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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Le passé c'est comme l'étranger, ce n'est pas une question de distance, c'est le passage d'une frontière ».
Cette citation de Chris Marker ouvre le roman d'Hugo Hindenberg, lequel propose au lecteur, dans ce récit, d'explorer avec lui , cette ligne imaginaire qu'est la frontière, entre aujourd'hui et hier.
Cet hier n'est pas innocent, il est tout entier inscrit dans le souvenir d'une disparition. A six ans, la mort de la mère c'est d'abord le creux de son absence. L'auteur nous fait entrer dans ce que cette absence est devenue quinze ans après: une empreinte indélébile hantée de questions dans un présent qui en devient fantomatique.
le récit se présente comme une errance poétique dans ce temps suspendu: « Je ne porte plus de montre » dit le narrateur pour commencer son histoire et nous y emmener. Il suffit donc d'un automne et de l'anniversaire de la mort pour passer la frontière, entrer dans la réalité de ce suicide et transformer les questions non formulées en quête active. Faire revivre ce temps de la mort, en percer le mystère, donner aux derniers moments de celle qui n'est plus, la réalité d'un présent.
La force du récit tient à la mise en abîme de cette recherche dans le fil échevelé des jours, des nuits, du narrateur. Il y a dans sa quête d'une rencontre et d'un amour, quelque chose de désespéré qui porte la trace d'une autre recherche, plus silencieuse.
J'ai aimé l'écriture poétique et légèrement tortueuse, dans une distance un peu onirique, le narrateur m'a paru proche, jusqu'à me souvenir du petit garçon de la plage du précédent roman, j'ai lu celui ci comme un écho au précédent. Il n'est pas si fréquent que la lecture d'un livre vous réconcilie avec un autre récit.
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La 4ème de couverture :

« L'automne. J'y décelais une invitation inédite à remettre à l'heure les aiguilles de mon présent. Après l'hiver, plus rien ne serait jamais figé. »

Un étudiant sans véritables attaches, plus enclin à rêver sa vie qu'à la vivre, se prend la réalité de plein fouet quand sa tante lui révèle les circonstances précises du suicide de sa mère un matin de septembre gare de Lyon. Il avait six ans alors. Cette annonce l'expulse de son quotidien immobile et l'ébranle : mais que faire d'une vérité pareille ? Chercher à la comprendre en rencontrant quelques vieilles amies qui ont connu sa mère à l'époque ? Chercher à s'en éloigner en franchissant une frontière, celle de la boîte du Hangar, où les fantasmes de garçons s'assouvissent enfin loin et tard dans la nuit ?

Tout est soudain possible ou nécessaire dans ce Paris qu'il traverse comme on traverse le passé. Il est peut-être temps de quitter les nuits imaginaires et d'avoir le courage de se jeter « pour la beauté du geste, la tête la première dans le grand bain ».

Mon avis:

J'ai lu "La nuit imaginaire" d'Hugo Lindenberg en tant que membre du jury "Coup de coeur des lectrices" de Version Femina.

Et j'ai eu un véritable coup de coeur !... Non pas pour le roman que je n'ai que moyennement apprécié mais pour son auteur. J'ai savouré - et le terme n'est pas excessif - son écriture littéraire, recherchée, intelligente, très poétique, basée sur un vocabulaire riche et juste. Hugo Lindenberg sait magnifiquement écrire, a le sens de la formule et fait preuve d'une sensibilité inouïe. Quel talent !

Je ne résiste pas au plaisir de partager quelques extraits : 
"Une exquise éternité à me laisser bercer par les percussions studieuses, dont je dresse aussi la liste pour en fixer la partition : l'impact de la mine de crayon sur la feuille double perforée, la rivière d'earl grey de la théière à la tasse,la morsure d'une agrafe dans la chair épaisse du papier..." (p.18)

"Il fait bleu dehors ce matin." (p.28)

"L'angoisse est un ours noir qu'il faut chasser à force de rires et de cris, sinon il revient poser sa patte sur toi et tu ne peux plus bouger." (p.72)

Le roman, quant à lui, m'a moyennement plu. 

Pourtant, d'emblée, j'ai trouvé le sujet très intéressant : la découverte du passé, et notamment le suicide d'un proche, avec l'évocation des répercussions psychologiques qu'a cette découverte sur le personnage. 

Malheureusement, je suis passée un peu à côté.

Les scènes répétitives relatant les errances et expériences (sexuelles) nocturnes du protagoniste m'ont en peu ennuyée. J'ai bien conscience que c'est une volonté de l'auteur afin de représenter l'état d'esprit, l'ennui, la quête du narrateur, avec un récit aussi confus que l'esprit de celui-ci, mais je n'ai pas été conquise. 

Les chapitres m'ont paru décousus et certains ne me semblaient pas apporter grand-chose à l'errance du narrateur.

De plus, je m'attendais à des révélations sur le suicide de sa maman, mais ce ne fut pas le cas. On reste face à des hypothèses, et je suis donc restée un peu sur ma faim à ce niveau-là. Même si c'est sans doute volontaire aussi de la part de l'auteur - cette "nuit imaginaire" étant un espace temps extensible où coexistent désir et mort ; une fois le livre reposé, je me suis demandée où il avait voulu en venir.

Bref, si la lecture de ce roman a été pour moi une expérience très agréable, c'est essentiellement grâce à sa qualité stylistique. Et je ne le recommanderais donc pas à tout le monde...
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Après un premier roman « Un jour ce sera vide » où nous suivions un petit garçon durant tout un été en Normandie, ce nouveau roman nous plonge dans la tête d'un jeune homme de vingt ans à la dérive, qui découvre que sa mère, morte il y a quelques années, s'est en fait suicidée.
Il va alors se lancer dans une double quête : la quête de la vérité sur l'histoire de sa mère et la découverte de son désir pour les garçons qui vont peupler ses nuits parisiennes.
Au hasard de la découverte d'une vieille photo tombée d'un livre, il va découvrir tout un pan de l'histoire de sa mère qu'il ignorait. Cela va le mener à rencontrer d'anciennes amies de cette dernière. Auprès d'elles il va essayer de mieux comprendre qui elle était ainsi que les raisons de son suicide. Il devra se satisfaire du fait de ne pas trouver une réponse absolue mais d'avoir une multitude de fictions portées par les personnes qu'il rencontre.
La nuit pour lui est essentiellement le moment où sa mère s'est suicidée. Il décide alors de rester éveillé et de multiplier les errances nocturnes comme pour recouvrir cet évènement tragique mais également l'approcher d'une autre manière. Ses errances le mènent dans les rues de son quartier ou au « Hangar », un club du Marais où il observe les hommes et essaie de faire des rencontres .
La nuit devient un territoire d'exploration lui permettant de tenter des expériences nouvelles, de tester sa sexualité avec parfois une cruauté enfantine. Durant ces moments, il mélange ses fictions et la réalité qu'il tente d'intégrer car la nuit est un espace où il peut être au présent, il peut davantage observer sans être pris dans le flux de la journée. C'est pour lui un ultime moment de respiration avant de retourner dans une vie d'adulte plus construite.
Tout comme dans notre vie il y a de nombreux petits évènements, souvent des rencontres, qui sont déterminantes, dans ce récit, on revient sur ces minuscules moments de la vie qui vont avoir des effets durables sur ce que va devenir le narrateur.
Dans ce nouvel opus, Hugo Lindenberg nous livre un vertigineux récit d'apprentissage, sombre, explicite et fiévreux mais aussi une réflexion sur le deuil. le vocabulaire est riche et la syntaxe élaborée. le narrateur nous entraîne dans une quête vibrante à la complexité déroutante.


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Si La nuit imaginaire peut être vu comme le roman du désir et de la sensualité, il est aussi celui de la renaissance. Renaissance d'un jeune homme, dont on devine qu'il a vécu en apnée depuis la mort - le suicide - de sa mère, et qui sort enfin la tête de l'eau. Cette renaissance, elle passe avant tout par le contact avec les autres, par le fait d'accepter de prendre des risques, d'échanger sincèrement, d'aimer et de désirer.

Le personnage est touchant, à la fois timide et brutal, conscient de sa dureté qui s'estompe au fil du temps, comme une mue, une carapace qui change de nature.

L'écriture est élégante, plutôt pudique au vu des nombreuses scènes qui évoquent la sexualité, pour un récit initiatique qui passe réellement de l'ombre à la lumière.
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P 28 . Je déchire en tout petits morceaux les pages écrites hier dans l'ivresse de mes attentes, afin de rendre indéchiffrable le puzzle de mes désirs, et j'en laisse fondre quelques miettes dans le thé qui me brûle les doigts à travers la porcelaine.

Aïe
belle écriture pourrait on dire, me vient plutôt l'image d'un écrivain qui s'écoute écrire au point d'oublier la compréhension d'un lecteur pas toujours attentif à ces longueurs romanesques.

Un peu plus loin : je quitte mon studio un pied congelé après l'autre entre les flaques de boue durcie réchauffé par l'idée de moi même me regardant partir depuis la fenêtre.

Aïe
trouvaille d'auteur que de s'imaginer un double fin connaisseur du premier moi, ou sans aller jusqu'au dédoublement de personnalité psychotique reflet d' un narcissisme envahissant.

Bref, ces mises en mégarde un peu trop rapidement énoncées, la nuit imaginaire se partage en deux quêtes.

Celle d'un jeune de 20 ans en recherche de lui même, qui suis je et que vaux je. Quant à que ferai je cela viendra plus tard pour peu que cela vienne, le bonhomme sans aucune conscience politique ayant pour le moment tendance à vivre au jour le jour guidé par ses gonades, pardon envies du moment. Merci de ne pas trop détailler les déambulations homosexuelles ni tenir un catalogue faisant figure de marché abondamment fourni.

Deuxième quête, une tante lui ayant dit que sa mère s'était doublement suicidée, médicaments et rail de train, à défaut de pas congelés ( p 28 ), notre jeunot retrouve les traces du dernier parcours de la maman comme si prendre un même chemin menait au même endroit. Idem, les quelques connaissances maternelles interviewées parleront plus d'elles même que des explications, y'en a pas.

Recherche internet. Hugo Lindenberg, un premier livre où il avait dans les dix ans, ici nous en sommes à 20, l'auteur ayant parlé d'une triade et ayant à ce jour 45 ans, il abordera probablement les quarante, bon âge pour un premier bilan de vie. 20 ans pour se construire de 0 à 20, qui suis je, et 20 ans pour faire, où j'en suis.

La nuit imaginaire.
Un livre n'étant pas suffisamment dans le partage.
Une écriture telle une flânerie teintée d'ennuis 
Une impression de flou voulu par un auteur ne cherchant pas à tout comprendre et taisant à souhait.

Remarque.
Le suicide s'inscrit dans une histoire générationnelle et rester scotché aux déclencheurs de la dernière ligne droite, n'éclairera guère.
Souhaitons au jeunot de ne pas trop cultiver un dédain égocentrique.
A chaque lecteur ses goûts.

La phrase de la fin ainsi que j'aime à les citer. Aîe, j'ai craint un assis à même le sable, je regarde la mer au loin.
Et nous avons : J'ai enlevé ma veste, mes chaussures, ça sentait les vieux placards, une odeur de poussière et de moisi, je suis ressorti aussitôt pour marcher dans les dunes.
Aïe.
Ceci dit, j'aime bien les triades.
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Voilà le hall de gare. le narrateur d' Un jour ce sera vide transmet le relais. Il est un peu plus vieux et sa tante lui fait une révélation à propos de sa mère. Nous transgressons de l'intérieur une autre frontière. Ce n'est plus celle juste après l'enfance, mais celle juste avant l'âge adulte.

La bombe de sa tante a explosé. La nuit devient alors un territoire à explorer. Une sorte de carte du tendre version queer, faite de hangar, de ligne de métro, de bus, d'appartement bourgeois, de cité U, de chair dans tous les états, et surtout de soi. La double quête – celle de ses origines qui semble déterminer jusqu'à la possibilité de son avenir, et celle de soi, ne trouve d'exutoire que dans l'urgence de la nuit, dans la brûlure des lèvres, la chaleur des corps et les vapeurs de l'ivresse.

« Il faudra faire attention, ne pas laisser le vaste en soi prendre le dessus, cette lame de fond dont rien n'a la mesure. »

La déception ressentie par certains lecteurs du premier roman n'est pas arrivée pour moi. Je retrouve la plume aussi concise que taillée d' Hugo Lindenberg . Il est sans compromis pour son personnage parfois condescendant pour la chair qu'il consomme à la recherche de l'affection, qui a l'ambition de l'expérience, l'impertinence de celui qui n'a pas encore vécu et l'intranquillité de celui qui cherche à savoir tout en redoutant le moment où la course s'achèvera.

Si Jean Genet et Guibert sont nommés dès le début du roman et l'installent dans une lignée sans métaphore, avec la brutalité parfois de l'énergie de la jeunesse qui se frotte et se brûle les ailes, c'est Koltes qui ne m'a pas quittée. du titre, jusque dans le rythme de l'échappée dans les rues de Paris, dans la nuit comme principe structurel du récit, jusque dans ce monologue intérieur si peu interrompu, jusqu'à ce qu'il soit enfin nommé :

«  Il est là. Entre Guibert et Lagarce. Bien sagement glissé sur l'étagère. Soixante pages, à peine une phalange, pour lesquelles il a fallu descendre la rue Gay-Lussac échevelé, des anses de sac plastique cisaillant la main entre le pouce et l'index, s'arrêter chez les bouquinistes pour parfaire le décor «  La nuit juste avant les forêts ? »

Prêts pour la mèche de cheveux au vent, ou collée au bord des lèvres ?
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En cette rentrée littéraire, Hugo Lindenberg nous fait suivre un étudiant, la vingtaine, qui a perdu sa mère il y a 15 ans de cela.
Abandonné, se sentant vide, il erre dans les nuits de Paris, cherchant du réconfort auprès d'hommes qu'il rencontre dans des clubs.
Oscillant entre désir et agonie, nous nous retrouvons dans la tête de ce jeune paumé, à la recherche d'une mère qu'il ne retrouvera pas.

J'ai beaucoup aimé ce livre, la langue de l'auteur est magnifique, très poétique, érotique, presque charnelle. On se sent directement happé par le personnage principal qui m'as vraiment touché.
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La nuit imaginaire de Hugo Lidenberg est l'une des surprises de la rentrée littéraire.

On attendait un peu l'auteur au tournant pour son second livre après l'éblouissant "Demain ce sera vide" (un enfant seul chez sa grand-mère, un été, un ami soudain...).
Le héros est-il le narrateur ? La chronologie ne correspond pas et finalement peu importe. La jeunesse peut tout se permettre et donc elle se le permet. le souvenir de la mère qui a mis fin à ses jours alors qu'il n'était qu'un enfant (comme dans le roman précédent) l'obsède... Rencontres improbables dans une église ou une gare, nuits au Hangar rue aux ours, beuveries étudiantes... La mystérieuse Mona, Élie le garçon d'ailleurs, un libraire, des psychanalystes oubliées, une veuve riche portée sur le muscadet... La galerie des portraits est un exercice de style un peu décousu mais l'écriture, parfois belle à pleurer, accompagne le lecteur jusqu'à une dune finale.
Hugo L. s'est fait plaisir sans doute, mais le lecteur l'a suivi avec un peu de nostalgie sans doute pendant ces années 80 qui furent terribles et douces à la fois.
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