Citations sur Une ville à soi (28)
Le temps est le seul et unique critère de la vérité.
Le rire efface les ressentiments. (...) Le rire amène le rire. (p. 89)
Par bonheur, à force de travailler d'arrache-pied, Fengchun avait commencé à prendre goût à ce qu'elle faisait. Oui décidément il n'y a pas de sot métier, il n'y a que de sottes gens. (p. 39)
Ces rues, ce sont celles de sa belle-mère, les siennes et celles de son fils. Elle les connaît si bien qu'elle ne saurait ressentir la moindre peur, elle se sent chez elle au contraire. Seule la mort lui fera quitter cet endroit. (p. 97)
Au début ils se taisaient, puis progressivement, leurs regards se sont discrètement croisés, ils se sont mis à se parer à doucement et à se lancer de temps en temps des sourires de connivence. Et finalement, ils se sont réfugiés dans un monde rien qu'à eux.
Tous ces clients qui ne savaient pas ce qu'était le respect et qui se contentaient de lever bien haut leurs chaussures, le regard tourné vers le ciel, avant de vous balancer l'argent, ne méritaient pas qu'on les traite comme des êtres humains. Fengchun faisait son travail avec soin, sans jamais lever les paupières, et tandis qu'elle cirait les chaussures, il émanait d'elle une beauté froide. Dans tout métier on peut atteindre la perfection. Finalement en ce monde, il n'y a pas de choses viles, il n'y a que des gens vils. (p. 24)
Elles posèrent leur regard au loin sur le Yangsi, sur le pont qui l'enjambe, sur chaque îlot de verdure, sur chaque bateau. Face à l'immensité du monde, tout devient tranquille et serein. Quand on a le coeur lourd, regarder ainsi à l'horizon vous procure un grand réconfort. (p.187)
C'était une femme plutôt jolie. Mais après huit années passées dans l'armée, une femme, si belle soit-elle, n'a plus rien à voir avec le commun des mortels. Elle parlait d'une voix puissante et chaleureuse, le visage souriant. Mais dès qu'elle était en colère, elle fronçait les sourcils, le regard dur, tel un guerrier prêt au combat.
Quand la parole des femmes se libère, c'est comme des pigeons dont on aurait ouvert la cage en grand et qui s'envoleraient en nuées très haut dans le ciel, puis qui feraient soudainement demi-tour avant de tournoyer autour d'un point fixe : elles reviennent toujours au même sujet, la vie. (p. 149)
Maintenant, elle observait les couples avec beaucoup de bienveillance : que deux êtres parviennent à se rencontrer dans cette multitude d'hommes et de femmes lui paraissait bien difficile. Certes, la routine quotidienne peut paraître ennuyeuse, mais il ne faut qu'un instant pour se quitter comme pour se mettre ensemble, et une fois qu'on est séparés, c'est pour toujours.