.
Comme celle de la vie, cette rivière-là n'aura pas été un long fleuve tranquille.
Triste vie prolonge ce flot en décrivant « la suite », les années 80/90, l'industrialisation et la modernité.
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Lu dans le cadre du défi "Une année asiatique" lancée par Ev3 sur sa chaîne Youtube.

Ce court roman trace en parallèle le destin funeste d'une mère courage, dure, âpre, et de ses 8 enfants et les grands événements et bouleversements de la Chine, celle de la révolution culturelle, de Mao, des intellectuels envoyés en rééducation à la campagne, de l'arrivée de la modernité occidentale (électricité, eau courante ...).
Lala devient veuve jeune, enceinte de son huitième enfant. Son quotidien devient celui de la débrouillardise, les plus grands enfants travaillant à ses côtés ou gardant les enfants les plus petits, la jeune femme éconduit curieux et amoureux étranges, lutte contre la faim. C'est un quotidien violent, triste et parfois vulgaire que nous conte Chi Li, grande spécialiste du genre réaliste. le portrait de cette famille est sans concession et brutal. Je salue la présence des notes à la fin de l'ouvrage permettant d'apprécier les références historiques, culturelles et d'entrer en meilleure compréhension avec le texte.

Défi "Les 1001 nuits", #3 Ecrivain femme, héroïne
https://www.youtube.com/watch?v=Rj0iZE5SX8c&t=3s
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