«
Il est des hommes qui se perdront toujours» de
Rebecca Lighieri
Ce roman débute par une interrogation «Qui a tué mon père ?» celui qui pose cette question est le narrateur du roman, Karel. Karel est un garçon qui vit avec sa famille, son père Karl, sa mère, sa soeur Hendrika et son petit frère Mohand, dans les quartiers Nord de Marseille, la cité fictive
Antonin Artaud, à proximité d'un bidonville où vivent des gitans sédentarisés. Les enfants et leur mère subissent les violences physiques du père, alcoolique et drogué, pratiquant des «petits deals foireux». Les coups, les injures pleuvent sur ces enfants et, en particulier, sur le plus jeune, Mohand, enfant handicapé qui fait preuve d'une force mentale extraordinaire qu'il renforcera en grandissant, p 176 «La plupart des gens en reste à ce qu'ils voient : un garçon malingre et presque paralysé par la timidité, sauf qu'il n'est pas timide. Il faut être vaniteux pour être timide, et Mohant est dépourvu de toute vanité. Il est juste particulièrement prudent et réfléchi, ne parlant que "lorsqu'il est sûr de son fait. Mon père lui à si souvent fait fermer sa gueule à coups de poing qu'il préfère observer, écouter, et se taire.»
Les enfants n'ont qu'un objectif : échapper à la violence de leur père, tout en nourrissant une haine aussi violente que les coups reçus «p 42 : Dans mon coin, je sens monter en moi une haine puissante et indistincte.»
Nous suivrons l'évolution de cette famille, des années 80 à celles de 2000. Karel grandit et élargit son périmètre d'action. Au départ, celui du" passage 50," le bidonville des gitans où il se fera des amis , pour ensuite explorer et découvrir Marseille qui devient, aussi, un personnage du roman.
L' auteur nous décrit crûment un milieu social chaotique, violent, noir, vulgaire, qui nous ramène au réel et au monde, au monde d'Artaud, dont le titre est tiré.
Karel , comme son frère et sa soeur qui deviendra une star de cinéma, n'auront de cesse d'échapper à leur destin. Karel aura-t-il la tentation, comme son père, de pulsion de violence ? de cette lecture, il est difficile de sortir indemne. Pour ma part, j'ai eu du mal avec ce roman très noir. le roman noir, en général, n'est pas ma tasse de thé, qui plus est lorsqu'il s'agit de thé noir.