La 4ème de couverture :
« L'automne. J'y décelais une invitation inédite à remettre à l'heure les aiguilles de mon présent. Après l'hiver, plus rien ne serait jamais figé. »
Un étudiant sans véritables attaches, plus enclin à rêver sa vie qu'à la vivre, se prend la réalité de plein fouet quand sa tante lui révèle les circonstances précises du suicide de sa mère un matin de septembre gare de Lyon. Il avait six ans alors. Cette annonce l'expulse de son quotidien immobile et l'ébranle : mais que faire d'une vérité pareille ? Chercher à la comprendre en rencontrant quelques vieilles amies qui ont connu sa mère à l'époque ? Chercher à s'en éloigner en franchissant une frontière, celle de la boîte du Hangar, où les fantasmes de garçons s'assouvissent enfin loin et tard dans la nuit ?
Tout est soudain possible ou nécessaire dans ce Paris qu'il traverse comme on traverse le passé. Il est peut-être temps de quitter les nuits imaginaires et d'avoir le courage de se jeter « pour la beauté du geste, la tête la première dans le grand bain ».
Mon avis:
J'ai lu "
La nuit imaginaire" d'
Hugo Lindenberg en tant que membre du jury "Coup de coeur des lectrices" de Version Femina.
Et j'ai eu un véritable coup de coeur !... Non pas pour le roman que je n'ai que moyennement apprécié mais pour son auteur. J'ai savouré - et le terme n'est pas excessif - son écriture littéraire, recherchée, intelligente, très poétique, basée sur un vocabulaire riche et juste.
Hugo Lindenberg sait magnifiquement écrire, a le sens de la formule et fait preuve d'une sensibilité inouïe. Quel talent !
Je ne résiste pas au plaisir de partager quelques extraits :
"Une exquise éternité à me laisser bercer par les percussions studieuses, dont je dresse aussi la liste pour en fixer la partition : l'impact de la mine de crayon sur la feuille double perforée, la rivière d'earl grey de la théière à la tasse,la morsure d'une agrafe dans la chair épaisse du papier..." (p.18)
"Il fait bleu dehors ce matin." (p.28)
"L'angoisse est un ours noir qu'il faut chasser à force de rires et de cris, sinon il revient poser sa patte sur toi et tu ne peux plus bouger." (p.72)
Le roman, quant à lui, m'a moyennement plu.
Pourtant, d'emblée, j'ai trouvé le sujet très intéressant : la découverte du passé, et notamment le suicide d'un proche, avec l'évocation des répercussions psychologiques qu'a cette découverte sur le personnage.
Malheureusement, je suis passée un peu à côté.
Les scènes répétitives relatant les errances et expériences (sexuelles) nocturnes du protagoniste m'ont en peu ennuyée. J'ai bien conscience que c'est une volonté de l'auteur afin de représenter l'état d'esprit, l'ennui, la quête du narrateur, avec un récit aussi confus que l'esprit de celui-ci, mais je n'ai pas été conquise.
Les chapitres m'ont paru décousus et certains ne me semblaient pas apporter grand-chose à l'errance du narrateur.
De plus, je m'attendais à des révélations sur le suicide de sa maman, mais ce ne fut pas le cas. On reste face à des hypothèses, et je suis donc restée un peu sur ma faim à ce niveau-là. Même si c'est sans doute volontaire aussi de la part de l'auteur - cette "nuit imaginaire" étant un espace temps extensible où coexistent désir et mort ; une fois le livre reposé, je me suis demandée où il avait voulu en venir.
Bref, si la lecture de ce roman a été pour moi une expérience très agréable, c'est essentiellement grâce à sa qualité stylistique. Et je ne le recommanderais donc pas à tout le monde...